LA CANTATRICE CHAUVE – THÉÂTRE ATHÉNÉE LOUIS JOUVET

index♥♥♥ En 1991, Jean-Luc Lagarce signait une mise en scène audacieuse et mémorable de « La Cantatrice Chauve », devenue depuis un classique du genre. 27 ans plus tard, pour rendre hommage à ce metteur en scène disparu prématurément – emporté par le SIDA à seulement 38 ans en 1995 – le théâtre Athénée Louis Jouvet reprend pour la dernière fois ce spectacle avec – joli clin d’œil – les acteurs de l’époque. Lire la suite

RHINOCÉROS – THÉÂTRE de la VILLE

Sans titreC’est l’affiche dans le métro qui m’a donné envie d’y aller …et le simple mot rhinocéros qui résonne toujours en moi comme une madeleine de Proust théâtrale. Premières émotions d’une toute jeune spectatrice lors d’une sortie scolaire au théâtre de Neuilly-sur-Seine il y a bien longtemps…Trois décennies plus tard, plaisir et émotion de redécouvrir la pièce au Théâtre de la Ville mardi dernier.

La pièce raconte l’irruption inattendue et brutale de rhinocéros dans une petite ville française imaginaire. Face à l’envahissement des animaux, les hommes et les femmes éprouvent d’abord incompréhension et peur, avant de s’abrutir, se soumettre et se transformer progressivement en rhinocéros un à un. Tous sauf un. Béranger. Lui, l’homme de la résistance, du non embrigadement, le seul encore capable d’agir et de penser « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas ! ».Dans Rhinocéros, Eugène Ionesco dénonce la montée des totalitarismes en Europe à l’aube de la seconde guerre mondiale, lui le franco-roumain qui a connu l’ascension du nazisme en Roumanie puis l’arrivée au pouvoir des communistes. Texte culte du théâtre de l’absurde, la pièce a connu mille mises en scène et celle d’Emmanuel Demarcy-Mota fera date à mon avis ! Pourquoi ? Parce qu’elle illustre à merveille toutes les facettes de l’œuvre de Ionesco : l’hystérie collective, la résignation face à l’oppresseur, l’aliénation des hommes, l’inexorabilité des destins, …. Baignant dans un climat à mi chemin entre réel et fantastique, le spectacle tire sa force d’un mélange de grandiose et d’intimiste. Les séquences collectives sont d’une rare beauté et magnifiquement chorégraphiées – l’acte 1, tel un ballet de Pina Bausch, est d’une beauté à couper le souffle – Il faut dire qu’E.Demarcy-Mota dispose de moyens assez considérables pour donner corps à ses idées à l’instar de l’immense construction de blocs telle une boîte à outils géante sur lesquels évoluent les 13 comédiens pour incarner le bureau de Béranger de l’acte 2. Les scènes épurées sur un plateau volontairement dépouillé donnent à entendre le texte avec une rare intensité (départ Daisy), même si la scène de Jean se transformant en rhinocéros n’est pas la plus convaincante, malgré le talent du comédien Hugues Quester. L’autre point fort incontestable du spectacle tient à la qualité d’interprétation au premier rang desquels le comédien Serge Maggiani qui interprète un Béranger, tout en fragilité et en humanité, l’antihéros un peu lunaire passant de la révolte tranquille au refus d’obtempérer, quitte à perdre la femme qu’il aime. Solidement entouré par des comédiens très expérimentés, il « délivre » le texte avec une vérité et une justesse formidable.

La troupe du Théâtre de la Ville revient d’une tournée internationale de 2 ans qui leur a permis de présenter la pièce  (en français !) aux quatre coins du globe (Los Angeles, Londres, Santiago du Chili, Istanbul, Athènes,…). Ils ont posé leurs valises à Paris du 2 au 10 juin avant de repartir en tournée à travers le monde. 

