♥♥ Isabelle Carré et Dominique Pinon, mis en scène par Bertrand Marcos, nous invitent à partager l’intimité de l’un des plus grands écrivains du XXème siècle, Franz Kafka, à travers les lettres adressées à sa première fiancée, Felice Bauer, lors de la première année de leur correspondance amoureuse qui durera pendant cinq longues années (1912 – 1917).
Franz Kafka vit à Prague avec sa famille, Felice Bauer vit à Berlin avec les siens. Leurs retrouvailles sont rares, leurs liens sont complexes. Ils s’écrivent quotidiennement, parfois plusieurs fois par jour. Franz Kafka lui adressera plus de 500 lettres ! Il y raconte ses journées passées au bureau dans une compagnie d’assurance, l’écriture de ses œuvres, son attachement à la littérature mais surtout, il lui crie son amour. Le temps lui est compté. Sa vie sera courte et il le sait : la tuberculose pulmonaire le ronge. Il veut tout connaître de la belle Felice jusqu’à son désir qu’elle devienne son épouse…
Chacun de nous rêve de recevoir de si beaux témoignages d’attachement de l’être aimé : attendre fiévreusement le facteur, décacheter les enveloppes et découvrir les prismes du doute, de la folie, de l’espoir. Rechercher furieusement des explications aux silences, aux absences, aux désaccords de son bien aimé.
Le tout aurait pu faire un joli moment de théâtre mais fallait-il que la mise en scène laisse un peu de place au jeu des acteurs. Isabelle Carré et Dominique Pinon ne lèvent quasiment pas les yeux de ces lettres qui lisent les unes après les autres. On aurait apprécié qu’ils abandonnent leurs piles de feuilles de papier pour se regarder, se retrouver, chercher à s’apprivoiser, s’aimer… Mais non, lui est à son bureau ; elle (pourquoi son entrée en scène pieds nus les chaussures à la main ?) debout derrière un fauteuil, assise au bord de la scène puis dans un fauteuil. Et les lettres s’enchaînent… Des accrocs dans la lecture. Et encore des lettres, des lettres… Frantz et Felice, c’est certain, ils s’aiment d’un grand et bel amour mais sincèrement, le parti pris de la lecture, rien que de la lecture, peut ennuyer. Et je me suis ennuyée, tout comme d’autres spectateurs. Cela aurait pu être un joli moment de théâtre si…♦
Le regard d’Isabelle
Théâtre de l’Atelier, 1 Place Charles Dullin – 75018 Paris – Metro : Anvers
Du 8 juin au 1er juillet à 19h, les vendredis, samedis et dimanches