LE PORTEUR D’HISTOIRE – THEATRE DES BELIERS PARISIENS

PORTEUR-TDBW-e1450714034428♥♥♥♥ Par une nuit pluvieuse, au fin fond de la forêt des Ardennes, Martin doit inhumer son père. Il est alors loin d’imaginer que la découverte d’un carnet manuscrit va marquer à jamais son existence et l’entraîner dans une quête vertigineuse. Lire la suite

LE PORTEUR D’HISTOIRE – THÉÂTRE DES BELIERS PARISIENS

Le porteur d'histoire♥♥♥♥ Qu’est-ce qu’une histoire ? Appartient-elle à celui ou celle qui la vit ou peut-elle devenir aussi celle de ceux qui la racontent ou l’écoutent ? Par quel tour de magie se transforme-t-elle en vécu collectif ? Ainsi, quel lien existe-t-il entre Martin Martin venu enterrer son père au fin fond des Ardennes et ces deux femmes, mystérieusement disparues, qui vivaient au fond du désert algérien ? Lire la suite

UNE HISTOIRE D’AMOUR – LA SCALA PARIS

40x60_une-histoire-d-amour-sans-logo-tt-width-875-height-1238-fill-0-crop-0-bgcolor-eeeeee♥♥♥ La foule devant la Scala Paris tous les soirs pour découvrir « Une histoire d’amour », la dernière création d’Alexis Michalik qui s’annonce comme l’énorme succès de ce début d’année. Malgré le mètre de grillage devant moi et la scène au quart coupée (amis spectateurs, fuyez les places coursives), j’ai passé un excellent moment parce que A. Michalik sait raconter et mettre en scène les histoires comme personne. Mais non, je n’ai ni ri aux éclats, ni essuyé de larmes, ni traversé « des torrents d’émotion » comme vu, lu, entendu ici et là. Juste passé un très bon moment à plonger dans une histoire bien dans l’air du temps. Lire la suite

LE CERCLE DES ILLUSIONNISTES – THEATRE DE LA RENAISSANCE

LeCercleDesIllusionnistes-OK♥♥♥♥ En 1984, alors que se déroule le championnat d’Europe des Nations, Décembre vole un sac dans le métro. Dans le sac, il trouve la photo d’Avril qu’il trouve très jolie. Il la rappelle, ils se retrouvent dans un café pour lui rendre son sac. Il lui raconte l’histoire de Jean-Eugène Robert-Houdin, horloger, inventeur, magicien du XIXe siècle. Avril lui ouvre les portes de la salle des coffres de la BNP située sur boulevard des Italiens. Il y a plus d’un siècle, elle abritait le théâtre de Robert-Houdin… Lire la suite

INTRA MUROS – THÉÂTRE 13

p83202_10200♥♥♥♥Le charme opère. Encore et toujours. Comme à chaque fois qu’Alexis Michalik nous raconte une histoire me direz-vous. Après les succès phénomènes du Porteur d’Histoire, du Cercle des Illusionnistes, d’Edmond (tous les trois toujours à l’affiche), l’auteur-metteur en scène revient au Théâtre 13 (celui-là même qui avait lancé « Porteur d’histoire » en septembre 2012) pour présenter sa nouvelle création « Intra Muros », un huis-clos contemporain dans l’univers carcéral. Avec Michalik, rien de très compliqué au fond. Installez-vous confortablement dans votre fauteuil, attendez sagement que les lumières s’éteignent, ouvrez grand les yeux et les oreilles et laissez-vous embarquer dans un récit qui vous captivera d’un bout à l’autre.

Cinq comédiens et un musicien investissent un plateau quasi nu : mur sombre en fond de scène, trois chaises et un tapis rectangulaire scotché au sol. Richard, professeur de théâtre, accompagné de son ex-épouse et d’une assistante sociale, vient donner son premier cours en maison centrale. Il espère une bonne affluence mais seuls deux détenus se présentent : Kevin, jeune rebelle et marginal (remarquable Fayçal Safi) et Ange, la cinquantaine, plutôt taiseux et énigmatique. Ce cours de théâtre conduira les protagonistes à se livrer, à remonter le fil de leurs vies jusqu’à un final aussi inattendu que formidablement émouvant. 

Encore une fois, la « mécanique » Michalik fonctionne à plein: mise en scène épurée, fluide, rythmée où chaque geste est réfléchi, chaque déplacement utile; des comédiens-caméléons capables de passer d’un personnage à l’autre le temps d’un changement de costume, des histoires à tiroirs qui se croisent et s’entrecroisent à travers les époques et les espaces. Le puzzle se dessine comme l’araignée tisse sa toile et inexorablement, on est happé.  Je prends le pari d’une salle comble tous les soirs. ♦

Signé Elisabeth 

INTRA MUROS

Théâtre 13 Jardin, 103 A boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris (métro Glacière)

Du mardi au samedi à 20h00, le dimanche à 16h00

Jusqu’au 16 avril 2017

NOUVEAU : Reprise au théâtre de la Pépinière, 7 rue Louis-le-Grand, 75002 Paris à partir du 14 septembre 2017

Crédit photos : Alejandro Guerrero

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UN CAFÉ AVEC Arnaud Dupont, comédien

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« Ce qui me passionne, c’est la création »  

C’est dans le très chaleureux cadre de La Recyclerie, porte de Clignancourt, que j’ai le plaisir de rencontrer le comédien Arnaud Dupont. Homme de théâtre et de cinéma aux multiples casquettes (écriture, mise en scène,…), Arnaud a déjà à son actif un très joli parcours sur les planches, égrené de beaux succès du Cas de la Famille Coleman (prix du Théâtre 13) au désormais « classique » Cercle des Illusionnistes. Il s’apprête aujourd’hui à défendre une nouvelle pièce « La Reine de Beauté de Leenane » programmée au 16 au 21 février au petit théâtre Odyssée à Levallois-Perret. Vocation, parcours, projets, amour du métier, un très bel échange avec un passionné de création. Rencontre.   

Coup de théâtre : Bonjour Arnaud, où peut-on vous applaudir en ce moment ?

