Bercés par Les Nocturnes de Chopin, deux hommes, alités, le bras perfusé, l’esprit embrumé, se réveillent en salle de réanimation et peinent à échanger. Un médecin ne tarde pas à arriver. Il annonce à chacun que ses jours sont comptés par un cancer des poumons pour l’un, des reins pour l’autre. Après une très courte présentation protocolaire entre eux, Paul Blanchot (Guy Bedos) et Jules Tourtin (Philippe Magnan) décident, dans un même élan instinctif, de s’évader de cette anti-chambre de la mort, ensemble, « n’importe où mais loin ».
Les voitures roulent à grande allure sur la nationale sans s’arrêter au pouce tendu de Blanchot qui – toujours en pyjama et chaussons comme Tourtin – tente de faire du stop. Survient une jeune femme sur le point d’accoucher qui se risque à l’imiter dans l’espoir de se rendre à l’hôpital au plus vite. Se risquer… oui ! car c’est sans compter sur le tempérament râleur et l’humour noir de Blanchot qui n’entend pas se faire doubler. Le bras encore tenu à la perfusion, Tourtin, par nature toujours empreint d’humanité, le reprend et lui réplique sur un ton décalé de tout.
Ce n’est que le début du périple et des péripéties qui les attendent… le hasard les conduira loin sur le chemin de la vie, même s’ils resteront finalement qu’à quelques mètres de l’hôpital.
Une histoire insolite au carrefour de la tendresse et de l’humour, signée Samuel Benchetrit. Guy Bedos occupe la scène par sa prestance, surprend par ses répliques plus touchantes que caustiques quand Philippe Magnan brille par son talent. Audrey Looten, accompagnée sur les planches par Manuel Durand, se distingue également dans les trois rôles qu’elle incarne. À souligner, sur fond de décor minimaliste, l’orchestration de jeux de lumières est particulièrement réussie (scène de l’autoroute…).
Signé Carole !
Théâtre Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris
Du mardi au samedi à 19h
Matinée le dimanche à 15h
Crédit photos : Laurencine Lot



Une affiche de gala, signée par le célèbre studio Harcourt, pour le duo star de cette rentrée théâtrale. Grégory Gadebois et Éric Cantona sont les protagonistes de Victor une pièce d’Henri Berstein au théâtre Hébertot depuis le 2 septembre. J’ai eu l’opportunité et le plaisir d’assister à la couturière, confortablement installée au milieu d’une audience attentive et curieuse de découvrir ce duo inattendu sur scène ! La metteur en scène, Rachida Brakni, nous prévient, dans son speech introductif qu’elle s’accordera à tout moment le droit d’interrompre la représentation, si d’aventure la mise en scène lui déplaît. À bon entendeur… Extinction des lumières, lever de rideau. Sur scène, un homme est assis sur un banc public. Nous sommes en 1950. Victor (Grégory Gadebois) sort de prison, après une longue peine purgée à la place de Marc (Éric Cantona), héros de guerre et homme d’affaires peu fréquentable. Une décision qu’il avait alors prise par amour pour une femme, Françoise (Caroline Silhol), la femme de Marc. Françoise n’a rien oublié de cet amour pour Victor et souhaite le reconquérir. Entre amours contrariées, quête de richesse, amitié virile et désillusions, la pièce nous raconte la trajectoire de ce triangle amoureux. Cette belle trame narrative (la pièce se suit comme un film) est assurément une réussite d’autant que le casting fonctionne à 100%, à commencer bien sûr par Grégory Gadebois, l’inoubliable interprète de Charlie, dans le succès phénomène 



Foule des grands soirs au théâtre Hébertot samedi 10 mai pour la dernière du « Roi se meurt ». L’occasion ou jamais de voir Michel Bouquet se glisser dans ce rôle mythique qui lui avait valu le Molière du meilleur comédien en 2005. Acteur légendaire pour pièce légendaire donc ! Et le public ne s’y est pas trompé en accueillant les comédiens par des applaudissements très nourris dès leur entrée en scène. 

