♥♥♥♥Quel souffle, quelle puissance hypnotique ! C’est une chorégraphie inspirée par la musique gwana en général (dans laquelle la spiritualité est omniprésente) et plus particulièrement par le groupe Nass el Ghiwane (célèbre dans le Magreb des années 1970), que nous propose Fouad Boussouf avec cette pièce créée en 2018 pour sept danseurs masculins. Plongeant dans la culture marocaine traditionnelle au travers de chants envoûtants et la mixant avec le tempo effréné du hip-hop, le chorégraphe réussit une fois de plus à nous transporter pendant une heure dans un voyage musical et chorégraphique enivrant. Plus récemment, en 2023, il a présenté un autre spectacle de la même veine, Fêu, conçu cette fois uniquement pour dix interprètes féminines.

Les corps perpétuellement en mouvement de ses interprètes s’ancrent dans le sol pour mieux s’élancer, se plient et se déplient, bondissent comme pour atteindre le ciel, se contorsionnent, s’enlacent dans une danse fraternelle, ou se défient lors de battle d’une grâce virile. Oui, c’est bien de « grâce » qu’il s’agit. Dans ce qui ressemble à un rituel quasi sacré, les hommes fusionnent entièrement avec la musique et le mouvement. Pas de temps mort. Le rythme monte, descend, puis remonte, mais ne s’arrête jamais.

On retient son souffle devant la gestuelle parfaitement maîtrisée des danseurs, leur sensualité et l’énergie incroyables qui se dégage d’eux, à la fois physique et mystique, comme s’ils étaient pris dans une sorte de transe collective. Le groupe est une notion chère à Fouad Boussaf (et à sa culture) et on sent que c’est lui qui donne naissance à toute cette énergie, même s’il laisse parfois place à des solos ou des duos impressionnants de technique et de légèreté.

Ça pulse, ça vibre, ça donne envie de bouger. Il suffit de se laisser porter par la musique produite par les instruments ou les danseurs eux-mêmes (simplement avec leurs pieds) pour être ensorcelés et entrer nous aussi dans la transe.

Le billet de Véronique

NÄSS
La Scala Paris
13, boulevard de Strasbourg
75010 Paris

Crédits photo : Charlotte Audureau