Arnaud Dupont : Actuellement dans « Le Cercle des Illusionnistes » qui part en tournée après 450 représentations parisiennes. Et bientôt dans la pièce « La Reine de Beauté de Leenane » qu’on présente pour la première fois au public du 16 au 21 février à Levallois-Perret et qui partira à Avignon cet été. Je partage le plateau avec Catherine Salviat, Grégori Baquet, Molière de la révélation masculine 2014 et Sophie Parel qui est également la metteur en scène. C’est une pièce que j’aime beaucoup, très bien écrite, une comédie noire irlandaise qui plonge le spectateur au cœur d’une misère sociale, affective si sombre qu’elle peut, au-delà de l’émotion, faire sourire. On est impatient de voir comment le public va l’accueillir. Dans tous les cas, à titre personnel, travailler avec une telle distribution est une expérience en soi formidable. Je pense notamment à la « grande » Catherine Salviat, sociétaire honoraire de la Comédie Française. Voir avec quelle fraîcheur et quelle humilité, une comédienne « de ce calibre », après 30 ans au Français, s’investit dans ce projet est une vraie leçon. C’est tellement agréable de voir comment on peut mûrir avec simplicité dans ce métier. En marge de mes actualités théâtre, je suis également un grand fan de cinéma. Je joue notamment dans un court-métrage « Si la photo est bonne » du réalisateur Luc Battiston (avec qui j’ai coécrit le scénario) auquel je tiens énormément et qui bénéficie actuellement d’une belle diffusion à la Cinémathèque Française.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir comédien ?

A.D. : En réalité, c’est une deuxième carrière ! J’ai commencé par être professeur des écoles pendant une dizaine d’années dans le 18ème. A l’époque, le théâtre, que je pratiquais en amateur, était déjà une passion mais cela me paraissait illusoire et presque un peu inaccessible. Et puis, je me suis professionnalisé peu à peu par des stages, des rencontres. Ma première « vraie » expérience a été un monologue de Blaise Cendrars « La Prose du Transsibérien » que j’ai joué lors d’une petite tournée dans de véritables ateliers d’artistes parisiens. Les jauges étaient petites, 15-20 personnes, mais l’expérience m’a plu et m’a surtout donné envie de me former de façon plus académique pour gagner en légitimité. J’ai intégré l’école de Raymond Acquaviva –  Les Ateliers du Sudden – que j’ai suivi pendant trois ans. Et puis peu à peu, le théâtre a pris le part sur l’enseignement. Je suis complètement professionnel depuis cinq ans. 

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Le Cercle des Illusionnistes (Mise en scène Alexis Michalik)

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours ?

A.D. : Le vrai déclencheur a été cette pièce de Blaise Cendrars. Ensuite, j’ai intégré des collectifs avec des élèves rencontrés aux Ateliers du Sudden, on a monté pas mal de spectacles avec très peu de moyens. C’est ma période saltimbanque je dirais ! (rire). Mais une période importante pendant laquelle j’ai cherché à me faire remarquer notamment dans la « jungle » d’Avignon où l’on présentait nos spectacles. C’est à cette époque également que j’ai commencé la mise en scène avec des spectacles jeune public. Et puis j’ai poursuivi avec la très belle aventure « Le Cas de la Famille Coleman » dont la mise en scène était signée par Johanna Boyé et qui a remporté le prix du théâtre 13. Je jouais ce personnage incroyable, Marito, ce type un peu fêlé, déroutant, qui fait rire autant qu’il interpelle. Et puis j’ai rejoint la distribution de la pièce d’Alexis Michalik « Le Cercle des Illusionnistes ».

Un mot justement sur le « Cercle des Illusionnistes ». Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

A.D. : Par mon réseau ! Alexis Michalik m’avait vu plusieurs fois sur scène et m’avait sollicité pour rejoindre la distribution du « Porteur d’Histoire ». Je n’étais pas disponible à l’époque mais Alexis est quelqu’un de fidèle et il a pensé à moi pour sa pièce suivante « Le Cercle des Illusionnistes », qui, pour le coup, était vraiment attendue au tournant ! Une expérience bien sûr incroyable avec ce succès énorme, et chose rare, unanime: la presse, la profession, le public. Quand les trois sont réunis, c’est magique. Je soir de la Première reste un souvenir très fort pour toute la troupe. On a tous senti sur le plateau que « la sauce prenait » au fur et à mesure de la représentation et on vraiment vibré à la fin du spectacle, après le noir, quand on a entendu le crépitement des applaudissements ! Quelle émotion ! Et puis c’est un gros plaisir de partager une aventure collégiale, pendant laquelle on oublie son ego pour se mettre au service d’un collectif. On a l’impression de ne faire qu’un. C’est quelque chose de précieux et c’est d’ailleurs le plus beau compliment qu’on nous ait fait : l’homogénéité de l’interprétation. Et il faut rendre hommage à Alexis qui n’a pas volé son succès, c’est un très gros bosseur qui n’arrête pas de travailler, de jouer, d’écrire. Il est impressionnant.

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Le Cercle des Illusionnistes

 

Qu’est ce qui vous passionne dans ce métier ? Vous déplaît ?

A.D. : Ce qui me passionne, c’est la création d’un personnage, c’est-à-dire réussir à comprendre le sens d’un projet, à en décrypter les codes et à le servir tout en restant soi-même. Il y a plusieurs approches d’ailleurs dans ce process de création qui tient généralement à la personnalité du metteur en scène. Certains partent de la nature du comédien et s’inspirent de ce qu’ils voient au plateau pour composer le personnage. D’autres, comme Alexis Michalik par exemple, vont choisir quelqu’un qui colle à ce qu’ils ont en tête pour le rôle. Ensuite, charge au comédien de voir quelle est sa marge de manœuvre pour glisser à l’intérieur de ce costume déjà « taillé ». Dans tous les cas, j’écoute, je cherche à comprendre ce que veut l’autre et je m’adapte. Une fois en plateau devant un public, l’objectif est plutôt d’oublier l’aspect purement technique des choses pour gagner en disponibilité et incarner des vrais moments de vérité. Ce qui me passionne également, c’est passer d’un univers à un autre, d’une aventure artistique à une autre sans savoir de quoi demain sera fait. C’est excitant mais ça peut être anxiogène également. Personnellement, je contrebalance cette angoisse en créant en permanence à la fois dans l’écriture, la mise en scène même si, depuis trois ans, mon activité de comédien a pris un peu le pas sur tout ça. 

