LA PETITE FILLE DE MONSIEUR LINH – LE LUCERNAIRE

♥♥♥ La petite fille dont parle le titre, c’est cette enfant minuscule, si gentille et si tranquille, nommée Sang Diû (« Matin doux »), que M. Linh tient serrée dans ses bras et sur laquelle il veille tendrement. M. Linh, qui a fui son pays natal à cause de la guerre et qui a perdu toute sa famille, hormis cette enfant. Il débarque quelque part en Occident, dans un pays dont il ne connaît pas la langue et qui lui semble froid et inhospitalier.

Grâce à une rencontre inattendue sur un banc, M. Linh va retrouver un peu d’empathie et de chaleur humaine. Bark est devenu veuf récemment et a besoin de parler, de se confier. Bark et M. Linh, c’est l’histoire de deux solitudes qui se rencontrent et vont s’épauler, se réchauffer mutuellement malgré leurs différences. Ces deux-là se comprennent au-delà des mots. Seuls les gestes d’amitié comptent : une main posée sur une épaule, un paquet de cigarettes offert à Bark, une robe pour la précieuse petite fille de M. Linh.

Sur la scène, juste un banc, une valise et une cage qui oscille doucement. La metteuse en scène Célia Nogès joue sur les effets de lumière à travers des voilages, des sons assourdis et des musiques, pour suggérer plus que pour montrer, créant ainsi une ambiance intimiste.
De sa voix grave, Sylvie Dorliat nous fait entrer dans le beau texte de Philippe Claudel, plein de sensibilité. Avec une aisance confondante, elle se glisse tour à tour dans la personnalité de M. Linh, tout en retenue et en fragilité, ou dans celle de Bark, qui occupe l’espace avec ses gestes larges et sa voix tonitruante.

Si ce sujet nous touche de manière encore plus accrue aujourd’hui, c’est parce qu’il évoque une situation que nous ne connaissons que trop bien. Celle des exilés contraints de fuir leur pays pour des raisons politiques, de guerre ou de famine, qui arrivent dans des pays dont ils ne connaissent ni la langue ni le climat, encore moins les coutumes. C’est une histoire de déracinement, de choc entre deux cultures, qui parle de la détresse des nouveaux arrivants confrontée à l’incompréhension des habitants du pays dit « d’accueil ». Une histoire éminemment humaine. La nôtre.

Courez voir ce petit bijou de délicatesse mis en valeur par l’écrin du Lucernaire.

Le billet de Véronique

LA PETITE FILLE DE MONSIEUR LINH

Le Lucernaire, 66 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris (Métro Notre-Dame-des-Champs).

Du mardi au samedi à 19 h 30, dimanche à 15 h 30.

Jusqu’au 11 octobre 2020.

Crédit photo : David Dubost

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