COUPURES – THÉÂTRE DE L’ŒUVRE

♥♥♥ Ce soir, dans l’assistance, personne n’y comprend plus rien. Comment Fréderic, maire écologiste, agriculteur, jeune père de famille, engagé, rêveur, pour le recyclage, les circuits courts, les pistes cyclables et le festival de musique débranchée… Bref, comment Fréderic a-t-il pu décider seul, et dans le secret, du déploiement de la dernière génération d’antennes-relais partout dans la commune ? Y aurait-il de la corruption, voire de la manipulation de la part du conseil municipal ?

Écrite et mise en scène par Paul-Éloi Forget et Samuel Valensi, Coupures est une comédie satirique qui interpelle et interroge sur la place du citoyen et de la citoyenne, ou plutôt celle qu’ils n’occupent pas au cœur du débat démocratique. Dans un décor minimaliste, la compagnie La Poursuite du Bleu nous plonge dans le monde rural où l’incursion des nouvelles technologies modifie le paysage, mais aussi le débat d’idées et la prise de décision des instances démocratiques.

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LE DERNIER CÈDRE DU LIBAN – THÉÂTRE DE L’ŒUVRE

♥♥♥♥ Eva, très intelligente mais surtout très en colère, est une jeune pensionnaire du centre d’éducation fermé pour mineurs de Mont-de-Marsan. Abandonnée à la naissance, elle ne connaît rien de ses parents. Pourtant, ce jour-là, convoquée chez le notaire, elle reçoit son héritage : des dizaines de microcassettes et un dictaphone – la voix de sa mère sur des heures et des heures d’enregistrement. La guerre du Liban, le discours de Yasser Arafat à l’ONU, la chute du mur de Berlin… Anna Duval était reporter de guerre. Eva plonge alors dans toute une décennie de journalisme pour découvrir sa propre histoire.

Le Dernier Cèdre du Liban nous fait voyager de pays en pays, de conflit en confit pour nous dépeindre la réalité quotidienne des reporters de guerre en suivant Anna sur plusieurs terrains d’opération. Parallèlement, Eva est en quête de comprendre pourquoi sa mère l’a abandonnée à sa naissance.

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AMIS POUR LA VIE – THÉÂTRE DE L’ŒUVRE

♥♥♥ Claire (Alysson Paradis) et Richard (Davy Sardou) reçoivent à dîner un couple d’amis de longue date, Mathilde (Marie-Ange Casta) et Christophe (Julien Personnaz). La soirée suit son cours, apparemment sans embûche, dans une certaine gaieté et bonne humeur, jusqu’au moment où une révélation inattendue vient tout bouleverser…

Lors des premières scènes, Amis pour la vie, écrite et mise en scène par Bertrand Marcos, apparaît comme une comédie contemporaine assez classique. Soudainement, une situation conflictuelle inattendue envoie valser le prétendu bonheur amoureux et amical des deux couples d’amis, l’occasion inopinée pour chacun d’exprimer ses ressentis. Après la tempête des silences brisés et des colères libérées, que restera-t-il de leurs amours et de leurs amitiés ?

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ZOUROU, AU-DELÀ DES MOTS – THÉÂTRE DE L’ŒUVRE

♥♥♥♥(♥) Lola, une jeune fille de 13 ans atteinte d’un trouble sévère du langage, est une adolescente pleine de fougue et de fantaisie, malgré les obstacles qu’elle rencontre. Dans sa chambre, la danse est un refuge où elle peut s’exprimer librement. Son père Pierre, l’élève seul, et par un trop-plein d’amour et de volonté de bien faire, ne s’aperçoit pas que sa petite fille grandit. Ce duo père/fille va voir sa vie bousculée par l’arrivée de Jeanne, la compagne de Pierre, et de Jérémie, le nouvel orthophoniste.

Inspirée d’une histoire vraie, Zourou, au-delà des mots offre un regard intime et poétique sur le handicap d’une rare sensibilité. Dès les premiers instants, on prend une véritable claque. Non, un vrai uppercut. Un pur bonheur. Ni lieu commun, ni misérabilisme. Seulement de la résilience et de l’émotion à chaque scène. Le tout est plein de justesse, authentique. L’accompagnement de Lola dans son apprentissage du langage et de la vie se fait avec douceur et empathie de la part de tous ceux qui l’entourent. Un engagement de chaque instant tous les jours de leur vie.

