♥♥ Un condamné à mort aux dernières heures de sa vie rédige son journal intime où il relate avec détails et émotions les six dernières semaines de sa vie, du début de son procès jusqu’au moment de son exécution. Mais quel crime a-t-il commis pour être condamné à la peine capitale ? Nul ne le sait, nul ne le saura. Ainsi sera respectée la volonté de Victor Hugo, auteur de ce plaidoyer contre la peine de mort.
Ce texte, adapté par David Lesné, est mis en scène par François Bourcier (nous l’avions admiré voici quelques mois dans « Résister, c’est exister ») et interprété par William Mesguich.
Le projet est audacieux, c’est certain. Mais pourquoi illustrer la bande son de la musique d’Éric Satie et autres compositeurs modernes ? Pourquoi à chaque fin de chapitre faire tomber et retomber au sol le condamné sous les lumières de néons fluo bleu/vert ? Pourquoi intégrer le poème le plus connu des Contemplations « Demain, dès l’aube… » alors qu’il n’a aucun lien avec cette œuvre de Victor Hugo ? Pourquoi clore le spectacle avec le rappel que la peine de mort a été abolie en France en 1981 par l’entremise de Robert Badinter ? Le texte de ce plaidoyer contre la peine de mort ne se suffisait-il pas à lui-même pour en rajouter dans des effets inutiles de mise en scène, des longues projections de films vidéos sans grand intérêt?
Si le spectateur reste attentif au tourbillon de mots auxquels s’accrochent le condamné comme pour grappiller quelques instants supplémentaires d’humanité et de vie, il aurait sans doute apprécié plus de sobriété dans la mise en scène pour mieux en apprécier le sens, en goûter l’émotion, en rechercher les valeurs fondamentales. Cette tempérance lui aurait laissé plus de liberté pour lire par lui-même dans les traits, le regard, la voix, les silences du condamné sa décomposition morale au fil des heures et des minutes qui s’écoulent avant que la lame de la guillotine vienne trancher sa jeune existence.
« Le dernier jour d’un condamné » reste à voir pour la prestation talentueuse de William Mesguich et pour (re)découvrir le texte de Victor Hugo… A moins de choisir de le lire dans le creux d’un bon fauteuil, éloigné de toutes nuisances sonores et lumineuses inutiles qui enlèvent une grande part de l’émotion produite par la beauté du texte original.♦
Le regard d’Isabelle
Studio Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris (Métro : Villiers / Rome)
Jusqu’au 3 novembre 2017
Du mardi au samedi à 19 h, le dimanche à 17h30
Durée : 1h15
Crédit photos : Chantal Depagne
Un très beau texte…
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