LÀ OÙ TU ES – MANUFACTURE DES ABBESSES

♥♥ Camille vient de perdre son fils. Pour survivre elle écrit, le questionne et avec l’audace du désespoir, découvre qu’il est possible d’ouvrir une brèche entre là où elle est et là où il est. À force de réfléchir, à force d’être désespérée, et grâce à la frontière qui s’efface peu à peu entre elle et son enfant disparu, une évidence s’impose : Camille veut entendre parler de la mort autrement et se révolte contre la parole dominante qui suscite la peur.

Dans ce train devenu un espace de rencontre silencieux avec son fils, elle tisse des liens avec la vie et s’allège du poids du doute. Par ses mots écrits au fil du temps et de ses voyages dans le train, elle tisse un dialogue intime et silencieux, presque philosophique, entre son fils et elle qui est devenu ce récit de l’indicible, la perte de son enfant. Les mots sont parfois maladroits mais comment dire ce qui ne peut se dire… Ils sont aussi généreux lorsqu’ils apportent un bel éclairage sur le sens de sa vie.

Adaptation scénique du livre Là où tu es, je ne suis pas de Brigitte Barbier (L’Harmattan), le spectacle invite chacun à écouter et à parler avec les absents éternels pourtant présents en nous. Aussi, un danseur donne vie à travers le mouvement, le geste, à celui qui n’est plus là, Martin décédé d’un cancer à 14 ans. Ses gestes et ses postures dessinent un discours autonome dans un espace imaginaire. Les images projetées symbolisent la vision de Camille depuis le train et contribuent à gommer la frontière entre les mondes des morts et des vivants.

Si nous avons vraiment apprécié le texte de Brigitte Barbier, sa mise en scène ne nous a pas convaincu par le mélange de sonorités répétitives et de mélodies minimalistes de la musique d’Arnaud Vernet « Le Naun », la répétition des gestes et des postures du talentueux danseur Bouziane Bouteldja. Quant à l’interprétation de Coralie Emilion-Languille, pleine d’émotion, on l’aurait aimé plus rythmée.

Là où tu es a néanmoins le mérite d’aborder un sujet grave et difficile, le décès de son enfant, et interroge le spectateur sur la notion de deuil – que signifie « faire son deuil » et faut-il le faire vraiment ? – et sur la parole autour de la mort.

Le regard d’Isabelle

LA OU TU ES

Théâtre de La Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron, 75018 Paris

Du 5 janvier au 12 février 2022

Du mercredi au samedi à 19h

Crédit photos : Alain Miquau

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