
♥♥♥ Les tragédies grecques vous rebutent ? Que nenni ! Courez applaudir « Phèdre ! » au théâtre de la Bastille, qui vous (re)plongera avec réjouissance dans l’une des pièces les plus mythiques du répertoire racinien. L’idée n’est pas ici d’assister à une nouvelle mise en scène, mais bien à une « conférence spectacle » qui nous fait découvrir la pièce, sa richesse, sa beauté, à la fois de manière ludique et ultradocumentée. Au cœur de ce spectacle rondement mené, un duo franco-suisse épatant (François Gremaud à l’écriture et Romain Daroles à l’interprétation) qui a l’art et la manière de raconter les grandes et les petites histoires littéraires comme personne. Une réussite !
En bord de scène, il attend tranquillement que les spectateurs s’installent et finissent leurs conversations pour prendre place sur le plateau. Tee-shirt blanc, jean, baskets, le comédien Romain Daroles arbore un large sourire, petit livre en main : « Bonjour, je suis très heureux de vous accueillir, je m’appelle Romain Darolès. Toutefois, ce n’est pas chez les Romains que nous allons nous rendre ensemble, mais bien chez leurs collègues antiques, les Grecs. » Le ton est donné : candide, frais, décomplexé et profondément sympathique. Et notre comédien, amoureux transi de l’oeuvre racinienne, de nous embarquer 1 heure 40 durant dans l’histoire de la tragédie Phèdre, avant de finir par se glisser dans la peau des principaux personnages et d’en interpréter les plus beaux extraits.
Avec sa (fausse) naïveté désarmante et son enthousiasme communicatif, Romain Daroles décrypte tour à tour les origines mythologiques des personnages, le contexte historique de l’écriture de la pièce, l’écriture en alexandrins, et fort d’un grand talent de comédien, finit par réinterpréter toute la pièce, acte après acte, pour en illustrer la richesse et la complexité (les amours impossibles, la fatalité, les malédictions divines). Derrière l’apparente simplicité de la forme, ses gags potaches et ses jeux de mots parfois faciles, se cache une connaissance parfaite de l’œuvre de Racine. Et c’est toute l’originalité de ce spectacle inclassable et très attachant, celle d’offrir à tous les clés de lecture d’une œuvre complexe pour en révéler sa beauté. Un excellent moment !
Signé Elisabeth
Théâtre de la Bastille, 71 rue de la Roquette, 75011 Paris
Du 8 au 19 mars à 20 h,
le samedi 12 mars à 16 h et 20 h,
du 21 au 31 mars à 19 h
relâche les dimanches
Crédits photo : Christophe Raynaud de Laage