IL NE FAUT JURER DE RIEN – THÉÂTRE 14

♥♥♥  Premier ou deuxième (selon l’ordre que l’on a choisi) volet du cycle consacré à Alfred de Musset par le metteur en scène et scénographe Éric Vigner, cette comédie alerte met en scène un jeune dandy libertin, Valentin (Nathan Moreira, remarquable d’aisance !), bien décidé à ne jamais subir le sort des hommes mariés, tous trompés par leur femme selon lui. Mais son oncle, le riche négociant Van Buck (Paolo Malassis, très bien), désireux de ne plus éponger ses dettes, lui a déjà trouvé un excellent parti, Cécile, et a arrangé le mariage avec sa mère, la baronne de Mantes.

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IL FAUT QU’UNE PORTE SOIT OUVERTE OU FERMÉE – THÉÂTRE 14

♥♥♥ Dans le cadre du Centre de recherche et de création théâtrale de Pau, consacré au répertoire du XVIIe au XIXe siècle, le metteur en scène et scénographe Éric Vigner a revisité deux œuvres d’Alfred de Musset qu’il présente actuellement au Théâtre 14, souhaitant apporter au public un éclairage renouvelé sur son répertoire à la fois méconnu et complexe.

Avec Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, il signe une adaptation originale et brillante de cet adage d’Alfred de Musset en un acte, illustrant les atermoiements de l’amour. Cette joute verbale (et gestuelle, ici) entre deux personnages au faîte de leur maturité, une marquise et un comte, retenus ensemble dans le salon de la première entre deux orages, prend des accents contemporains grâce à une scénographie épurée et séduisante. Au fur et à mesure que la pièce avance et que leurs sentiments se dévoilent, les comédiens glissent sur la scène pour ouvrir et fermer en alternance de grands panneaux coulissants. Leurs silhouettes élégantes et stylisées se découpent en ombres chinoises sur un écran lumineux.

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DÉCONNECTÉS – THÉÂTRE LA BOUSSOLE

♥♥♥Du fait d’une interruption de sa box, Nicolas, un sexologue asocial et grognon, un peu frigide sur le plan des émotions, se retrouve coupé d’Internet. C’est le moment que choisit sa sœur, la toujours enthousiaste Sophie, pour débarquer afin de lui présenter son tout nouveau petit ami, Dimitri, rencontré sur un site, accompagnée de son amie Jen (pour Jennifer), complètement accro aux réseaux sociaux. En voyant tous ses invités rivés sur leurs portables, Nicolas, exaspéré par la tournure que prend la soirée, les met au défi de s’en passer pendant une heure et les enferme dans son coffre-fort. Confisqués les joujous techno, retrouvons la joie de communiquer en direct ! Mais contre toute attente, ce sevrage obligé va déclencher une série d’événements aussi inattendus qu’hilarants.

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VOUS N’AUREZ PAS MA HAINE – THÉÂTRE ACTUEL LA BRUYÈRE

♥♥♥♥ Adapter au théâtre le livre d’Antoine Leiris, écrit après l’attentat du Bataclan, en 2015, dans lequel il a perdu sa compagne, Hélène, n’est pas une chose aisée. D’autant qu’une adaptation a déjà été créée, en 2017, avec Raphaël Personnaz, qui a connu un grand succès. Mais c’est sans doute la force de ce livre de continuer son existence propre – indépendamment de celle de son auteur –, pour raconter avec des mots aussi sensibles que puissants, comment un homme, journaliste et maintenant écrivain, a refusé de céder à la haine pour faire de sa tragédie personnelle une histoire de deuil comme les autres, au-delà du contexte terroriste. Comme il le dit fort justement, une perte, qu’elle soit liée à un attentat, à un accident ou quoi que ce soit d’autre, est une fatalité qui peut nous toucher à n’importe quel moment de notre existence, et cela reste une douleur incommensurable.

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PEU IMPORTE – LA SCALA PARIS

♥♥♥ « Peu importe » : l’expression reviendra plusieurs fois au cours de la pièce dans la bouche de l’un ou l’autre des personnages, traduisant l’agacement devant l’échec de toute tentative de communication. Dans cette pièce, traduite et orchestrée avec brio par Robin Ormond, le dramaturge allemand contemporain Marius von Mayenburg (remarqué notamment pour Le Moche) dissèque l’usure de la relation dans un couple, voué à se jeter à la tête les mêmes reproches, à répéter le même conflit, comme dans un cycle infernal.

