♥♥♥ Guy de Maupassant entame une rude plongée dans son intimité. Ses pensées sont confuses, dérangeantes, destructrices. Le génie littéraire est amoureux de toutes les femmes, qu’elles soient filles de joie, bourgeoises ou roturières. Dans quelques jours, Maupassant sera emporté par la syphilis (appelée aussi grande vérole).
Tel un rêve éveillé, sa raison se dissout dans un tourbillon amoureux de gestes et de paroles avec Solange, une charmante apparition. Auprès d’elle, son imaginaire, parfois bouillonnant, souvent délirant, toujours fascinant, se délite alors que la maladie tord son corps de douleur et harcèle son esprit d’hallucinations. Tous les traitements antidouleurs se révélant inefficaces, il se conforte dans les plaisirs du sexe et du verbe auprès de son âme sœur.
♥♥♥« Pompon » est l’adorable sobriquet dont l’honorable Voltaire (Yvan Varco) affuble sa bouillante maîtresse, la très érudite Émilie du Châtelet (Anne Deleuze).
Pompon et Voltaire, voilà le couple le plus brillant, le plus intelligent, le plus drôle, le plus torride du XVIIIe siècle. Une liaison scandaleuse mais reconnue, acceptée par l’opinion publique comme par le Roi car scellée par le génie. Ces deux belles âmes ne pouvaient que se rencontrer, se confronter, s’adorer sur l’autel des Lumières et le lit de l’amour pendant plus de quinze ans. Assistons au feu d’artifice de leur esprit et intelligence dans l’intimité de leurs conversations nourries d’affection amoureuse réciproque.
Voilà une pièce pétillante, pleine de drôlerie et d’esprit, qui nous est servie par une sobre mise en scène d’Anne Bourgeois, dans un décor quelque peu hétéroclite, mais interprétée par des comédiens bourrés de talent et de bonne humeur. On sort grandi et heureux du bonheur qui nous a été si généreusement offert lors de cette joute savante autour de… la recherche du bonheur. Dans le salon du château de Cirey, on découvre la complicité de ce célèbre couple, Voltaire au quotidien et Emilie du Châtelet à la personnalité sulfureuse et libre de toute attache mais surtout l’étendue de son savoir scientifique, son combat pour l’égalité des droits civiques et intellectuels des femmes et des hommes. Le public peut regretter de perdre parfois le fil de leur débat un peu trop philosophique aux dialogues trop denses, faisant allusion à de nombreuses controverses (Rousseau et autres).
Une petite pépite de théâtre à déguster sans modération jusqu’au 13 novembre 2016 au Studio Hébertot.