ON PURGE BÉBÉ – THÉÂTRE DE L’ATELIER

ONPURGEBEBE_NEW_HORAIRES_Md♥♥♥♥ Qui ne connaît pas le thème de ce célèbre vaudeville de Georges Feydeau ? Une scène de ménage hilarante entre Follavoine, un fabricant de porcelaine pas très finaud, et sa femme Julie, une mégère (à peine) apprivoisée, qui ne pense qu’à la santé de leur rejeton de 7 ans, surnommé Bébé. Leur dispute est interrompue par l’arrivée de M. Chouilloux, haut fonctionnaire de l’État, invité à déjeuner par Follavoine, qui espère le convaincre de lui attribuer un juteux marché de pots de chambre pour l’armée. Malheureusement pour lui, Julie, déterminée à purger Bébé, et celui-ci, bien décidé à ne pas se laisser faire, vont faire déraper la situation à la limite de la folie furieuse.

Comme souvent chez Feydeau, sous le comique de situation pointe la comédie de mœurs. Il tourne en dérision la médiocrité de la vie bourgeoise. L’enfer c’est le couple ! Follavoine (Éric Prat) symbolise l’entrepreneur arriviste et égoïste, imbu de sa réussite matérielle. Julie (Émeline Bayart), toujours au bord de l’hystérie, se venge de sa vie domestique en tyrannisant son mari. Quant à M. Chouilloux (Manuel Le Lièvre), malgré sa situation sociale enviable, il est cocufié au vu et au su de tous.

La musique adoucit les mœurs

Pour sa première mise en scène, Émeline Bayart a décidé de dynamiter les codes de cette pièce somme toute « classique ». Le décor délicieusement Belle Époque contraste avec la frénésie des situations.

Première surprise : en guise de prologue, une chanson d’opérette, interprétée avec brio par elle-même (elle collabore avec l’Opéra-Comique). Elle renoue ainsi joliment avec la tradition des « comédies vaudevilles », vers 1782, qui étaient entrecoupées de chansons. Quant à l’intrigue, elle se déroule à un rythme échevelé, emportée par la verve comique de Feydeau, qui fait monter le rire crescendo jusqu’à l’explosion finale.

La mise en scène d’Émeline Bayart fourmille d’inventivité. Elle a eu ainsi la bonne idée de ponctuer de couplets de l’époque les situations les plus paroxystiques. Chantés par Éric Prat (Follavoine) ou elle-même, ils soulignent avec dérision les tourments intérieurs de ses personnages et font retomber un peu la tension sur le plateau. Autre idée originale : confier le rôle du « vilain garnement » à Valentine Alaqui, très convaincante avec ses mimiques outrées et sa gestuelle expressive.

La metteuse en scène et ses talentueux interprètes (n’oublions pas Delphine Lacheteau, Thomas Ribière et Manuel Pekine, au piano) réussissent ainsi le tour de force de redonner à cette pièce, si souvent jouée, de la fraîcheur et de la modernité.

Comme disait si justement Goldoni : « Si les Français perdent une bataille, une épigramme les console ; si un nouvel impôt les charge, un vaudeville les dédommage ; si une affaire sérieuse les occupe, une chansonnette les égaye (…). »

Alors, égayons-nous !

Le billet de Véronique

ON PURGE BÉBÉ

Théâtre de l’Atelier, 1, place Charles-Dullin 75018 Paris (Metro Anvers)

Le jeudi à 18 h 30, Les samedi et dimanche à 15 h

Durée : 1h20

Jusqu’au 29 novembre 2020

Crédit photo : Caroline Moreau

DEV BD-ON PURGE BEBE Versailles F -02-01061-1001

2 réflexions sur “ON PURGE BÉBÉ – THÉÂTRE DE L’ATELIER

  1. Bravo, Véronique, pour cette chronique enlevée qui nous donne une folle envie de revoir cette pièce délicieuse !

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