La pièce s’ouvre avec le retour de Simone d’un voyage d’affaires auprès de son époux, Erik, qui travaille à la maison et s’occupe de leurs enfants. Un couple « à l’avant-garde », comme aime à le répéter Simone. Un partage des rôles équitable en apparence mais qui, très vite, se révèle asphyxiant pour lui comme pour elle. Dans une parodie de couple uni, elle lui a rapporté un cadeau qu’il n’a visiblement pas envie de découvrir. Au milieu d’un décor encombré de paquets aussi nombreux qu’inutiles (symbole de la société de consommation), va se dérouler à un rythme très soutenu un tête-à-tête qui vire rapidement à l’affrontement, dans une langue acérée qui souligne la mauvaise foi, les incohérences et les contradictions de chacun.

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LA FOLLE JOURNÉE OU LE MARIAGE DE FIGARO – LA SCALA PARIS

♥♥♥♥ Pour notre plus grand plaisir, Léna Bréban s’est emparée de la célèbre pièce de Beaumarchais, écrite juste avant la Révolution, dénonciation mordante des rapports de domination entre maîtres et domestiques, mais aussi entre hommes et femmes. Son adaptation en souligne toute l’actualité à notre époque post-MeeToo. Ainsi, les femmes luttent chacune à leur manière pour repousser ceux qui les harcèlent et arriver à leurs fins : Suzanne, la camériste, désireuse d’épouser le valet Figaro, dont elle est amoureuse, doit ruser pour échapper aux assauts du comte, qui aimerait bien exercer son « droit de cuissage » sur elle ; quant à la comtesse, elle est victime de la jalousie de son mari (qui la délaisse) vis-à-vis de Chérubin, tout feu tout flamme à la vue d’un simple jupon féminin. D’autres personnages hauts en couleur (notamment celui de Marceline, interprétée par Annie Benoît, savoureuse en vieille fille qui a jeté son dévolu sur Figaro) viennent enrichir ce réjouissant jeu de dupes.

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TUTU – LE THÉÂTRE LIBRE

♥♥♥♥ Créé en 2014, pour les 20 ans de la compagnie Chicos Mambo, fondée par Philippe Lafeuille, et aujourd’hui succès international, le spectacle Tutu revient au Théâtre libre. Si, comme moi, vous aviez raté les précédents spectacles, ne passez pas à côté de ceux-ci !

Revisitant avec malice les incontournables de la danse classique, contemporaine et populaire (on reconnaîtra au passage un célèbre show télévisé), le chorégraphe et ses six danseurs nous embarquent pendant une heure vingt dans un spectacle étourdissant de drôlerie, de glamour et de performance technique. Sans oublier une touche de poésie apportée par la lumière qui sculpte habilement les corps des danseurs.

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VERTIGE (danse) – GRAND PALAIS

♥♥♥♥ Le temps de quelques soirées de juin, la nef du Grand Palais s’est transformée sous nos yeux ébahis en une immense volière bruissant de musique et de mouvements aériens. Sous la direction du performeur Nathan Paulin, huit voltigeurs et highliners, vêtus de blanc, ont évolué au-dessus du public avec une légèreté et une grâce incroyables, faisant osciller les sangles tendues de part et d’autre de la verrière. Rien ne semblait troubler la quiétude de ces drôles d’oiseaux perchés au-dessus du vide.

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UN FIL À LA PATTE – THÉÂTRE LE LUCERNAIRE

♥♥♥♥ Quel est donc ce fil à la patte dont on parle ? C’est celui qui lie le jeune et ambitieux Bois-d’Enghien à Lucette, la chanteuse de cabaret, aussi célèbre pour ses chansons que pour ses tocades amoureuses et son tempérament de feu. Situation on ne peut plus épineuse pour lui, car il a d’autres aspirations : il doit se marier le soir même avec la fille de la baronne Duverger et veut annoncer à sa maîtresse, très amoureuse de lui, qu’il la quitte.

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OÜM (Danse) – MUSÉE DU QUAI-BRANLY

♥♥♥♥ « J’entends une voix qui appelle au milieu de la nuit. / Elle crie de l’au-delà : “Gens insouciants, / Réveillez-vous et remplissez le verre du désir / Avant que ne remplisse le verre de la vie, la main du destin.”»
Les  144 Quatrains du poète persan Omar Khayyam, dont est tiré cet extrait, ont servi de source d’inspiration à Fouad Boussouf, chorégraphe et directeur du Phare-Centre chorégraphique national du Havre Normandie, pour ce spectacle. Après Feû, en hommage à sa mère, présenté précédemment dans le cadre du musée du Quai-Branly, il nous offre cette fois une création dédiée à son père. Celui-ci était un fervent admirateur de la diva égyptienne Oüm Kalthoum (qui commença sa carrière au milieu des années 1920), dont la voix ample et le pouvoir d’improvisation électrisaient littéralement les foules.

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