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« Le théâtre est plus étonnant que jamais »
Comédienne formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, Christiane Millet a présidé pendant quatre ans « La Rue du Conservatoire », l’association des élèves du célèbre « Cons ». Une association fondée sur des valeurs de partage, d’échanges et d’entraide. Histoire, fonctionnement, vocation, Christiane Millet nous fait découvrir les coulisses de cette association animée par des bénévoles. Quelques mois ont passé depuis notre discussion du 9e arrondissement de Paris que nous publions ce jour.
Coup de théâtre : Bonjour Christiane, vous présidez « La Rue du Conservatoire ». Pouvez-vous nous en faire un portrait express ?
Christiane Millet : Une petite précision pour commencer, après quatre années de présidence, je suis désormais présidente par intérim en attendant la nomination de mon successeur. En quelques mots, l’association a été créée en 2005 par des anciens élèves du Conservatoire qui avaient envie de se retrouver toute promotions confondues, de partager leurs expériences, de s’entraider. L’Association est née tout simplement de cette volonté-là. Aujourd’hui, elle est animée par des acteurs en activité qui sont tous bénévoles et quelques élèves du Conservatoire. Nous sommes entre 8 et 10 membres. On se relaye, il y a une vraie circulation des rôles au sein de l’équipe. Nous n’avons pas de lieu dédié même si nous tenons toujours notre Assemblée Générale au Conservatoire. Notre vocation est de transmettre, de partager, d’être solidaire.
Quel est votre rôle ?
C.M.: mobiliser, concerter, organiser, administrer le site avec le Trésorier et la Secrétaire Générale. Et représenter l’association auprès des institutions que nous sollicitons.
Quelles sont les actions concrètes menées par « La Rue Du Conservatoire » ?
C.M.: Promouvoir de jeunes compagnies, des spectacles d’élèves, et les actualités des adhérents qui peuvent poster leurs actualités, échanger sur des forums. Nous constituons également une cagnotte pour aider des comédiens qui peuvent être dans des situations précaires, ou simplement traverser une période difficile. On a organisé par le passé beaucoup de rencontres et de master class, on a mis en place un atelier qui est ouvert à tous « Créer malgré tout », on organise également « des Lectures Vagabondes », un atelier épatant qui permet de faire entendre des textes dans des lieux qui leurs correspondent. Et puis bien sûr, nous établissons un annuaire des Anciens Elèves, riche de plus de 2 000 noms aujourd’hui. C’est une grande richesse d’autant qu’ont été archivés les noms de tous les élèves depuis 1946. Un témoignage historique unique qui en fait un véritable outil de travail utilisé par des directeurs de casting, chercheurs, des étudiants en histoire.

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Vous ne bénéficiez d’aucune subvention.
C.M.: Hélas non, l’association est complètement bénévole ! Je n’ai cessé pendant 4 ans d’essayer d’obtenir des subventions. On a eu des promesses qui ne se sont jamais concrétisées. C’est incroyable qu’une association comme celle-ci ne soit pas dotée.
Comment l’Association accompagne-t-elle les jeunes diplômés ?
C.M.: C’est vrai que les débuts de carrière sont des moments charnières. Nous accompagnons les jeunes diplômés en faisant la promotion de leurs spectacles, en « parrainant marrainant » ceux qui le souhaitent, en leur ouvrant « le bureau des élèves » sur notre site. Dans tous les cas, après le Conservatoire, on intègre généralement le Jeune Théâtre National (JTN) avec qui on est en relation constante. J’ai en tête l’exemple de Pauline Bayle et de son spectacle « L’Iliade et l’Odyssée » qui a bénéficié du support du JTN.
Les illustres Anciens du Conservatoire sont-ils impliqués dans l’Association ?
C.M.: Je dirais attachés plus qu’impliqués. D’abord parce qu’ils ont des emplois du temps très chargés. Mais ils répondent présents en adhérant, en participant financièrement, en se mobilisant. Quand nous avons publié une lettre ouverte au Ministre de la Culture pour demander la protection du bâtiment et refuser sa vente et sa destruction, ils ont tous signé et sont intervenus dans les médias dans un très bel élan. En 48 heures, nous avons obtenu plus de 400 signatures, comme celles d’Isabelle Huppert, Richard Berry, Pierre Niney, Juliette Binoche, Philippe Torreton, Valérie Bonneton, Ariane Ascaride…Absolument tous ont répondu présents d’une façon extraordinaire ! Je n’aurais d’ailleurs jamais continué si je n’avais pas senti ce formidable engouement. Nous avons gagné ! Le classement du bâtiment est aujourd’hui officiel.
Votre ambition pour l’Association ?
C.M. : Mon rêve, c’est que l’association puisse bénéficier d’une subvention pérenne, ce qui est très compliqué. Et que nous parvenions à faire de notre site web un véritable outil, avec un nouveau look, un nouvel hébergeur qu’il soit en interactivité dans les mains de tous les adhérents , amis et élèves, qu’il leur soit utile.
Quelles sont vos satisfactions en tant que Présidente ?
C.M. : Faire partie de la même école, il y a quelque chose du plaisir de se retrouver tout simplement. C’est important de se réunir, de partager, de se retrouver. L’Association est riche d’échanges, de partages, de projets qui naissent. C’est vrai que c’est très agréable. C’est assez facile aujourd’hui de se sentir nostalgique d’un ancien temps, de l’époque des Vitez, Bouquet, etc. Ma grande satisfaction, c’est de suivre ces jeunes générations, comme Pauline Bayle dont on parlait tout à l’heure, ou « Les Bourlingueurs »… Cela m’a, je dirais, « reboostée » et fait comprendre que non le théâtre n’est pas mort, qu’il est plus étonnant et riche que jamais, qu’il y a plein d’idées, plein de jeunes acteurs formidables. Alors, on a envie de les aider ! C’est ça aussi l’Association : tendre la main aux jeunes, leur dire « allez-y », « osez ». C’est une nécessité d’aujourd’hui d’avoir des jeunes artistes talentueux, créatifs, de qualité.♦
Propos recueillis par Elisabeth Donetti en mai 2019.
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