
♥♥♥♥ Quel est donc ce fil à la patte dont on parle ? C’est celui qui lie le jeune et ambitieux Bois-d’Enghien à Lucette, la chanteuse de cabaret, aussi célèbre pour ses chansons que pour ses tocades amoureuses et son tempérament de feu. Situation on ne peut plus épineuse pour lui, car il a d’autres aspirations : il doit se marier le soir même avec la fille de la baronne Duverger et veut annoncer à sa maîtresse, très amoureuse de lui, qu’il la quitte.
La baronne, par un malicieux hasard, a par ailleurs sollicité Lucette pour venir chanter à la cérémonie de remise des alliances. Alors que Bois-d’Enghien tergiverse pour essayer d’annoncer sa décision, l’arrivée de toute une série de personnages vient compliquer la situation : Marceline, la sœur de Lucette, toujours affamée ; Bouzin, un poète minable qui veut convaincre Lucette de chanter ses compositions ; de Fontanet, un ami bien intentionné mais à l’haleine repoussante ; Viviane, la future mariée elle-même, peu séduite à l’idée d’épouser un homme qu’elle trouve trop fade, et surtout, un général sud-américain à l’accent très prononcé, bien décidé à conquérir le cœur de la belle chanteuse.
C’est dans ce contexte que vont s’enchaîner quiproquos en cascade et péripéties plus drôles les uns que les autres. Comme souvent chez Feydeau, les personnages sont inspirés de la vie réelle, mais deviennent ridicules par le comique des situations. La mise en scène inventive de Philippe Person et de Florence Le Corre réussit à maintenir la tension de bout en bout. Elle laisse le spectateur pantelant, comme suspendu au jeu virevoltant des acteurs. Quelques gags plus décalés viennent s’intercaler entre les scènes, dans un esprit volontairement « cartoon » : mimiques exagérées, course sur place, etc. Quant aux jeunes comédiens, formés à l’école du Lucernaire, ils sont tous impeccables, et apportent leur fougue et leur fraîcheur à la mécanique implacable de Feydeau.
Citons ce soir-là : Selma Hubert, Lucette à l’indéniable présence (et voix), Clément Ternisien, fringant Bois-d’Enghien, Théo Brugnand, parfait dans le rôle délicat de la tête de turc (pauvre Bouzin !), et Jean-Gérald Dupau, très drôle en général énamouré.
On rit sans arrière-pensée et on sort de la salle, ravis d’avoir passé un si bon moment de théâtre.
Le billet de Véronique
UN FIL À LA PATTE
Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Jusqu’au 27 juillet 2025
Du mercredi au samedi à 20 h, dimanche à 17 h
Durée : 1 h 40
À partir de 12 ans
Crédits photo : Raphael Marchand


