BIQUES – THÉÂTRE 13 / GLACIÈRE

♥♥♥ C’est l’histoire de neuf femmes. Elles se rencontrent un jour, par la force des choses, dans la salle commune froide de la maison de retraite Les Magnolias. Certaines y travaillent, d’autres y vivent, d’autres sont en visite.

Une mère et une fille entrent. Elles ont rendez-vous avec la directrice, fraîchement arrivée. Elles sont ici pour prendre des renseignements.

Pendant ce temps, l’équipe de jour s’active. Une infirmière, une agente de service hospitalier, une aide-soignante, une animatrice et la petite dernière, la stagiaire.

À l’approche des élections municipales, la maison de retraite est menacée de délocalisation en périphérie de la ville comme si la vieillesse au cœur de la municipalité balafrait son centre-ville. Hors de question pour l’équipe de l’établissement de se laisser faire. La résistance parmi le personnel et les résident(e)s s’organise.

Neuf histoires de femmes qui s’entrechoquent, fusionnent, font sourire et qui interrogent nos préjugés. Avant même le début du spectacle, le public est immergé dans la salle commune de la maison de retraite Les Magnolias : les aides-soignantes l’accueillent, demandant à chacun(e)e s’il ou elle a bien dormi, le ou la remercient d’être là pour le pot de départ de Catherine, l’aide-soignante qui prend sa retraite après quarante ans de carrière, certaines convient l’un ou l’autre à participer à un goûter, à s’inscrire au prochain karaoké… Accueil chaleureux, plein d’entrain et de promesse pour la nouvelle création de la compagnie Les Mille Printemps  (le précédent, la comédie écologique Yourte), pleine de bonne humeur et emplie d’une belle énergie.  

Sur scène, des chaises en plastique, des murs jaunes pastel, un sol en lino orange, une télé toujours en marche. Le temps semble s’être arrêté depuis des lustres dans l’institution. Une lumière froide et un couloir qui résonnent pour parfois amplifier une bribe de conversation. Un décor réaliste comme l’ambiance qui s’en dégage, accentué par les résidentes qui s’invitent sur l’écran de télévision pour témoigner autour de leur jeunesse, leur mariage, leur vieillesse.

La réalité est là, plus vraie que nature comme le travail d’écriture de Gabrielle Chalmont-Cavache et Marie-Pierre Nalbandian, précédé d’une recherche auprès de leurs contemporain.e.s (dont une année en immersion au sein de l’Ehpad des Deux-Monts de Montlieu-la-garde, village d’implantation de la compagnie) pour s’ouvrir à d’autres réalités et dépasser les débats internes de leur compagnie. Assurément, les expériences et les histoires recueillies sont devenues leurs références et ont alimenté le vocabulaire et l’imaginaire commun de la troupe.

Biques nous a été présentée comme une comédie intergénérationnelle pour aborder le thème de l’âgisme (toutes formes de discrimination, de ségrégation, de mépris fondées sur l’âge) alors que cette création collective s’axe principalement sur le combat mené par les personnels et les familles pour éviter la délocalisation de la maison de la retraite. Axe franchement déroutant alors que la première partie nous peignait la triste réalité de la vie et du travail dans ce type d’établissement. Et puis des scènes étonnantes, collées là sans savoir leur pourquoi et noyant un peu plus l’intrigue. Des exemples : les interprétations d’ Il venait d’avoir 18 ans de Dalida ou de Lolita d’Alizée, l’aveu d’une mère décidant d’aller vivre au bout du monde avec une femme, le débat télévisé virant à un véritable pugilat… Parallèlement, Biques évite de parler de l’isolement et de la dégénérescence mentale des personnes âgées alors que la perte d’autonomie physique est abordée avec justesse et humour. Avouons-le : nous aurions apprécié un peu plus de consistance, de cohésion comme d’intensité dans l’écriture pour éviter des propositions thématiques non abouties. Quant à la dimension immersive proposée avant le début du spectacle, elle s’est avérée totalement inexistante ce qui est bien regrettable.

Pourtant, nous avons adoré la belle énergie et l’humour un peu décalé de la compagnie Les Mille Printemps. Un agréable moment théâtral si on ne se pose pas trop de questions sur le déroulé comme sur le contenu.

Le regard d’Isabelle

BIQUES

Théâtre 13 / Glacière – 103A, boulevard Auguste-Blanqui – Paris 13e  

Réservations : 01 45 88 62 22

Du 7 au 24 mars 2023

Du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h

Puis en avril 2023 :
. 4 avril à La Ferme Corsange, Bailly-Romainvilliers (77)
. 6 avril à l’Atalante, Mitry-Mory (77)


Durée : 1 h 40

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s