LES HÉRÉTIQUES – THÉÂTRE DE L’AQUARIUM

arton846-d0cd2♥♥ Un soir de 2028, une citoyenne lambda, qui ne sait plus trop à quel saint se vouer, est accueillie par trois femmes, militantes qui ont réfléchi aux rapports entre État et religions. Surtout, elles veulent s’affranchir de tout dogme, suivre leurs opinions et disposer de leur liberté de conscience. Lire la suite

GARDE BARRIÈRE ET GARDE FOUS – THÉÂTRE DE L’AQUARIUM

vz-f2289dd6-e98f-47a5-a419-590fcfac6275Deux femmes. Monique, garde-barrière SNCF, travaille de jour ; Myriam, infirmière en hôpital psychiatrique, travaille de nuit. Professions difficiles, mal rétribuées, sous-évaluées… Elles sont des millions dans la France d’aujourd’hui. Ce sont des vies normales, modestes, indispensables mais le plus souvent ignorées. Et pour une fois elles ont la parole. Elle nous dévoile leur quotidien de femmes simples, humaines et bouleversantes fait de petits riens mais si nécessaires pour tous ceux qui les entourent. 

Jean-Louis Benoit (texte et mise en scène) s’est directement inspiré de deux reportages diffusés sur France Culture  dans l’émission de Sonia Kronlund « les Pieds sur Terre »:

A la campagne, l’herbe est plus verte ? d’Olivier  Minot pour Monique garde-barrière (diffusée le 04/08/2014) ;

Les travailleurs de l’ombre 2 : Gardes fous, jusqu’au bout de la nuit d’Elodie Maillot (diffusée le 16/01/2007)

Même si Léna Bréban leur prête corps et voix avec talent, ces deux entretiens radiophoniques n’étaient pas destinés à la scène. Aussi exemplaires soient les existences de Monique et Myriam, leurs interview font-ils un spectacle ? Là est toute la question. 

Le regard d’Isabelle 

GARDE BARRIERE ET GARDE FOUS (Cycle Paroles de Femmes)

Théâtre de l’Aquarium – La Cartoucherie – route du champ de manœuvre – 75012 Paris

Les mercredis, jeudis, vendredis et samedis à 21h et les dimanches à 17h.

Jusqu’au 26 mars 2016

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Léna Brabant – Crédit Frédéric Fontenoy

 

 

SACRÉ, SUCRÉ, SALÉ – THÉÂTRE DE L’AQUARIUM

vz-f2289dd6-e98f-47a5-a419-590fcfac6275Tour à tour juive, musulmane ou catholique, elle coupe, touille, pétrit et cuisine en direct tout en racontant Esther et Mahomet, la Mer Rouge et l’Eucharistie, Roch Hachana et le Ramadam parce que chaque plat renvoie à une histoire, chaque ingrédient à un symbole. 

Stéphanie Schwartzbrod (auteur et interprète), le corps enroulé dans un tablier de ménagère, tout en préparant la chorba qu’elle offrira au public à la fin de la représentation, évoque une partie du calendrier liturgique du judaïsme, du christianisme et de l’islam. 

Elle semble jubilée à cuisiner ses repas de fête autant qu’a nous gaver littéralement de renvois historiques, étymologiques et de guématria pour chaque évènement célébré.

Certes, elle aime les mots comme les mets. Comme on doit apprendre à doser le sel dans la chorba, elle doit en faire tout autant des références qu’elle distille. Trop, c’est trop. Le public, croyant ou pas, en est vite saoulé au risque d’en faire une indigestion. 

Le regard d’Isabelle

SACRE, SUCRE, SALE  (dans le cycle « Paroles de femmes)

Théâtre de l’Aquarium – La Cartoucherie – route du champ de manœuvre – 75012 Paris 

Les mercredis, jeudis, vendredis, samedis et dimanches à 19h.

Jusqu’au 26 mars 2016. 

Crédit photo : Pierre Heckler

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Theatre le Nest Religion sucre sale

 

EN ATTENDANT GODOT – THÉÂTRE de L’AQUARIUM

arton473-a437dParis, 1927. En sortant de la Closerie des Lilas, Samuel Beckett, 21 ans, croise le chemin d’un clochard qui, sans raison, le poignarde. Beckett est transporté à l’hôpital Tenon, il a la plèvre transpercée. Guéri, il tient à revoir son agresseur qui a été arrêté. Il lui demande « Pourquoi m’avez-vous poignardé ? » Le clochard cherche une réponse puis finit par dire : « Je ne sais pas, monsieur ». Ce fait divers, qui marqua profondément le jeune Beckett, a peut-être été à l’origine d’En attendant Godot.

