
♥ Hélène vient d’enterrer son dernier parent. Elle est entourée de ses deux amis de toujours… Ils ont la cinquantaine. Leurs enfants sont partis, leurs parents sont morts, ou pire, mourants, et leurs petits-enfants les appellent « Papy » ou « Mamy ». Ils quittent le cimetière et vont dîner. Ils trimbalent leurs fantômes tenaces, leurs désirs gâchés, leurs trajectoires ratées et leurs souvenirs : les deuils, les amours anciennes, les grands échecs, les petites victoires et les illusions perdues… Un vrai fatras !
Gilles Gaston-Dreyfus, auteur, comédien et metteur en scène, l’avoue lui-même dans le dossier de presse : « De quoi parlent-ils ? De rien, de tout bien sûr. […] Ils rient d’un souvenir, se moquent et sourient, se disent une vérité et s’embrassent et s’accoladent, et se regardent en silence. » Tout est dit, il ne se passe rien pendant 1 h 10, il ne se dit rien non plus, sinon des bribes de confession qui finissent dans les larmes ou le déni, des souvenirs sans queue ni tête, et des personnages auxquels il est difficile de s’attacher. Et pour cause, même l’auteur le reconnaît : « Il y en a un qui parle de cul parce que cela lui évite de penser à autre chose, l’autre est en retrait dû à une humilité apparente qui cache l’échec de sa vie, celui-là est le maître en conseil de vie et la sienne n’est qu’un champ de bataille, la dernière semble être la plus claire dans son parcours mais pour en arriver où ? » Nulle part et c’est bien cela l’ennui, l’absolu ennui de cette pièce.
Peu de rire pendant le déroulé du spectacle qui se veut empreint d’humour sombre, des applaudissements polis au salut et à la sortie des spectateurs s’interrogeant sur où aller boire un verre, à quel niveau sont les toilettes, quels messages reçus au cours de la dernière heure. Bref, je n’en ai entendu aucun échanger quelques mots autour de la pièce. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’y avait rien à en dire.
Alors à en écrire ? Le propos de la pièce tente d’explorer le lien de l’amitié, que des amis « à la vie à la mort » sont sincères et peuvent tout se dire sans filtre. Au final, quel ennui ! À se demander comment les comédiens – Anne Benoît, Stéphane de Groodt et Amira Hadzic – ont pu adhérer à ce texte sinon son auteur-interprète-metteur en scène Gilles Gaston-Dreyfus. Certains pourront me rétorquer que ce texte peut plaire aux amateurs de l’humour absurde. Certes, mais je n’y ai trouvé aucun trait d’humour et plutôt des situations grotesques. Néanmoins, si vous êtes encore tenté de vous faire votre propre opinion, permettez-moi un conseil : prenez préalablement une bonne dose de café ou de thé pour assister à cette interminable veillée franchement funèbre.
Le regard d’Isabelle
Théâtre du Rond-Point – 2 bis, Avenue Franklin-Roosevelt – 75008 Paris
Jusqu’au 12 février 2023 à 21h et le dimanche à 15h.

Merci de nous prévenir, Isabelle ! Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’un spectacle ennuyeux est présenté dans ce si beau et si bien situé théâtre… Quel dommage !
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