La houle ralentit, les vagues déferlent sur le rivage et semblent terminer leur course, quand au bar d’un hôtel, Stéphane (Jean-Pierre Bouvier) et Vincent (Frédéric Nyssen), anciens amants, se retrouvent après des années de séparation. Le personnel de l’hôtel a deserté, il est très tard. L’eau à la bouche… Vincent, jeune, beau, le corps ondulant, insolent, se glisse derrière le comptoir et n’hésite pas à les servir :
-Un Martini blanc ?
Silence. Vincent, un écrivain à la quarantaine bien passée, élégant dans son costume qui cache un corps un peu bedonnant, le scrute.
–Tu te rappelles de cela ?
–Oui, et de deux ou trois autres trucs.
Premiers regards croisés… déjà ivres d’exaltation. Subtilité des corps et des âmes qui se tiennent à distance par pudeur, par peur, par orgueil.
–À quoi buvons-nous ?
Stéphane, enfoncé dans un fauteuil de cuir, à l’autre bout de la pièce, prend la mesure et tente de se rassurer sur l’effet qu’il produit sur Vincent.
Caché derrière le bar qu’il ne décide pas à quitter, Vincent ouvre la danse
–À nos amours, pourquoi pas ?
Le tempo est donné. À la mesure de la passion, ils examineront leur passé, reviendront sur leur rupture, s’essouffleront dans leurs mensonges, balanceront entre provocations, révélations et aveux pour, dans un mouvement, tanguer vers l’amour. Un pas en avant, deux pas en arrière… y parviendront-ils ?
Solidement interprétés par deux comédiens très « justes », ce texte intense et sensible sur la passion, de Philippe Besson, résonne plus vrai que nature. Côté scénographie, de jolies trouvailles avec notamment un astucieux jeu de lumières mettant en relief les monologues intérieurs et donnant une belle intensité à la pièce.
Signé Carole !
31 rue de la Gaîté, 75014 Paris
Du mardi au samedi à 19h
Dimanche à 15h30
Crédit photos : Véronique Vercheval