♥♥Le Feu du Poète est le quatrième seul en scène de Jean-Baptiste Ponsot sur la poésie. Il nous guide à travers les textes de cinq poètes et penseurs du XXème siècle : Baudelaire, Rimbaud, Hugo, Nietzsche, Whitman. Ce qui intéresse l’interprète, qui est également le créateur et le metteur en scène de ce spectacle, c’est la relation de ces poètes, dans leurs textes, à l’absolu, à l’infini, à ce qu’il nous semble que nous ne pourrons jamais atteindre.
Ponsot incarne véritablement les textes, et c’est rafraîchissant. Il les possède parfaitement et tout son corps, tous ses gestes participent à créer du sens sans jamais l’obscurcir. Peut-être certains gestes se répètent trop souvent, mais pas au point de devenir irritants. Il ne récite pas, dans une tour d’ivoire, des vers sacrés qu’il nous faudrait recevoir comme venant d’un autre monde : il nous parle à nous, aux spectateurs. Son intention est bien de désacraliser ces poètes, et c’est réussi. On se rend compte que ce qui préoccupait ces génies nous préoccupe nous aussi intimement : notre condition humaine, sa fragilité et sa toute-puissance.
Quelque chose me dérange pourtant dans la conception du spectacle. Ponsot assure dans la note d’intention du dossier de presse qu’il « ne s’agit pas, dans ce spectacle, d’établir une hiérarchie entre ces poètes […] Mais de tenter d’exprimer, à travers le choix des poèmes et de leur agencement (de la chute à la célébration), qu’une autre perception de l’Homme, plus profonde, plus haute, et surtout plus heureuse, est possible. » Les poésies présentées participent donc d’un discours rhétorique qui a pour fin une conclusion morale, ce qui réduit les poèmes à la conception du monde de leurs créateurs. Ainsi, Ponsot ne nous fait pas vraiment entrer dans l’univers personnel de chaque poète et l’on passe à côté de leurs beautés originales.
Chacun tirera quelque chose de ce spectacle, quel que soit son niveau de familiarité avec ces poètes. Le but moral du spectacle est un peu déplacé à mon goût car l’on parle de poésie, d’univers artistiques et non pas de philosophie. Cependant, Ponsot a de bonnes intentions et beaucoup de talent. Il mérite plus d’attention et je suis curieuse de voir ce qu’il fera par la suite.♦
Le billet de Claire
Studio Hébertot, 78 bis Boulevard des Batignolles, 75017, Paris (M° Villiers/Rome)
A partir de 9 septembre 2017 – Les samedis à 15h