Allez-vous souvent au théâtre ? Quel spectateur êtes-vous ?

A.D. : Oui, j’y vais souvent et je vois beaucoup de choses différentes car  je suis curieux. Je ne suis pas forcément bon public (rire) mais quand un univers me « parle », mon sens critique s’estompe très vite, je me laisse porter. J’aime beaucoup les spectacles de Romeo Castellucci par exemple. C’est un plasticien qui met l’esthétique au service de l’histoire. Dernièrement j’ai beaucoup aimé Andorra au Théâtre 13, mis en scène par Fabian Chappuis, avec une jeune comédienne très talentueuse Elisabeth Ventura, qui parle du rejet de la différence religieuse, un thème qui résonne aujourd’hui de manière très forte.

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Le Cas de la Famille Coleman (Mise en scène Johanna Boyé)

Avez-vous un rêve de théâtre ?

A.D. : Oui, j’ai même l’impression d’en avoir plusieurs ! A titre individuel, j’ai des rêves de collaboration avec des metteurs en scène, comme Guillaume Vincent qui a mis en scène un très beau spectacle qui s’appelle « Rendez-vous gare de l’Est », ou avec des comédiens que j’admire. Et puis des rêves plus collectifs, l’envie de contribuer à l’accomplissement de projets ou des personnes avec qui j’ai collaboré, l’envie de les accompagner là où ils/elles ont envie d’aller. En marge du théâtre, j’ai des rêves de cinéma, de mise en scène, même si les portes hélas sont beaucoup cloisonnées entre théâtre et cinéma, entre théâtre privé et théâtre public, avec parfois, et c’est regrettable, un certain mépris des uns envers les autres. C’est aussi le bémol de ce métier.

Merci Arnaud. Et si vous aviez un conseil à donner à quelqu’un qui a envie de devenir comédien ?

A.D. : Un conseil ? Difficile à dire…Je conseillerais simplement de ne pas céder trop vite à la facilité, par besoin de travail. Réussir à rester fidèle à la raison fondamentale pour laquelle on veut faire ce métier et ne pas l’oublier trop tôt.

Propos recueillis par Elisabeth Donetti 

Pour aller plus loin : http://www.arnaud-dupont.fr/

 

LE CERCLE DES ILLUSIONNISTES EN TOURNÉE

Février: le 27 à Vernon

Mars: Du 2 au 5 à Amiens, le 9 à Joué les Tours, le 12 à Herblay, le 15 à Sion.

Avril: Le 7 à Cahors, le 19 à Ajaccio, le 21 à Bastia, le 29 à Cholet

Mai: Le 13 à Thuir

LA REINE DE BEAUTÉ DE LEENANE

Du 16 au 21 février à 20h30 (16h le dimanche) au petit Théâtre Odyssée (Levallois-Perret)

UN CAFÉ AVEC David Roux – directeur publication et responsable communication des Théâtres Parisiens Associés

1506581_970566599640087_7093342689131215636_nFlash back au coeur de l’été. 24 juillet dernier, pas de café en terrasse exceptionnellement mais un rendez-vous téléphonique avec David ROUX, directeur de la publication et responsable communication des Théâtres Parisiens Associés. Trois mots qui cachent une belle aventure au service du théâtre privé. Vocation, mission et enjeux des Théâtres Parisiens Associés, David Roux nous dit tout !

Bonjour David, pourriez-vous nous présenter le réseau des Théâtres Parisiens Associés (TPA) ?

David Roux : Théâtres Parisiens Associés est une enseigne commerciale grand public, créée en 2010, qui regroupe à ce jour 55 théâtres privés parisiens, tous adhérents de l’Association pour le Soutien du Théâtre Privé (ASTP), qui existe depuis 1964. Un mot sur cette association qui a pour rôle principal de soutenir la création de spectacles, les emplois artistiques ou techniques et ainsi de permettre aux théâtres de produire leurs spectacles et de continuer à être indépendants. L’association perçoit une taxe fiscale et organise ensuite un système de redistribution solidaire entre les différents théâtres privés du réseau, via la gestion d’un fonds de soutien. Schématiquement, c’est un système de mutualisation des risques qui permet aux succès des uns de financer, sinon d’amortir, les échecs des autres.

Quelle est la vocation du réseau TPA ? Et ses objectifs ?

D.R : La vocation de notre réseau, c’est d’apporter une réponse collective aux enjeux des théâtres privés aujourd’hui et notamment de lutter contre la montée en puissance d’un certain nombre d’opérateurs de billetterie. Depuis le début des années 2000, c’est vrai qu’un certain nombre d’acteurs dans ce domaine ont commencé à prendre énormément de poids, parfois trop et parfois au détriment des théâtres eux-mêmes. Il y a donc eu cette volonté commune d’essayer de sortir de la dépendance de ces billetteries en ligne et de communiquer davantage et collectivement sur Internet, en partant de l’idée qu’on est plus fort à 55 que chacun dans son coin. Cela nous a amenés à créer ce portail commun, qui est tout simplement une vitrine de la programmation des 55 théâtres du réseau. Notre rôle : offrir un maximum de visibilité à nos théâtres via notre site web et donner envie aux internautes de réserver. Il faut bien préciser que chaque théâtre reste maître de sa programmation, de ses choix artistiques, de sa politique tarifaire et que TPA n’est pas une entité qui émet de la billetterie… Concrètement, lorsqu’on clique sur le bouton « RÉSERVER », l’internaute est redirigé vers la billetterie du théâtre concerné. Dans tous les cas, on est à un moment où, les directeurs de nos théâtres ont bien compris que le théâtre et le numérique ne sont pas des forces contradictoires mais bien au contraire des forces complémentaires. Beaucoup sont désormais persuadés qu’Internet est un formidable outil à leur disposition pour mettre en avant leur spectacle et attirer du monde.

Pourquoi avoir baptisé le réseau « Théâtres Parisiens Associés » ?

D.R : D’une part, pour s’affranchir de la sémantique « théâtre privé » qui fait référence à un système économique mais dont le public n’a pas forcément conscience ou connaissance et d’autre part pour éviter d’utiliser le mot « privé » pour parler de lieux dont la vocation est d’accueillir du public !

