LE DERNIER JOUR DU JEÛNE – THÉÂTRE DE PARIS

03899fd450d61684b7f8fc550322♥♥♥ Quelque part sur les rives de la Méditerranée, dans un village sans nom aux murs blanchis à la chaux, se trame une vie de quartier émaillée de joies, petits bonheurs, désillusions, de chagrins ou de drames. C’est « Le dernier jour du jeûne » écrit et mis en scène par Simon Abkarian (récompensé aux Molières 2020), qui replonge dans ses souvenirs personnels pour offrir un spectacle qui revisite les codes des tragédies grecques antiques au service d’un théâtre populaire.

Tout part d’une sacro sainte famille, noyau sacré de la culture méditerranéenne. A l’approche de la fin du carême, se présentent à nous Nouritsa (Ariane Ascaride parfaitement à l’aise dans ce rôle de « mamma »au grand coeur), sa soeur Sandra avocate, intellectuelle et engagée féministe, et son mari Théos (belle présence de Simon Abkarian). Et il y a ses deux filles : Zéla et Astrig, la première éternelle promise au grand amour et la seconde, consciente qu’il faudra s’instruire pour échapper au destin des femmes de sa lignée (maison, enfant, ménage), et pour l’heure fiancée au bouillonnant Aris (formidable Assaad Bouab), toujours enchaînée aux jupes de sa mère Vava (qui fait rire la salle à son entrée en scène, l’aisselle pourtant en sang ..). Mais le drame rôde autour de la jeune Sophia, la fille du boucher dont le silence fait pressentir un lourd secret. 

A travers cette chronique de quartier et son entrelacement de récits,  Simon Abkarian explore et questionne plus largement, via ses personnages féminins, la condition des femmes souvent prisonnières de destins tout tracés et d’un patriarcat despotique. Le propos est parfois grave, parfois léger, toujours émouvant et, c’est là, l’une des forces de cette pièce « chorale » : jongler avec bonheur d’un registre à un autre pour mieux faire passer les messages. Dommage néanmoins que la crudité de certains propos ne lui fasse perdre un brin de poésie. L’esprit de troupe, chaleureux, authentique, soudé, à l’image des origines arméniennes et libanaises de Simon Abkarian, transpire du plateau et l’on s’attache spontanément à cette communauté de vie. Mention spéciale pour l’ensemble des comédiens, engagés à 100%. Et même si l’on a regretté certaines longueurs, on s’abandonne bien facilement à la truculence et à la joyeuseté de cet ode à la vie et à l’amour. ♦

Signé Elisabeth

LE DERNIER JOUR DU JEÛNE

Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, 75009 Paris (métro Trinité d’Estienne d’Orves, Blanche, Saint-Lazare)

Jusqu’au 13 décembre 2020

Vendredi 18h, samedi 16h30, dimanche 15h30

Photos : Antoine Agoudjian

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