Cette fois-ci, place à un studio d’enregistrement avec un écran vert où se joue le spectacle et des écrans sur lesquels il est projeté. Dans un vertigineux exercice technologique, nous allons assister en direct à la création du spectacle lui-même, introduit en vidéo par deux présentatrices au discours aseptisé. Le dispositif permet d’aller de la scène aux vidéos dans un aller-retour permanent, mettant en avant le décalage entre l’image et la matière humaine qu’elle utilise pour se constituer.

Les deux comédiens et danseurs incarnent une galerie de personnages déjantés dont les corps et les visages se transforment, se déforment, prenant des apparences de plus en plus étranges sous l’effet des artifices de la technologie. Dans une satire décapante des tensions de la société contemporaine, le spectacle pointe les revendications et les dérives de notre société : omniprésence des médias sociaux, excès de communautarisme (féministes radicales, gender fluid, homophobes, ultras de tout bord…).

Soutenus par une mise en scène survitaminée, sur fond de chansons et de musique actuelles, Alfonso Baron et Luciano Rosso se livrent à un numéro d’artistes complets (comédie, danse et chant) et font preuve d’une formidable énergie, passant d’une caricature à l’autre sans crainte du ridicule. Le seul bémol tient dans le dispositif lui-même qui nous pousse à regarder les images produites plus que les acteurs sur scène. Encore un des effets pervers de la technologie, sans doute non prévu par les auteurs… dommage !

Le billet de Véronique

DYSTOPIA

Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin-Roosevelt
75008 Paris
Jusqu’au 30 octobre
Du mardi au dimanche à 18 h 30

Crédits photo : Hermes Gaido