
♥♥♥ Wonder woman enterre son papa ou Cabaret gériatrique glamour d’après l’histoire vraie de Sophie Cusset, auteur et metteur en scène du spectacle, qui décide de retracer la fin de vie de son père dans un EHPAD.
Cette comédie satirique haute en couleurs et en rythmes nous plonge au cœur d’un monde touchant et cruel inconnu de nombreux d’entre nous. Par le menu, elle nous décrit les réunions de staff mouvementées et les scènes de repas dantesques, les chorégraphies de fauteuils roulants et les lavages de mains au gel hydroalcoolique, les conditions de travail du personnel exécrables et les budgets alloués aux établissements minables… S’y démènent avec virtuosité Audrey Bertrand, Sophie Cusset, Robin Causse et Delphine Raoult tour-à-tour super héros du quotidien : cadres, aides-soignants, animateurs, résidents. Leurs répliques pulvérisent tous les tabous. Quant aux situations mises au devant de la scène sont autant inimaginables que criantes de réalisme.
Nul ne choisit de vieillir, moins encore en EHPAD. La mort y rôde autant que l’amour et le soin des anciens. Et dire que leurs personnels se dévouent corps et âme pour moins de 1 500 euros par mois alors qu’ils devraient être reconnus pour l’accompagnement au quotidien du grand âge par tous les petits riens qui leur permettent d’accomplir : se laver, se vêtir, se nourrir, se divertir. Garder leur humanité jusqu’au dernier souffle de vie.
Si nous rions volontiers face à toutes les situations présentées sous l’angle du cabaret burlesque dans Wonder woman enterre son papa, nous prenons conscience si cela n’est déjà fait des conditions de fin de vie offertes à nos aînés par notre société. Le tout dépasse le pathos pour faire naître l’émotion et la réflexion dans une pluie de paillettes et de gel hydroalcoolique. A voir.
Le regard d’Isabelle
Théâtre de Belleville, 16, Passage Piver – 75011 Paris
Du dimanche 6 au mardi 29 mars 2022
Lundi : 21h15
Mardi : 19h15
Dimanche : 17h
Crédit photos : Mattéa Manicacci