BIGRE – THÉÂTRE DE L’ATELIER

♥♥♥♥ Créé en 2014, Bigre, l’énorme succès de Pierre Guillois, récompensé d’un Molière 2017 de la meilleure comédie, est de retour sur la scène parisienne. Derrière le titre un tantinet abscons, se cache une comédie muette contemporaine qui ressuscite l’art du gag visuel avec une énergie et une précision jubilatoires. Trois voisins se partagent un même palier : un romantique tech, une blonde pulpeuse maladroite, un bricoleur maniaque et crasseux. Et à partir de là, tout dérape : fuites d’eau, incendies, disputes, quiproquos, amours ratées… un véritable chaos organisé. Il y a des spectacles qui vous cueillent sans prévenir. Et Bigre fait partie de ceux-là.

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L’ÉVÉNEMENT – THÉÂTRE DE L’ATELIER

♥♥♥  À l’occasion d’un dépistage à l’hôpital Lariboisière, Annie Ernaux (Prix Nobel de littérature 2022) se remémore « l’événement » qui a marqué trois mois de sa vie fin 1963-début 1964 : un avortement clandestin, quatre années avant la légalisation de la pilule contraceptive et douze années avant la loi Veil. Elle décrit précisément son parcours de jeune étudiante entourée – bien que livrée à elle-même –, d’un gynécologue, de son petit ami, d’une faiseuse d’anges et de sa voisine de chambre de la cité universitaire. Elle doit faire face au rejet des médecins, aux regards méprisants, aux tabous et aux préjugés de classe sociale.

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FESTIVAL AVIGNON OFF 2025 – IL N’Y A PAS DE AJAR (vu au THÉÂTRE DE L’ATELIER)

♥♥♥♥ Pour sa première pièce de théâtre, Delphine Horvilleur, rabbin(e) et conteuse, fait le pari (risqué) d’un monologue au sous-titre un peu énigmatique : Monologue contre l’identité. Face à la multiplication des revendications identitaires et communautaires, elle nous montre que nous ne sommes jamais « ce que nous pensons être ». Nous sommes juif, musulman, chrétien, agnostique… mais pas que. Nous sommes aussi homme, femme ; père, mère, etc., donc la somme d’une addition de possibles nous-mêmes, toujours en perpétuel devenir. Ce qui aurait pu vite tourner au discours abscons devient, grâce à l’humour irrévérencieux de son autrice et au fascinant pouvoir de métamorphose de son interprète (excellente Johanna Nizard), une brillante démonstration sur les multiples identités dont nous sommes constitués et, de fait, un propos contre toutes les intolérances.

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FESTIVAL AVIGNON OFF 2025 – TOUTE L’HISTOIRE DE LA PEINTURE EN MOINS DE DEUX HEURES (vu au THÉÂTRE LIBRE)

♥♥♥♥ Pour toile de fond, un mur de 4 000 tableaux, deux musiciens, un infographiste… Hector Obalk est prêt à mettre en spectacle toute l’histoire de la peinture (ou presque !) de Giotto à Yves Klein, en passant par Vermeer, Rembrandt, Michel-Ange, Botticelli… et Van Gogh.

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TOUTE L’HISTOIRE DE LA PEINTURE EN MOINS DE DEUX HEURES – BOSCH, TITIEN, MANET… (Parcours C) – THÉÂTRE LIBRE

♥♥♥♥ Sous le même titre, Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures, un cycle de quatre conférences-spectacles est actuellement à l’affiche dans deux salles à Paris : le 13e Art (Paris 13) et le Théâtre de l’Atelier (Paris 18e).  

Si chaque spectacle suit un parcours spécifique, tous retracent l’histoire de la peinture occidentale pendant sept siècles :

 • LÉONARD-CARAVAGE-CHARDIN… (parcours A)
• RAPHAËL-VÉLASQUEZ-INGRES… (parcours B)
• BOSCH-VAN EYCK-MANET… (parcours C)

Un seul privilégie le XXe siècle :
• MONET-PICASSO-MONDRIAN… (parcours M)

Chaque spectacle étant autonome, le spectateur peut les voir dans l’ordre qu’il désire.

Nous venons de découvrir le parcours C… et l’avons autant apprécié que les opus précédents. Au programme : Van Eyck (Adoration de l’Agneau mystique), Bosch (Le Jardin des délices et rétrospective), Grünewald (Retable d’Issenheim), Caravage (L’Incrédulité de saint Thomas), Manet (Bar au Folies-Bergère) et Aillaud (rétrospective).