741ae6045d1ad5d5004049725a5dc8b6Quelles valeurs théâtrales défendez-vous aujourd’hui ?  

D.R. : A travers notre réseau, nous défendons bien sûr des valeurs de qualité mais avant tout des valeurs d’éclectisme et de diversité. Tous nos théâtres possèdent leur propre ligne éditoriale ce qui rend l’offre très variée : certains sont spécialisés dans la comédie ou le one man show, d’autres proposent un théâtre plus exigeant, moins purement divertissant, comme le théâtre de l’Œuvre ou le théâtre de l’Atelier. Dans tous les cas, notre position n’est pas d’influer sur la programmation des théâtres car nous défendons leur indépendance.

Le réseau dispose de 55 théâtres à ce jour. Quelles sont les conditions d’adhésion pour un théâtre ? Y a-t-il  des contraintes (taille, répertoire, capacité…) ?

D.R : D’abord, le théâtre doit en faire la demande auprès de l’ASTP. Puis, lorsqu’on est adhérent à l’ASTP et qu’on est une salle parisienne, on intègre automatiquement le réseau TPA. Parmi les critères d’adhésion principaux, il y a le fait que nos théâtres doivent produire plus des trois quarts des représentations données chaque année. Nos théâtres ont donc tous en commun d’être des théâtres producteurs, contrairement à d’autres théâtres d’économie privée, qui, eux, se contentent de louer leur espace. Ensuite, le théâtre ne doit toucher aucune subvention publique et, bien sûr il doit aussi impérativement respecter toutes les normes de sécurité, d’accueil du public ainsi que les conventions collectives, qu’il s’agisse des statuts et droits des techniciens, des salariés administratifs ou des artistes. Quand des comédiens se produisent sur scène, ils doivent tout à fait normalement toucher un salaire. Ils ne doivent pas payer pour jouer comme cela arrive parfois dans certains petits « théâtres ». Par ailleurs, il y a des obligations d’emploi permanent de personnel administratif et de personnel technique liées à la jauge du théâtre, c’est-à-dire à la capacité d’accueil du public. Par exemple, une salle avec une jauge de 800 places va devoir compter dans ses effectifs deux techniciens permanents et deux administratifs. Evidemment, selon les besoins de chaque spectacle, il peut y avoir plusieurs techniciens supplémentaires employés par le théâtre comme intermittents. Ces exigences d’emploi permanent varient selon la jauge des théâtres. 

Campagne d'affichage septembre 2014

Campagne d’affichage septembre 2014

De quels outils de communication disposez-vous pour offrir de la visibilité au réseau ?

D.R : Il faut préciser avant tout que nous avons des moyens limités et qu’il faut faire nécessairement des choix. Pour faire simple, tout est exclusivement concentré sur notre site web et nos réseaux sociaux. On tente de trouver des alternatives qui ne sont pas trop « gourmandes » financièrement parlant. On a développé par exemple un partenariat avec le journal Le Parisien et son club d’abonnés. On essaye de développer des partenariats avec des blogs théâtre et/ou des blogs culturels. En revanche, pour certains évènements importants, comme le lancement de notre nouveau site web en mai 2014, nous avions diffusé une grande campagne d’affichage dans le métro, noué des partenariats médias avec des supports comme Les Echos, Télérama, Le Parisien. On s’est donné des moyens exceptionnels qu’il est malheureusement impossible, du moins difficile, de mobiliser chaque année.

Parlez-nous justement de cette refonte complète du site web en mai 2014. Quels ont été les changements majeurs ?

D.R : Quand nous avons décidé de refondre notre site web, il avait déjà quatre ans et commençait à être obsolète. Il n’était pas en vérité conçu et tendu vers un but commercial. L’objectif de cette refonte a donc été, sans se départir de l’aspect qualitatif du site, de flécher davantage vers une efficacité commerciale tout en maintenant l’attractivité et la richesse de notre offre (100 à 150 spectacles sont proposés en permanence dans le réseau). Concrètement, on a privilégié l’affichage de grands visuels, cherché à développer une navigation spontanée, intuitive et bien sûr valoriser les offres promotionnelles. Il a fallu d’ailleurs être didactique, pédagogique auprès des directeurs de théâtre et leur démontrer que la vocation commerciale d’un site web n’était pas une maladie honteuse ! Dans tous les cas, ce qui est très encourageant, c’est que cela s’est traduit par des chiffres en constante augmentation. On naviguait autour de 850 000 visiteurs uniques en 2014. A partir de février 2015, on a enregistré une progression située entre + 25% et + 60% par rapport à l’année précédente à la même époque ! Aujourd’hui, on comptabilise 80 000 à 100 000 visiteurs uniques par mois et on vise le million de visiteurs uniques pour l’année 2015 ! Globalement, les courbes de fréquentations de notre site suivent exactement la courbe de fréquentation des salles, c’est-à-dire des pics sur la période septembre-décembre, une grosse baisse en janvier, un regain entre février et avril puis un reflux à partir de mai et sur la période estivale. Mais notre travail est de continuer au jour le jour à enrichir le contenu du site et améliorer son efficacité commerciale.  

Et connaissez-vous le taux de réservation ?

D.R : Malheureusement non ! C’est une donnée très importante que l’on cherche à obtenir mais on ne dispose pas encore des chiffres, pour la bonne et simple raison que lorsque l’internaute clique sur le bouton « RÉSERVER », il est redirigé vers la billetterie du théâtre et que, à ce jour, aucun des trois gros logiciels de billetterie utilisés par nos théâtres n’est en mesure de fournir ce type de statistiques. C’est très frustrant de ne pas pouvoir tracer ces statistiques même si on a bon espoir de les récupérer un jour ! Je peux vous confirmer en revanche que le trafic généré par le site est très qualifié car le taux de clics sur le bouton « RÉSERVER » est de l’ordre de 34% – 37% en moyenne, ce qui est très satisfaisant !

Au quotidien, comment fonctionnez-vous ? Quels sont les domaines d’action ? Y a-t-il une équipe dédiée ?

D.R : Nous sommes une équipe réduite et très souple. Au quotidien, nous travaillons avec une agence web qui met à disposition un web manager chargé du référencement, des développeurs et des community managers en charge d’animer nos réseaux sociaux. Dans ce domaine, le travail effectué commence à porter ses fruits par exemple avec plus de  24 500 personnes qui nous suivent sur Facebook et près de 3 500 followers sur twitter.

