Il m’a fallu quelques minutes en sortant de la pièce pour reprendre mes esprits comme si j’avais reçu un KO. Car finalement Les Chatouilles, c’est peut-être cela : une pièce coup de poing qui vous happe de la première à la dernière seconde, qui balaye tout sur son passage, qui ne lâche rien et qui vous reste gravée dans un coin de mémoire. Et pour longtemps. Sur scène, rien qu’une fille en jean-basket et une chaise. Et une histoire : celle d’Odette, une petite fille de 8 ans, victime d’abus sexuels – ces « chatouilles », comme lui expliquait Gilbert, son agresseur, un ami de la famille –, jusqu’à l’âge de 12 ans. Et Odette, comme toutes les petites filles, va grandir, des rêves de danseuse plein la tête, avec cette indicible souffrance et dans l’indifférence d’une mère incapable de l’entendre et de la protéger. Elle deviendra danseuse professionnelle au fil d’un parcours chaotique, souvent violent, parfois désespéré, une lente descente aux enfers qui la fera flirter avec de mauvaises rencontres et plonger un temps dans l’alcool et la drogue. Mais la danse, « cette danse pour dire l’indicible », lui permettra de surmonter ses démons et de se reconstruire.
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ALEX VIZOREK EST UNE OEUVRE D’ART – THÉÂTRE DE LA PÉPINIÈRE
♥♥♥♥ Épatant l’ami Alex Vizorek ! Humoriste belge connu du public français pour ses billets d’humeur sur France Inter, il remplit les salles depuis deux ans avec son seul en scène « Alex Vizorek est une oeuvre d’art ». On m’en avait dit le plus grand bien ce qui est toujours susceptible de générer chez moi une potentielle petite déception à l’arrivée. Mais là non ! Spectacle irrésistible et hautement recommandable !
Et pourtant Alex Vizorek ne fait pas dans la facilité. Il a choisi de nous parler d’art à travers des œuvres culturelles emblématiques -musique, cinéma, sculpture, art moderne- qu’il va s’employer une heure et demie durant à analyser avec un sens aigu de l’autodérision et un talent indéniable à se mettre le public dans la poche. L’occasion de s’amuser de son regard ultra décalé et de se cultiver au passage en (re)découvrant quelques grands courants ou œuvres artistiques oubliés. Un voyage drôlissime où se côtoient Malraux, Magritte, Ravel, Bergman, Visconti, Bergson mais aussi Luis Fernandez ou Pamela Anderson! C’est fin, rythmé, intelligent, le parfait remède anti-blues du dimanche soir. Allez-y, vous me direz. ♦
Signé Elisabeth
ALEX VIZOREK EST UNE OEUVRE D’ART
Théâtre de la Pépinière, 7 rue Louis le Grand, 75002 Paris (métro Opéra)
Les dimanches à 19h
Crédit photos: Mathieu Buyse
MOI ET FRANCOIS MITTERRAND – THÉÂTRE DE LA PEPINIÈRE
♥♥♥1983. Hervé Laugier, homme simple et mythomane, érudit et rêveur, écrit au président de la République. Le secrétariat de François Mitterrand lui répond par une lettre-type : « Vos remarques seront prises en considération… ». Pour Hervé, une amitié singulière naît avec le chef de l’État. Il entreprend alors une correspondance régulière avec l’Elysée. Il raconte sa séparation d’avec Madeleine, ses vacances à Charleville-Mézières, la perte de sa chatte Tchoupette sans oublier de prodiguer quelques conseils…
D’une humanité bouleversante, « Moi et François Mitterrand », interprétée avec talent par Olivier Broche, imaginée par Hervé Le Tellier, mise en scène par Benjamin Guillard, raconte la paranoïa d’un homme solitaire, imaginatif, empreint d’un certain brin de folie. Cette petite fantaisie est très émouvante, attendrissante même, désopilante parfois. C’est surtout une véritable bouffée d’oxygène en cette période pré-électorale. A voir avant de déposer son bulletin de vote dans l’urne !
Le regard d’Isabelle
Théâtre de la Pépinière, 7 rue Louis-Le-Grand, 75002 Paris (métro Opéra)
Jusqu’au 31 mars 2017 • Actuellement du mardi au samedi à 19h. Attention nouveaux horaires à partir du 1er mars 2017 : du mercredi au samedi à 19h et le dimanche à 15h
Durée : 1h15
Crédit photos : Raphaël Arnaud




CONVERSATIONS AVEC MA MÈRE – THÉÂTRE DE LA PÉPINIÈRE
♥♥♥♥ Après « M’man » semaine dernière, je continue d’explorer la thématique mère-fils sur scène. Cette fois-ci, exit les crêpages de chignon, les cigarettes fumées nerveusement par une mère à bout, les coups de gueule d’un fils en quête d’amour. Juste l’histoire tendre et très touchante d’un grand fils de 50 ans et de sa maman de 82 ans.
« Conversations avec ma mère », adapté d’un film argentin de Santiago Carlos Oves, nous plonge dans l’Espagne secouée par la crise économique des années 2010. Jaime, 50 ans, vient de perdre son emploi et demande à sa mère, veuve et âgée, de quitter l’appartement qu’elle occupe afin qu’il le vende. Mais Mamà s’y refuse et passée la première confrontation, Jaime se confie : son licenciement, son mariage au bord de la rupture, ses enfants qui ne lui parlent plus…Face aux doutes, Mamà offre à son fils une philosophie de vie simple et profonde (sous l’influence de son fiancé argentin Gregorio, recueilli dans la rue) et saura lui faire la plus belle des déclarations d’amour, même dans les situations les plus inattendues….
Je pourrais aligner quelques compliments (mérités) qui font généralement un beau moment de théâtre : un texte juste et « piquant », une mise en scène soignée quoique minimaliste signée Pietro Pizzuti, des effets sonores et visuels bien vus. Mais je voudrais surtout rendre hommage à une grande dame du théâtre : Jacqueline Bir qui offre une composition exceptionnelle du premier au dernier mot. Tour à tour drôle, incisive, bouleversante, elle « est » le personnage avec ce qu’il faut de force, de présence, de drôlerie, d’émotion. On boit ses paroles…Quel talent ! Face à elle, Alain Leempoel campe un Jaime tout en finesse, sans jamais tomber dans le pathos.
Magnifique portrait d’un amour mère/fils, huis-clos tendre, intime, superbement interprété, « Conversations avec ma mère » est aussi élégant que les quelques pas de tango que Jacqueline Bir/Alain Leempoel ont le plaisir d’esquisser. A découvrir et applaudir.
Signé Elisabeth
Théâtre de la Pépinière, 7 rue Louis Le Grand, 75002 Paris
Du mercredi au samedi à 19h et les dimanches à 15h



