
♥♥♥♥Dans la famille Lemonnier, on s’aime, mais on a du mal à se le dire, on s’agace et on a du mal à se le cacher, on rit des autres mais plus difficilement de soi. Ce soir, c’est un réveillon de Noël pas comme les autres. La petite dernière vient d’emménager avec son copain dans un nouvel appartement, et Alain, le père, a une grande annonce à faire, qui va déstabiliser toute la famille. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il n’est pas le seul à avoir des révélations à faire…
Après le triomphe de La Dégustation, Ivan Calberac revient au théâtre de la Renaissance avec Les Humains, adaptation d’une pièce de Stephen Karam créée à Broadway couronnée de 4 Tony Award.
Lors de ce dîner de famille, tous les petits tracas de la vie au quotidien défilent : la précarité de l’emploi, la pathologie invalidante, la perte d’autonomie, les infidélités conjugales… sans oublier les nuisances sonores dues au voisinage. Ivan Calberac tend au public un miroir. Il n’est ni grossissant, ni minimisant. Les spectateurs s’amusent, se divertissent, mais parfois ils sont surpris, émus souvent, voire même déroutés de la conformité des dialogues avec les réalités de leur propre vie. Quant à la scène précédant le baisser de rideau, elle en laisse plus d’un pantois.
Par petites touches, Ivan Calberac met en scène la vraie vie. Et comme dans la vraie vie, sur scène comme dans la salle on rit, on pleure, on réfléchit jusqu’à ne plus savoir trop bien ce que l’on doit penser de l’intrigue qui se déroule sous nos yeux.
C’est dans cet état d’esprit, quelque peu troublée, que j’ai quitté la famille Lemonnier et le Théâtre de la Renaissance. Le jeu de tous les comédiens – Isabelle Gelinas, Bernard Campan, Mélanie Bernier, Astrid Oortmans, François Nambot et Michèle Simonnet – est admirable de justesse. Les dialogues sont cruels, amères mais criant d’amour et d’humanité. On s’en veut de rire de la démence d’une vieille femme autant de la boulimie compensatrice d’une mère de famille trompée par son époux. Le décor est surprenant de ressemblance à un intérieur populaire parisien… Tout est vraiment parfait dans cette comédie douce-amère sinon que le goût d’amertume est prégnant au-delà de la représentation parce qu’il nous renvoie à nos propres questionnements autour de la famille, la vieillesse, les amours, la réussite sociale et professionnelle…
Les Humains, à voir parce que c’est un spectacle qui vous fera rire et sourire, mais surtout réfléchir pour qu’à l’avenir vos relations avec vos proches soient plus vraies, pour que vos repas de famille ne soient plus jamais une corvée et que vos prochaines fêtes de fin d’année soient éblouissantes de joie et de bonheur.
Le regard d’Isabelle
Théâtre de la Renaissance, 20, Bd Saint-Martin, 75010 Paris
Du mercredi au samedi à 21h00 matinée samedi à 16h30