Comédie des Champs-Elysées - membre du réseau TPA

Comédie des Champs-Elysées – membre du réseau TPA

Plus globalement, quels sont, selon vous, les enjeux du théâtre privé aujourd’hui ?

D.R : Les défis sont nombreux et existent, en réalité, depuis toujours : faire des succès, faire émerger des auteurs qui rencontreront un écho, qui trouveront leur public. Je reste persuadé que, quel que le soit le théâtre, quelle que soit l’économie du théâtre, un auteur saura rencontrer son public si la qualité, la créativité, et l’inattendu sont au rendez-vous. Les succès de Sébastien Thiery ou d’Alexis Michalik tendent à le prouver. Tout cela me donne confiance dans le public des théâtres privés qui ne réservera pas uniquement un billet pour une tête d’affiche ou une star de télé, mais saura se laisser séduire, surprendre par de nouvelles signatures ou de nouveaux univers théâtraux. Quand on va voir un Shakespeare à la Porte Saint-Martin avec Lorant Deutsch, je suis persuadé que beaucoup de personnes vont voir un Shakespeare pour la première fois et y découvrent une modernité. L’enjeu principal, c’est de faire savoir que ces pièces-là existent dans un contexte où l’offre culturelle est de plus en plus riche, de plus en plus accessible depuis son canapé sans bouger et parfois même sans payer.

Merci David. Et pour conclure, quelle est l’actualité et les projets de TPA ?

D.R : Tout simplement de continuer à communiquer le plus efficacement possible pour que nos théâtres en recueillent les fruits. Cela signifie concrètement continuer à doper la fréquentation de notre site. On réfléchit aussi à mettre en place des contenus vidéo, développer de nouveaux partenariats avec d’autres enseignes que Le Parisien … Les idées ne manquent pas, on y travaille !

Propos recueillis par Elisabeth Donetti 

Pour aller plus loin :

http://www.theatresparisiensassocies.com/

http://www.astp.asso.fr

UN CAFÉ AVEC Vincent Deniard, comédien

 

Crédit : kaarl-photography.com

Crédit : kaarl-photography.com

Le rendez-vous est pris place de la Madeleine par une belle soirée de juin. J’ai le plaisir ce soir-là de rencontrer le comédien Vincent Deniard, qui s’est illustré aussi bien au théâtre (Sunderland, Le Porteur d’histoire, Le Temps des suricates …) qu’au cinéma ou à la télévision. D’une courtoisie extrême, Vincent Deniard m’a relaté son parcours et livré ses réflexions sur son métier et ses aspirations. Dans une brasserie tranquille de la rue Duphot, rencontre chaleureuse avec un comédien authentique, amoureux de son métier et dont l’unique moteur est le plaisir de jouer. Encore et encore.

Bonjour Vincent, devenir comédien, c’était un « rêve de gosse » ? 

Vincent Deniard : Absolument ! Le déclic a eu lieu à l’âge de 12 ans : notre professeur de musique de 4ème avait monté une adaptation de West Side Story pour la fête de fin d’année du collège et m’avait confié le rôle de Tony, le personnage principal masculin. Et à ce moment précis, j’ai eu une sorte de révélation, je suis tombé amoureux du théâtre, du jeu, des costumes, des applaudissements. J’ai commencé à m’intéresser à tout ce qui touchait à l’art dramatique, j’ai lu Stanislavski, je me suis renseigné sur les formations, les écoles, le Conservatoire, etc… A 15 ans, j’ai fait mon premier stage d’été au cours Florent. Puis, après une année d’hypokhâgne au lycée Champollion de Grenoble, je me suis installé à Paris et j’ai  intégré le Cours Florent à 18 ans.

Pouvez-vous nous décrire les grandes étapes de votre parcours ?

V.D. : Après la Classe Libre du Cours Florent en 2001, j’ai eu assez vite quelques expériences de tournages, de pièces sans pour autant vivre de mon métier, comme c’est souvent le cas. Et puis en 2003, j’ai eu la chance d’être choisi par le réalisateur Cédric Kahn comme second rôle masculin dans son film Feux rouges avec Jean-Pierre Darroussin et Carole Bouquet. Cela aurait pu être un tremplin mais le film n’a pas marché, et je suis reparti presque de zéro. J’ai continué à évoluer dans le métier, à rencontrer des gens, et petit à petit j’ai commencé à faire beaucoup de théâtre, dans des projets très différents. En 2004, je joue le rôle d’un garde du corps un peu cinglé dans Si j’étais diplomate d’Alain Sachs au théâtre Tristan Bernard ; deux ans plus tard, je travaille avec Joël Jouanneau pour Claire en affaires à la Cité Internationale. Je joue aussi dans des spectacles classiques ou historiques : Le Cid au Silvia Monfort ou Ravaillac dans le Henri IV de Daniel Colas en 2010 aux Mathurins. 2011 est une année importante pour moi puisque je suis choisi par Stéphane Hillel pour jouer au Petit Théâtre de Paris le rôle de Gaven, le hooligan au grand cœur, dans Sunderland, la pièce anglaise de l’auteur français Clément Koch. Une très belle aventure : j’ai joué ce spectacle presque 300 fois, de septembre 2011 à juin 2013 ! Dans tous les cas, ce que j’aime c’est naviguer entre plusieurs univers, passer d’un genre théâtral à un autre, passer également du théâtre à l’image et ne pas me cantonner à un type de rôle ou à un répertoire. Cela fait partie des raisons pour lesquelles je fais ce métier.

Le Porteur d'histoire Crédit : Alejandro Guerrero

Le Porteur d’histoire
Crédit : Alejandro Guerrero

Un mot sur une autre belle aventure : Le Porteur d’histoire. Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?

V.D. : C’est moi qui suis allé au-devant d’Alexis Michalik (ndlr : l’auteur et metteur en scène). A l’époque où je jouais Sunderland, je ne le connaissais pas mais je l’avais invité à une représentation. Il était venu et avait beaucoup apprécié. Ensuite, j’ai eu la chance d’aller voir Le Porteur d’histoire à sa création au Studio des Champs-Élysées en février 2013. J’avais adoré le spectacle et je le lui ai écrit, tout simplement. Peu de temps après, par chance, il cherchait une alternance pour le rôle et j’ai été engagé.