Le point de vue d’Elisabeth 

Crédit photo : ©Karsten Moran/The New York Times-REDUX-REA

Theatre. Repetition du "Rhinoceros", piece de Eugene Ionesco, dans une production du Theatre de la Ville, a New York

Theatre. Repetition du "Rhinoceros", piece de Eugene Ionesco, dans une production du Theatre de la Ville, a New YorkTheatre. Repetition du "Rhinoceros", piece de Eugene Ionesco, dans une production du Theatre de la Ville, a New YorkTheatre. Repetition du "Rhinoceros", piece de Eugene Ionesco, dans une production du Theatre de la Ville, a New YorkTheatre. Repetition du "Rhinoceros", piece de Eugene Ionesco, dans une production du Theatre de la Ville, a New York

Theatre. Repetition du "Rhinoceros", piece de Eugene Ionesco, dans une production du Theatre de la Ville, a New YorkTheatre. Repetition du "Rhinoceros", piece de Eugene Ionesco, dans une production du Theatre de la Ville, a New York

LE ROI SE MEURT – THÉÂTRE HEBERTOT

40x60-leroisemeurt_def2.inddFoule des grands soirs au théâtre Hébertot samedi 10 mai pour la dernière du « Roi se meurt ». L’occasion ou jamais de voir Michel Bouquet se glisser dans ce rôle mythique qui lui avait valu le Molière du meilleur comédien en 2005. Acteur légendaire pour pièce légendaire donc ! Et le public ne s’y est pas trompé en accueillant les comédiens par des applaudissements très nourris dès leur entrée en scène.

Le roi Béranger 1er, vieux souverain d’un royaume imaginaire en proie au chaos et à l’agonie, apprend qu’il est malade et qu’il va bientôt mourir. Entouré d’une cour bigarrée (ses deux premières épouses, son médecin, son garde et sa femme de chambre), le vieux roi, manteau pourpre, couronne de pacotille et sceptre en main, veut pourtant s’accrocher au pouvoir et à la vie. Ainsi commencera son long cheminement – refus, révolte puis résignation – avant l’inexorable issue. Dans « Le roi se meurt », Eugène Ionesco questionne l’angoisse de chacun d’entre nous face à la mort et explore l’absurdité de la vie et le tragi-comique de la condition humaine. « J’ai toujours été obsédé par la mort. La mort, c’est la condition inadmissible de l’existence », confiait Ionesco qui avait d’ailleurs échappé de peu à la mort en 1962, peu avant l’écriture de la pièce. Une manière peut-être d’exorciser ses angoisses, « d’apprivoiser la mort », comme le souligne Michel Bouquet.

Quelle belle soirée théâtre dans tous les cas ! Le texte est superbe et l’interprétation, faut-il même le souligner, remarquable. Michel Bouquet, 88 ans, offre une prestation de bout en bout exceptionnelle dans cette pièce qu’il juge au passage « très dure à cause du chahut des sensations différentes par lesquelles l’acteur est obligé de passer, du plus comique au tragique pur ». Mention spéciale également à la comédienne Juliette Carré qui, dans la peau de la perfide reine Marguerite, parvient presque à voler la vedette à son Michel Bouquet de mari. Notons également le grand soin apporté aux costumes et au travail des découpes lumineuses qui illustrent avec beaucoup de pertinence les temps forts de la pièce. La baisse progressive de la lumière sur le visage du vieux roi jusqu’à l’obscurité totale pendant les 30 dernières secondes du spectacle est à ce titre une pure merveille. Plus besoin de texte, tout est dit par le seul jeu des lumières pour symboliser le passage vers l’au-delà.

Une émotion particulière traversa la salle au moment des saluts. Michel Bouquet, petit pas, yeux à moitié clos par la lumière puissante des projecteurs et sourire formidable aux lèvres venait dire adieu à un rôle de légende.

Le point de vue d’Elisabeth

THEATRE HEBERTOT • 78 bis boulevard des Batignolles 75017 Paris

DERNIERE MINUTE : NOUVELLES REPRESENTATIONS AU THEATRE HEBERTOT jusqu’au 25 octobre 2014

Crédit photo ©Laurencine Lot

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