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L’EFFET MIROIR – THÉÂTRE DE L’ŒUVRE

♥♥♥ Théophile est un écrivain à succès sur le déclin. Il retrouve enfin son inspiration avec l’écriture d’un petit conte poétique et aquatique. Mais l’interprétation du texte par ses proches se révèle cataclysmique : ils se reconnaissent terriblement dans les personnages d’oursins, poulpes et autres créatures marines, décelant dans les métaphores des messages cachés. Ce soir, ils se réunissent autour d’un dîner pour régler leurs comptes…

Théophile, pour la première fois de sa vie d’auteur, écrit sans stratégie commerciale. Il laisse son inconscient le guider naïvement et se réjouit de partager son petit conte aquatique avec son entourage. Erreur. Plus la métaphore est onirique, plus son entourage s’estime attaqué et se sent obligé de répliquer. Laisser libre cours à son inconscient ne conduit-t-il pas l’auteur à mettre en lumière des non-dits et secrets inavouables que notre confort préfère ignorer ? Les remises en question des uns et des autres (comme celles des spectateurs) n’ont pas pour objectif de mettre chacun d’accord mais de s’interroger sur ses comportements et ses ressentis.

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LA DÉLICATESSE – THÉÂTRE DE L’ŒUVRE

♥♥♥♥ Au départ… C’est une histoire d’amour « évidente » : Nathalie et François sont heureux, ils s’aiment. Ils ont la vie devant eux. Un jour, François décède brutalement dans un accident. Comme on se perd soi-même après un drame, s’ensuit pour Nathalie une longue traversée du désert. Son cœur devient une forteresse, sa vie une routine sans âme. Elle va devoir réapprendre à vivre, presque malgré elle. Jusqu’au jour où elle rencontre Markus, un collègue, un homme simple, délicat, mais bien loin des canons de beauté. Sur un bienheureux malentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour lui, c’est un signe du destin. Aussi, malgré sa timidité, il se lance à sa conquête… avec délicatesse.

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LE SOURIRE AU PIED DE L’ÉCHELLE – THÉÂTRE DE L’OEUVRE

thumbnail♥♥♥♥Auguste, être solaire, nous raconte ses aventures sur la piste d’un cirque, les errances de son existence, les luttes contre ses contradictions, voire sa propre hypocrisie. Lire la suite

SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE – THÉÂTRE DE L’OEUVRE

vz-057c4dc0-b989-421f-b292-0834a1fcaaae♥♥ Ni déçue, ni conquise par « Scènes de la vie conjugale » à l’affiche du théâtre de l’Oeuvre. La pièce, mise en scène par Safy Nebbou, est inspirée du célèbre film éponyme du cinéaste suédois Ingmar Bergman (1973). Johann (Raphaël Personnaz) et Marianne (Laetitia Casta) sont mariés depuis dix ans, ont deux filles et semblent filer le parfait bonheur. Pourtant, l’amour a cédé la place à une certaine routine, les cœurs et surtout les corps ne se rencontrent plus, et les failles se font jour. Lui la quitte et c’est le départ de vingt années chaotiques, durant lesquelles le couple n’arrive plus à communiquer, se désunit, se meurtrit, se déchire, se retrouve. Autopsie d’un couple à la dérive à coups d’engueulades, de confidences, de tension sexuelle…jusqu’à une happy end ? Débat passionné entre les blogueurs présents ce soir là….

Beau spectacle mais …froid !! Beau car le texte est magnifique et le couple de comédiens pour le moins photogénique. Raphaël Personnaz sert superbement son personnage de mari lâche et faible, perdu dans ses choix, voulant rester maître de la situation. Sans conteste un grand comédien, une grande présence! Sa partenaire Laetitia Casta offre quelques très bons moments mais donne l’impression d’être un peu trop sage, un peu trop sur la réserve là où l’on attendrait plus tempétueuse et volcanique. C’est le choix de Safy Nebbou qui a misé sur une mise en scène ultra minimaliste pour révéler toute la puissance du texte (intéressant) mais dans un décor absolument glacial (dommage). Une pièce qui ne démérite pas mais qui ne m’a pas emportée. ♦

Signé Elisabeth 

SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE 

Théâtre de l’Oeuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris (métro Place de Clichy)

Du mercredi au samedi à 21h00 et du samedi au dimanche à 17h00 • Jusqu’au 30 avril 2017

Crédit Photos : Pascal Victor/ArtComPress

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LA DERNIÈRE BANDE – THÉÂTRE DE L’OEUVRE