Quelles ont été les retombées vous concernant ?

V.D. : C’est un grand plaisir de jouer Le Porteur car c’est un spectacle écrit pour les comédiens, contrairement à beaucoup d’autres pièces qui ont tendance à davantage faire la part belle aux metteurs en scène. Avec Alexis Michalik, ce n’est pas le cas : c’est d’abord un comédien qui écrit pour des comédiens. Il ne supporte pas par exemple l’idée qu’un acteur attende trente minutes en coulisses avant d’entrer scène. Dans cette pièce, on est tous sur le plateau pendant 1 heure 30 quasiment non stop ! On passe d’un personnage à un autre en changeant uniquement de costume, en ajoutant un accessoire, une moustache, une casquette, que sais-je… Personnellement, je me régale, d’autant que ma partition est celle qui contient le plus de personnages différents. J’aime ce défi, ce tour de force !

Comment expliquez-vous le succès que rencontre la pièce depuis 2013 ?

V.D. : Je crois que cela tient à quelque chose de très simple, je dirais même de primaire, d’instinctif, d’essentiel. On est transporté par une belle histoire qui se lit comme un conte, même si par moments il s’agit une histoire complexe. On ne se pose pas de questions, on se laisse seulement emporter ! C’est une écriture qui ne tombe pas dans les travers de notre époque que sont le cynisme ou l’ironie permanente. Et chez la grande majorité des spectateurs, l’émerveillement fonctionne à plein. On les voit à la fin du spectacle, tout le monde retrouve ses yeux d’enfant ! C’est la première pièce où  je constate que des spectateurs viennent, reviennent,  puis re-reviennent! J’ai même rencontré un jour un monsieur qui l’avait vue vingt fois (rire) ! C’est un spectacle qui a ses vrais fans et c’est une chose rare ! Aujourd’hui, la pièce est jouée simultanément à Paris, en province, et dans la francophonie (Tahiti, Liban…)

Vincent Deniard et Marc Citti dans Le Temps des suricates

Vincent Deniard et Marc Citti dans Le Temps des suricates

Autre beau succès, Le Temps des suricates que vous avez joué cet hiver aux Béliers Parisiens puis au Ciné 13. Comment est née cette pièce et votre collaboration avec l’auteur et votre partenaire sur scène, Marc Citti ?

V.D. : Marc et moi faisions partie de la seconde équipe du Porteur en septembre 2013. On a joué la pièce ensemble pendant plusieurs mois. Et puis un jour, il est venu avec un texte qu’il m’a demandé de lire. A l’époque, la pièce s’appelait Oyonnax blues, et j’ai adoré. C’est un texte par moments très autobiographique, qui nous montre deux acteurs dans leur loge pendant une représentation d’Hamlet, et qui nous raconte leurs frustrations et leurs espoirs. La pièce transpire d’une grande honnêteté, ce qui se dit sur le métier est très vrai, parfois cruel. On a eu quelques collègues comédiens qui sont venus voir la pièce et qui ont pu ressentir les choses de façon violente parce que c’est dur par moments ce qui se dit sur le métier. Mais en même temps, c’est très drôle ! Il y a une grande lumière, une grande force dans les personnages, à travers leurs espérances et leurs rêves d’enfants. Et c’est à mon avis quelque chose de très important dans notre métier. Continuer à avoir les yeux qui brillent,  garder sa part d’enfance.

Et quel est votre regard sur le sujet de la pièce, la condition parfois ingrate, cruelle du métier de comédien ?

V.D. : Edouard mon personnage n’est pas un mauvais comédien, c’est un comédien qui ne s’est pas entendu avec son metteur en scène, comme cela arrive parfois, et qui est en doute, en souffrance, en perte de confiance. Cette relation metteur en scène-comédien est précieuse, il faut que ça se passe bien. Personnellement, je ne peux pas travailler dans le conflit, j’ai besoin de travailler dans une bienveillance, une générosité voire un sorte de douceur. La grande différence entre Edouard et moi, c’est qu’il n’est pas dans le plaisir. Moi, je fais ce métier tout simplement parce que c’est mon plaisir de jouer sur scène, de jouer devant une caméra, de réinventer, de revisiter un texte chaque soir. Vous savez, je crois que si on n’aime pas profondément ce que l’on fait, on peut très vite être malheureux et frustré dans ce métier, se dire qu’on n’est pas là où l’on devrait être. C’est quelque chose qui peut être douloureux. Dieu merci, je n’en suis pas du tout là ! (rires)  

Il y a une scène très drôle dans Le Temps des suricates dans laquelle vous manquez votre entrée sur scène. Et dans la vie, jamais de couac sur scène ?

V.D. : Non très rarement, heureusement ! Je suis quelqu’un de plutôt anxieux, du coup très à l’écoute de ce qui se passe sur le plateau. Mais il est vrai qu’il peut arriver toutes sortes de mini-incidents au théâtre, comme ces trous de texte qui restent toujours quelque chose de terrifiant même après des années de métier. Dans Le Porteur d’histoire par exemple, j’ai un long monologue de sept minutes face public, pendant lequel je raconte une histoire plutôt très complexe à mon partenaire, que je ne vois d’ailleurs pas. Et bien même après 300 représentations, ce moment du spectacle reste toujours un point d’orgue, un moment périlleux !

Henri IV

Henri IV

Vous avez le trac avant d’entrer en scène ?

V.D. : Je suis toujours un peu fébrile oui…. D’ailleurs dans ce domaine je ne crois pas du tout à la citation célèbre qu’on attribue à Sarah Bernard qui, en réponse à une jeune comédienne qui se targuait de ne pas avoir le trac, lui aurait répondu « Vous verrez, ca viendra avec le talent ». Je pense au contraire qu’il faut tendre à atteindre une sorte de graal qui serait de ne plus du tout avoir le trac. Certains soirs j’y parviens -plus ou moins- ce qui est le signe d’une meilleure détente, d’une plus grande disponibilité avec les partenaires et le public. Avec le temps et l’expérience j’ai appris à mieux me détendre, mais la disparition complète du trac reste, comme je vous le disais, un graal absolu.

