
♥♥♥♥ Je les avais découvertes dans le magnifique Antigone, mis en scène par Lucie Berelowitch, en russe et en ukrainien, dans lequel les Dakh Daughters jouaient le chœur et interprétaient leurs chansons. À la fois comédiennes, musiciennes et chanteuses, reconnaissables entre toutes avec leur look néogothique, les six filles (une est restée en Ukraine) de la compagnie, créée à Kiev par Vlad Troitskyi, mettent cette fois leurs talents au service d’un spectacle intense, oscillant entre révolte et émotion.
D’emblée, leurs chants contribuent à façonner une ambiance survoltée et hypnotique, rappelant l’énergie punk d’une Nina Hagen. De même, l’atmosphère sombre nous plonge au cœur de la guerre en Ukraine, à travers la musique, mais aussi des textes et des témoignages – ô combien poignants – d’anonymes.
Le spectacle, superbement mis en scène par Vlad Troitskyi, est un cri de résistance contre l’invasion russe, mais réussit toutefois à faire émerger la poésie de ce chaos. Nous ressentons la souffrance de ceux qui vivent la guerre dans leur chair, mais aussi dans leur âme, comme les nombreux exilés(e)s ukrainiens dans le monde – dont font partie les Dakh Daughters. Les chants guerriers alternent avec des chansons plus légères, parfois folkloriques (surtitrées en français). Grâce à une scénographie inspirée, les valises de ceux et celles qui fuient se transforment selon les besoins en immeubles avec leurs fenêtres éclairées, en abris précaires ou encore en autels. Les subtils jeux de lumière accentuent cette ambiance apocalyptique, au milieu de laquelle les artistes courent sous le fracas des obus, s’écroulent, se relèvent, dans une danse sans fin.
La réussite du spectacle tient au bon équilibre entre scènes musicales et témoignages décrivant les horreurs des combats. Des témoignages, hélas intemporels, qui montrent que le viol est sciemment utilisé comme arme de guerre pour briser l’adversaire. Les Dakh Daughters apportent leur touche inclassable, à mi-chemin entre esthétique contemporaine et cabaret punk.
Dans la salle, beaucoup d’émotion ce jour-là. Le public – composé en partie d’Ukrainiens venus soutenir la cause de leur pays – s’est levé d’un seul homme lorsque les jeunes artistes ont salué en brandissant le drapeau bleu et jaune.
Ne manquez pas ce spectacle poignant qui, en plus d’alerter nos consciences sur les ravages de la guerre, est une magnifique ode à la culture et au peuple ukrainiens.
Le billet de Véronique
DANSE MACABRE
Théâtre du Soleil
La Cartoucherie
Route-du-Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
Jusqu’au 2 avril 2023
Du mercredi au samedi à 20 h
Le dimanche à 14 h 30
Relâche le 29 mars
Crédits photo : Oleksandr Kosmach