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LES CHATOUILLES OU LA DANSE DE LA COLÈRE – (vu au Théâtre du Petit-Montparnasse) LA PÉPINIÈRE THÉÂTRE

affiche_les_chatouillesIl m’a fallu quelques minutes en sortant de la pièce pour reprendre mes esprits comme si j’avais reçu un KO. Car finalement Les Chatouilles, c’est peut-être cela : une pièce coup de poing qui vous happe de la première à la dernière seconde, qui balaye tout sur son passage, qui ne lâche rien et qui vous reste gravée dans un coin de mémoire. Et pour longtemps. Sur scène, rien qu’une fille en jean-basket et une chaise. Et une histoire : celle d’Odette, une petite fille de 8 ans, victime d’abus sexuels – ces « chatouilles », comme lui expliquait Gilbert, son agresseur, un ami de la famille –, jusqu’à l’âge de 12 ans. Et Odette, comme toutes les petites filles, va grandir, des rêves de danseuse plein la tête, avec cette indicible souffrance et dans l’indifférence d’une mère incapable de l’entendre et de la protéger. Elle deviendra danseuse professionnelle au fil d’un parcours chaotique, souvent violent, parfois désespéré, une lente descente aux enfers qui la fera flirter avec de mauvaises rencontres et plonger un temps dans l’alcool et la drogue. Mais la danse, « cette danse pour dire l’indicible », lui permettra de surmonter ses démons et de se reconstruire.

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LE DÎNER -THÉÂTRE DE L’ATELIER

♥♥ Deux couples ont rendez-vous dans un restaurant très chic d’Amsterdam. Trois mois d’attente sont nécessaires pour la réservation, c’est dire, que le lieu est à la mode et huppé. Paul et sa femme Claire s’y rendent à reculons. Serge, frère de Paul, populaire, admiré, futur Premier ministre des Pays-Bas, a choisi le jour, l’heure et le lieu. Serge veut parler des enfants. Une vidéo compromettante passe en boucle sur les réseaux sociaux. Les enfants ont fait quelque chose de grave. Très grave. Impardonnable.

Le dîner, roman de Herman Koch, est l’« alliance détonante d’une comédie de mœurs à l’humour ravageur et d’un roman noir à la tension implacable » qui remporta dès sa parution un succès phénoménal aux Pays-Bas. Il dresse le portrait de notre société en pleine crise morale et l’abord de problématiques auxquelles nul ne voudrait jamais être confronté. Du moins, en filigrane…

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CLÔTURE DE L’AMOUR – THÉÂTRE DE L’ATELIER

♥♥♥ Les mots frappent, cognent, vont droit au corps et au cœur comme autant de scuds destinés à atteindre l’adversaire. Car c’est bien d’un combat qu’il s’agit ici. Le dernier. Celui que se livrent Audrey et Stan (les vrais prénoms de leurs interprètes) devant nous pour mettre fin à leur histoire d’amour. Deux artistes, qui partagent leur vie et leur travail depuis longtemps.
C’est l’homme – une fois n’est pas coutume – qui lance l’attaque. Pour dire qu’il n’aime plus cette femme, sa femme, qu’il ne la désire plus et qu’il va partir. Mais avant de la quitter, il entreprend, dans un violent monologue, une minutieuse entreprise de démolition de leur amour.

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ILLUSIONS PERDUES – THÉÂTRE DE L’ATELIER

♥♥♥♥ Flamboyante ! Voici le premier mot qui me vient à l’esprit en pensant à l’adaptation théâtrale de Pauline Bayle. Aussi flamboyante que le chef-d’œuvre dont elle est tirée (ce texte fait partie du vaste ensemble de romans intitulé La Comédie humaine), elle réussit le tour de force de résumer l’essentiel du propos de Balzac en y apportant une acuité et une énergie très contemporaines. Elle a reçu à juste titre le grand prix du Syndicat de la critique en 2022.

Tout le monde connaît l’histoire de Lucien de Rubempré (né Chardon), ce jeune poète « monté » à Paris pour y chercher la gloire littéraire qui, après avoir connu une ascension fulgurante comme journaliste et rencontré le grand amour, perdra tout ce qu’il possède (et au passage, un peu de son âme) dans les cercles délétères de l’édition littéraire et du journalisme du XIXe siècle, où derrière la comédie des apparences se profilent rapports de force, ambition et intérêts personnels. La pièce s’appuie sur trois comédiennes et deux comédiens, excellents, qui endossent avec célérité tous les rôles.

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UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE – THÉÂTRE DE L’ATELIER

♥♥♥♥ Tout le monde se souvient du magnifique film d’Ettore Scola – adapté ensuite pour le théâtre –, avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni. Les deux monstres sacrés du cinéma italien des années 1960 y jouaient des rôles à contre-emploi, et Sophia Loren s’était fait particulièrement remarquer dans le rôle d’une femme au foyer de milieu populaire, méprisée par son mari, aux antipodes de son image glamour.

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