♥♥♥♥ Qu’est-ce qu’une histoire ? Appartient-elle à celui ou celle qui la vit ou peut-elle devenir aussi celle de ceux qui la racontent ou l’écoutent ? Par quel tour de magie se transforme-t-elle en vécu collectif ? Ainsi, quel lien existe-t-il entre Martin Martin venu enterrer son père au fin fond des Ardennes et ces deux femmes, mystérieusement disparues, qui vivaient au fond du désert algérien ?
Dans ce récit étourdissant, imaginé par Alexis Michalik, il est question aussi bien de l’histoire avec un grand H que de petites histoires individuelles. L’Histoire qui, loin d’être figée dans le marbre, ne cesse de se réinventer jusqu’à franchir la frontière qui la sépare de la fiction. Créée en 2011, cette pièce (la première de Michalik) a reçu en 2014 le Molière mérité du meilleur auteur et de la meilleure mise en scène.
Avec une imagination confondante et une maestria qui font mouche, il nous convie à un merveilleux voyage dans le temps et dans l’espace, où les destins d’inconnus (Martin Martin et consorts) et de plusieurs personnages célèbres (Alexandre Dumas, Eugène Delacroix, mais aussi le prince de Polignac, la reine Marie-Antoinette…) vont s’entrecroiser pour se retrouver in fine habilement imbriqués.
À la manière d’un feuilleton écrit par Alexandre Dumas, le récit nous entraîne, avec force rebondissements, sur les traces d’une lignée maudite, celle des Saxe de Bourville, et remonte jusqu’à la mystérieuse civilisation des Lysistrates, tout droit sortie d’un récit d’Aristophane. La quête d’un trésor, accumulé à travers les âges et évoqué dans des fragments de manuscrits, n’est pas sans nous rappeler le légendaire trésor des templiers.
Les cinq comédiens (ce soir-là : Fadila Belkebla, Vanessa Cailhol, Walter Hotton, Charles Lelaure, Daniel Njo Lobé), tous rompus dans l’art de passer d’un registre à un autre, d’un personnage à un autre, par le biais d’un simple vêtement ou d’un accent (berbère, canadien), donnent vie avec brio à ce récit. Grâce à eux, le spectateur est tenu en haleine jusqu’à la fin de la pièce. Le tonnerre d’applaudissements qui éclate alors vient couronner le plaisir irremplaçable de renouer (enfin !) avec le spectacle vivant. ♦
Véronique Tran Vinh
Théâtre des Béliers Parisiens – 14 bis, rue Sainte-Isaure, 75018 Paris
À partir du 18 août, du mardi au samedi à 20h30
Durée : 1h40
Formidable compte rendu ! J’aurais dû avoir la chance de lire la chronique si claire et enthousiaste de Véronique avant de voir la pièce, car j’avoue m’être complètement perdue dans cette histoire, dont j’avais bcp de mal à suivre le fil.
Bon, époustouflant récit, hein, mais à voir… reposé(e) !
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