Quelles sont les qualités indispensables pour faire ce métier aujourd’hui ? Quels conseils donneriez-vous à un jeune comédien ?

V.D. : Je conseillerais de prendre des cours, mais de ne surtout pas attendre la fin de sa formation pour travailler, pour rencontrer des gens, pour monter ses projets. Parce que c’est un métier qui s’apprend en travaillant. Moi, je n’ai pas appris mon métier à l’école, je l’ai appris en jouant des spectacles 100, 200, 300 fois. Je l’ai appris en tournant dans des court-métrages, des téléfilms. C’est un métier qui requiert une certaine souplesse émotionnelle, physique même. Ne pas avoir peur d’être sur tous les fronts, de sortir, d’aller au théâtre, de voir ce qui se fait sur Internet parce qu’il y a des personnes qui y arrivent par ce biais. Et à un moment donné, faire un choix, savoir vers quelle « famille », quel genre se diriger par rapport à ses goûts personnels. C’est un métier où l’on apprend à se connaître tout simplement. Même si je n’aime pas me cantonner à un répertoire en particulier comme je l’expliquais plus tôt, mais je vois ce qui me correspond le plus avec les années. D’abord avec mon physique (NDLR : 1m98 pour 130 kilos) qui est à la fois une chance et un handicap, quelque chose qui me distingue, quelque chose qui me permet de donner une couleur à mes personnages. Je peux en jouer. Comme dans Le Temps des suricates, là je suis le grand géant qu’on ne voit pas, parce qu’Edouard n’assume pas son corps. C’est un métier qui demande d’être très connecté à son enfance, de garder un grain de folie, une certaine fantaisie et d’être dans une disponibilité d’esprit permanente.

Vous jouez également au cinéma et à la télévision. A choisir, que préférez-vous entre théâtre, cinéma ou télévision ?

V.D. : Je ne sais pas si je pourrais me passer de l’un ou de l’autre car j’aime la complémentarité ! J’ai la chance depuis quelques années de pouvoir naviguer entre théâtre et tournages. J’ai joué d’ailleurs récemment dans une série télévisée – Le Lac – avec un réalisateur que j’aime beaucoup, Jérôme Cornuau, qui m’a confié un très beau rôle. En ce moment, j’ai davantage envie de tourner car ces dernières années ont été très riches au théâtre.

Sunderland Crédit Pascal Gely

Sunderland
Crédit Pascal Gely

Quelles différences entre le jeu au théâtre et le jeu au cinéma ou à la télévision ?  

V.D. : Difficile à dire car c’est le même métier au final : on joue un texte, une situation, qu’on doit rendre vivants, et humains du mieux possible. Mais aujourd’hui, au cinéma ou à la télévision, on n’a matériellement plus le temps de faire 10, 15, 20 prises, on doit être bon tout de suite, être dans une immédiateté. J’aime cet aspect là du travail, se jeter à l’eau tout de suite. Au théâtre, certes, on travaille « sans filet » mais on a le temps pendant les semaines de répétitions de travailler un personnage et de continuer à le « polir » sur scène chaque soir. Les deux plaisirs sont différents.

Poursuivez-vous un objectif de carrière aujourd’hui ?

V.D. : Non, pas vraiment même si je suis quelqu’un d’ambitieux. Mais l’ambition dans ce métier, c’est compliqué car on est toujours dépendant du bon vouloir des autres.  Mon souhait finalement ce serait tout simplement de rester dans ce métier, ce qui n’est déjà pas simple, de continuer à en vivre, de continuer à faire de belles rencontres, de jouer des rôles de plus en plus complexes qui ne soient pas des utilités, des rôles où mon physique ne soit pas le critère déterminant.

Sinon, avez-vous le temps d’aller au théâtre ? Quel spectateur êtes-vous ?

V.D. : Je dois vous avouer que je vais peu au théâtre ! D’abord parce qu’avec mon gabarit on est mieux sur scène que dans la salle ! (rires) Et surtout quand on joue soi-même beaucoup, c’est très compliqué. Mais quand je peux, je vais voir des amis jouer. J’ai vu deux spectacles cette saison qui m’ont beaucoup plu : La Vénus à la fourrure avec Marie Gillain et Nicolas Briançon et The Servant avec mon camarade Maxime d’Aboville qui a reçu le Molière du meilleur comédien cette année. On s’est connu avec Maxime sur la pièce Henri IV, dans laquelle je jouais Ravaillac et Maxime le prince de Condé. On n’avait pas de scène ensemble mais on a sympathisé. J’ai vu également Des Fleurs pour Algernon avec Grégory Gadebois, un comédien que j’admire beaucoup pour son talent et son parcours. J’ai un souvenir de lui lorsque je passais le concours du Conservatoire vers 22/23 ans. Pendant que j’attendais mon tour sur le trottoir, j’ai vu arriver ce type en moto, un peu enrobé avec des cheveux longs et je me suis tout de suite dit « Lui il en impose ! » et c’était Gadebois !

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Le temps des suricates

Avez-vous un rêve théâtral ?

V.D. : J’aurais beaucoup aimé travailler avec Patrice Chéreau… Marc Citti m’en a beaucoup parlé, il vient d’ailleurs de publier un livre consacré à ses années avec Chéreau (NDLR : Les Enfants de Chéreau, ed. Actes Sud). J’adorerais jouer un jour aux Bouffes du Nord. Pour ce qui est des rôles, j’aime depuis toujours Cyrano de Bergerac, énorme texte, énorme rôle, j’adore le film avec Depardieu. J’aime aussi beaucoup le rôle de Stanley dans Un Tramway nommé désir. D’ailleurs l’univers de Tennessee Williams, cette moiteur du sud des Etats-Unis, c’est un répertoire que j’aimerais beaucoup explorer. On me parle aussi souvent du personnage de Lennie dans Des Souris et des hommes. On ne sait jamais, peut-être qu’un jour une autre adaptation du texte de Steinbeck se montera…

Quels sont vos projets, vos actualités ?