La pièce, écrite en français, considérée comme l’une des œuvres les plus importantes du XXe siècle, questionne la souffrance et la vacuité de la condition humaine. L’histoire est celle de deux vagabonds, Vladimir et Estragon, qui, perdus sur un chemin de poussière au milieu d’un no man’s land, attendent un certain Godot qui leur a donné rendez-vous. Mais Godot se fait attendre. Alors pour tromper l’ennui, les deux compagnons se parlent, s’écoutent, se chamaillent, se réconcilient…Leur attente est soudain interrompue par l’arrivée de deux personnages : Pozzo, propriétaire terrien, sorte d’esclavagiste moderne, tenant en laisse un pauvre hère, Lucky, réduit à l’état d’animal servile. Une fois cette parenthèse « d’humanité » fermée où seule la domination et l’asservissement semblent prendre le dessus, les jours et les nuits se succèdent aux autres, toujours aussi vains et inutiles pour Vladimir et Estragon dans l’attente de Godot qui ne viendra jamais.

Depuis sa création en 1952, En attendant Godot est l’une des pièces les plus jouées au monde, adulée par des générations de metteurs en scène et de comédiens. Et cela s’explique ô combien : l’œuvre résonne formidablement par le caractère intemporel, universel et profondément visionnaire des thèmes fondamentaux qu’elle explore: l’identité, le courage, l’espoir, l’impuissance, la force et la fragilité de l’être humain, le sens de l’existence (« Que faisons-nous ici ? » questionne un instant Vladimir face public). Longtemps considéré comme le chef d’oeuvre du théâtre de l’absurde, « En attendant Godot n’a rien d’absurde, si ce n’est l’absurde du monde à l’intérieur on cherche à créer du sens » comment le rappellent collectivement Jean Lambert-wild, Marcel Bozonnet et Lorenzo Malaguerra qui ont signé une nouvelle adaptation théâtrale à la Comédie de Caen – Centre Dramatique National de Normandie en 2014. Après avoir été présenté sur de nombreuses scènes françaises, le spectacle est à l’affiche du théâtre de l’Aquarium ce mois-ci. Les trois metteurs en scène ont souhaité revisiter le « mythe Godot » en faisant entendre le texte de Beckett sous un jour nouveau, à la lumière de la réalité politique et sociale de notre époque. Ainsi, les rôles de Vladimir et d’Estragon ont été confiés à deux comédiens africains, symbolisant par-là même les dizaines de miliers d’apatrides, de migrants fuyant les famines, les guerres, les souffrances, sur la voie de l’exil, en quête d’une nouvelle vie ou d’un nouvel espoir. Très belle idée d’autant que face à eux, le duo Pozzo/Lucky résonne comme le symbole de la vacuité et de l’inutilité de nos sociétés occidentales, incapables de donner une réponse ou une solution aux souffrances de notre monde actuel.

Au-delà de ce parti-pris fort et intéressant, le spectacle est d’une grande beauté et d’une grande singularité. Avant même « d’entrer » dans la pièce, on est d’emblée séduit par le charme aride du décor – horizon nu gris-bleuté, chemin de gravier, petit arbre sec – qui illustre bien l’écriture dépouillée de Beckett et sera tout au long du spectacle fort bien mis en lumière (les éclairages nocturnes projetant les reflets des  personnages sur le sol sont à ce titre particulièrement réussis). Le texte est porté par un casting de haut vol, à commencer par le duo Michel Bohiri (Vladimir) et Fargass Assandé (Estragon) deux acteurs ivoiriens qui incarnent avec une justesse, une humanité et une générosité formidables, les deux compagnons d’infortune de Beckett entre tendresse et gaucherie, profondeur et drôlerie. Leur complicité, réelle à la ville comme à la scène, « transpire » et apporte un vrai supplément d’âme au spectacle. Notons également la prestation magistrale de Marcel Bozonnet (ancien sociétaire et administrateur de la Comédie Française) qui, tel un bateleur de foire, empruntant à l’univers du cirque et du music-hall, incarne un Pozzo inquiétant et pathétique. Enfin, sans oublier Lyn Thibault très juste également dans le rôle du garçon, Jean Lambert-wild, pyjama rayé, grimé de blanc, nez rouge, chevelure blonde hirsute, délivre le monologue réputé injouable de Lucky (texte de deux pages sans ponctuation) avec un engagement total. Au final, malgré un spectacle un peu long (2h05), du grand et beau théâtre qui marque les esprits et laisse des images en mémoire ! Une adaptation qui fera date. Longue vie au spectacle qui poursuit sa route à Neufchâtel après Paris.   

Le point de vue d’Elisabeth

EN ATTENDANT GODOT

Théâtre de l’Aquarium – La Cartoucherie 94100 Vincennes

Jusqu’au 29 mars 2015

Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h 

Navette gratuite aller-retour au départ du métro Château de Vincennes à partir de 19h30

Crédit photos : Tristan Jeanne-Valès

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