derniere-bande-weber170Il est déjà sur scène quand le public s’installe. Alors que la salle s’éteint doucement et que les derniers chuchotements cessent, un halo de lumière d’une vieille lampe industrielle éclaire un homme avachi sur un bureau couvert d’un désordre de boîtes de métal. Il relève péniblement la tête pour se présenter à nous : le crâne dégarni, les cheveux blancs ébouriffés, les yeux à demi-clos par la lumière crue, le visage ridé, grimé de blanc, le nez rouge…Ce vieux clown pathétique et solitaire prêterait même à faire sourire mais l’émotion nous étreint déjà. Irrésistiblement. « La Dernière Bande » – écrit en 1958 – raconte l’histoire de ce vieil homme, Krapp, qui chaque année, le jour de son anniversaire, enregistre les souvenirs qui ont marqué son année écoulée. Mais ce soir-là, alors qu’il s’apprête à enregistrer, il va écouter une « dernière bande », celle-là même enregistrée trente ans plus tôt -alors qu’il avait 39 ans – et replonger dans les souvenirs de sa vie, faite de vaines illusions, de remords, de regrets, et d’un amour féminin définitivement perdu. Théâtre minimaliste par excellence, « La Dernière Bande » explore les thèmes chers à Beckett : la vieillesse et l’absurdité de l’existence.

Une heure de théâtre exceptionnelle ! Jacques Weber, méconnaissable, offre une interprétation d’une justesse et d’une densité remarquable. Les déplacements sont lents, les gestes précis, il faut voir le comédien occuper l’espace, se déplacer, tituber, s’écrouler, coller l’oreille à la baffe, les yeux noyés par l’émotion à l’écoute de sa vie passée. Mélange de burlesque et de grandeur, de quotidienneté et de sublime, il offre au personnage une profondeur inouïe, balloté entre son présent misérable et un passé fantasmé. Avec un dispositif scénique réduit au minimum (une lampe, un bureau, un magnétophone), le metteur en scène allemand Peter Stein propose une adaptation qui fera date et un grand moment de théâtre. 

Signé Elisabeth

LA DERNIÈRE BANDE

Théâtre de l’Œuvre, 55 rue de Clichy, Paris 9eme

Du mardi au samedi à 21h • samedi à 18h et le dimanche à 15h

Durée : 1 heure 

Crédit photos : Dunnara MERAS

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HOME – THÉÂTRE DE L’OEUVRE

home170Singulier et attachant spectacle que « Home » actuellement au théâtre de l’Oeuvre qui ne devrait laisser aucun spectateur indifférent. Disons-le tout net : on adore ou on s’ennuie devant ce nouvel opus de Gérard Desarthe (après « Ashes » l’an dernier au même théâtre de l’Oeuvre). Personnellement, j’ai trouvé la pièce intéressante et bien défendue par un casting solide (Gérard Desarthe, Carole Bouquet, Pierre Palmade, Valérie Karsenti et Vincent Deniard). « Home » écrit en 1970 par David Storey, nous plonge au cœur d’une Angleterre no man’s land dans l’arrière cour sordide et misérable d’une maison de santé psychiatrique. Le mot ne sera pour autant jamais cité. Deux pensionnaires, Harry (Gérard Desarthe) et Jack (Pierre Palmade), plutôt bien mis, chapeautés et canne en main, viennent y prendre le soleil un moment et s’y attardent pour échanger banalités, parler pluie et beau temps et relater quelques anecdotes sur leur famille. Alors qu’ils quittent leur chaise après un long dialogue sans intérêt, ils sont bientôt remplacés par deux femmes, Kathleen (Carole Bouquet) et Marjorie (Valérie Karsenti), sans âge, déglinguées, foutrac, puis par Alfred (Vincent Deniard) un autre pensionnaire des lieux,  un colosse au costume de lutteur, paumé, lunaire, l’œil baladeur. Point de réelle action ici, l’histoire de cette petite « humanité » s’articule autour de petits évènements qui rythment la journée pour combler le vide de leur existence : chercher des chaises pour prendre le soleil, se presser à la cantine, regarder les autres passer, parler de tout et de rien.

A travers les errances et les désillusions de ses cinq personnages démunis, paumés, inadaptés, David Storey questionne nos propres désillusions face à une sociéte en perte de repères et de sens. On est assez proche d’un univers à la Ionesco, absurde et très profond en même temps. La mise en scène de Gérard Desarthe est juste et reflète bien le mal-être et malaise des personnages en proie à leurs doutes et angoisses. De nombreuses critiques ont salué la performance de Pierre Palmade mais ma palme personnelle irait plutôt à Gérard Desarthe, formidable de justesse psychique et gestuelle dans son rôle d’inadapté qui essaye de donner le change. Le binôme féminin fonctionne peut-être un peu moins bien, tant les personnages ont l’air sûr d’elles pour être complètement crédibles dans les personnages paumés qu’elles sont censées interpréter. Une pièce toute en nuances qui peut désorienter mais ne manque pas d’intérêt.

Le point de vue d’Elisabeth 

HOME

Théâtre de l’Oeuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris

Du mardi au samedi à 21h

Matinées le samedi à 16h et le dimanche à 15h

Jusqu’au 20 décembre 2015

Durée : 1h30

Crédit photo : Dunnara Meas 

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