V.D. : Côté théâtre, nous reprenons avec Marc Citti Le Temps des Suricates au Festival Off d’Avignon du 4 au 26 juillet à 12h20 au Théâtre des Béliers. Sinon, je continue Le Porteur d’Histoire, toujours en alternance jusqu’en décembre 2015 au Studio des Champs-Elysées. Côté télévision, la série Le Lac avec Barbara Schulz sera bientôt diffusée sur Tf1. Et j’ai participé à un premier long métrage aux côtés de Melvil Poupaud, Le Grand jeu, qui sortira en fin d’année. Et puis je lis des textes, je passe des auditions, on verra bien !

Merci Vincent ! Et pour conclure, quel est votre « mot théâtre » préféré ?

V.D. : Eh bien excusez-moi Elisabeth mais je vais vous dire « merde » ! (rires) Tout simplement parce que c’est ce qu’on se dit tous les soirs avec les partenaires avant de rentrer sur scène, et pour moi c’est un très joli mot car c’est comme « action » ou « moteur » au cinéma : on est sur ligne de départ et c’est parti !

Propos recueillis par Elisabeth Donetti 

Pour en savoir plus

http://www.vincentdeniard.com

Le Temps des suricates au Festival d’Avignon du 4 au 26 juillet 2015

Le Porteur d’histoire au Studio des Champs-Élysées jusqu’en décembre 2015

LE CERCLE DES ILLUSIONNISTES – THÉÂTRE LA PEPINIERE

Piece.1549Tu vas voir, tu vas adorer. Ca me rappelle quelque chose…. Une fois, deux fois, trois fois, adjugé. Direction le théâtre La Pépinière mercredi dernier pour découvrir « Le cercle des illusionnistes », la deuxième création d’Alexis Michalik, après le succès du spectacle « Le porteur d’histoire ». Et j’ai A-DO-RE la pièce parce qu’Alexis Michalik raconte les histoires comme personne. Ce jeune et talentueux metteur en scène a définitivement trouvé un style, une signature théâtrale, une manière bien à lui d’embarquer le public dans des récits à tiroirs originaux, formidablement construits, de les faire se combiner, s’enchaîner, se répondre à travers les époques et les lieux, tout en suivant le fil d’une histoire unique. On retrouve ici l’équation gagnante qui a fait le succès du Porteur d’histoire : six comédiens « caméléons » ultra talentueux portés par une mise en scène fluide, rythmée et très inventive.

Dans « Le cercle des illusionnistes » cette fois-ci, il est question de magie, d’inventeurs fous, de cinéma, de théâtre, d’amour. Alexis Michalik nous invite à découvrir, des plaines italiennes à la cour de Russie, de Londres à Paris, les destins méconnus et passionnants de Jean-Eugène Robert-Houdin (1805 – 1871) horloger, magicien, créateur d’automates et de Georges Méliès (1861 – 1938), héritier d’un fabricant de chaussures, industriel, inventeur des premiers « effets spéciaux » du cinéma. Ils ne se rencontreront jamais mais leurs destins respectifs se noueront au cœur d’une salle de théâtre parisienne, aujourd’hui disparue, devenue à l’époque la première salle de cinéma moderne. Mais la pièce commence en juin 1984. Alors que la France vibre pour le championnat d’Europe de football, Décembre vole un sac dans le métro. Dans le sac, il trouve la photo d’Avril jolie et décide la revoir…

Après chut !! C’est parti pour 1 heure 30, de rêve, d’émerveillement, de rire. Le bonheur tout simple de retomber en enfance.

Le point de vue d’Elisabeth 

LE CERCLE DES ILLUSIONNISTES

Jusqu’au 29 juin

Théâtre La Pépinière, 7 rue Louis le Grand, 75002 Paris

Du mardi au samedi à 20h30

Matinée samedi à 16h

NOUVEAU : Reprise au théâtre de la Pépinière à partir du 27 mai 2017

Mardi au samedi à 20h30, matinée le samedi à 16h00

 

LE PORTEUR D’HISTOIRE – STUDIO des CHAMPS-ELYSÉES

LE-PORTEUR-AFF-100x150-2014-7A force de lire des critiques dithyrambiques sur « le porteur d’histoire », de m’entendre dire « vas-y, c’est formidable ! », de voir des yeux pétillants et des sourires aux lèvres en évoquant la pièce, j’y suis allée, m’attendant presque à être un peu déçue. Mais non ! LE PORTEUR D’HISTOIRE est un spectacle magnifique qui ne ressemble à aucun autre et opère un charme indéniable. A quoi tient cette magie ? L’originalité du sujet ? Le talent des comédiens ? L’habileté et l’originalité de la mise en scène ? Certainement un peu des trois, tant ce spectacle apporte ses lettres de noblesse au théâtre. La pièce est difficile à résumer mais n’a certainement pas vocation à l’être au final. Elle nous invite simplement à découvrir l’histoire d’une famille tout au long d’un singulier voyage dans le temps et dans l’espace, à travers une succession de récits qui s’enchevêtrent les uns aux autres. Des forêts ardennaises au désert algérien, des salons parisiens du XIXème siècle à la cour du Pape en Avignon, les histoires rebondissent, s’enchaînent, se font écho, pour n’en former qu’une au final. On voyage d’époque en époque, on parcourt les airs, les terres, les mers, on y croise des personnages célèbres ou des anonymes….Pourtant, sur scène, rien ou presque : un grand tableau noir, quelques tabourets, un portant avec des vêtements et cinq comédiens exceptionnels qui pendant une heure et demi incarnent une multitude de personnages avec une virtuosité étonnante, parfois même étourdissante. La mise en scène, signée Alexis Michalik, est pour le moins inspirée ! Habile et diablement efficace, elle tient le spectateur suspendu au récit pendant tout le spectacle, par le jeu de découpes lumineuses judicieuses et de transitions narration / action parfaitement bien rendues. Dans sa note d’intention, le metteur en scène conclut ainsi « J’ai l’intime conviction que seul le théâtre, générateur inépuisable d’imaginaire, permet ce voyage extraordinaire de siècles en siècles, de continents en continents, avec pour seuls moyens des comédiens, quelques costumes et des spectateurs ». Tout est dit.

A mon tour de conseiller, les yeux pétillants et le sourire aux lèvres: allez-y, c’est formidable !

Le point de vue d’Elisabeth 

LE PORTEUR D’HISTOIRE

Studio des Champs-Elysées

15 avenue Montaigne, 75008 Paris

Prolongation : du 5 février au 29 juin 2014