
♥♥ Lors d’une de ses conférences, le docteur Storm nous met en garde : le vieillissement de la population et les déficits de l’assurance maladie menacent notre édifice social. N’est-il pas enfin temps d’adapter notre morale à la réalité ?
Avec rationalité et bon sens, maniant le sophisme et la rhétorique comme personne, l’affable Dr. Storm, président de la Commission sur la Phase Terminale de l’Être Humain, a résolu l’équation : et si désormais une fois atteint un âge maximum, la loi imposait à tous une mort moderne ? Après tout, on nait tous au même âge, alors pourquoi n’en serait-il pas de même à l’heure de notre mort ? En somme, l’euthanasie obligatoire pour tous, la récupération des corps à des fins salutaires… et j’en passe.
Mais avec un tel discours, comment ne pas risquer de heurter l’opinion publique ? Quelle stratégie de communication adopter pour convaincre qu’une telle fin, digne et utile doive être librement consentie à un âge déterminé ? D’une mauvaise foi désopilante, jouant avec les sophismes et la rhétorique, la fausse conférence que propose Grand Boucan n’en pose pas moins des questions brûlantes.
« Une mort moderne », tiré du roman à scandale du suédois Carl-Henning Wijkmark paru en 1978, aborde par l’absurde des théories que d’aucuns esquissaient alors à mots couverts. Si son propos subtil est d’une redoutable et terrible efficacité, le public n’interrompt pas Bruno Tuchszer car nous assistons à un spectacle et il n’y expose pas ses propres idéaux. S’il en était autrement, il nous faudrait réagir pour que de telles manigances ne soient jamais orchestrées dans un avenir plus ou moins proche. L’ensemble ouvre à la réflexion. Aussi, en marge du spectacle, le 21 juillet à 16h, à l’Agora du Village du Off (1 rue des Ecoles), lecture/débat « Les vieux coûtent-ils trop cher ? » organisée par l’Espace de Réflexion Ethique PACA Corse et la compagnie Grand Boucan.
Mais « Une mort moderne, la conférence du Dr Storm » est proposé comme un spectacle de théâtre et non une conférence… Pourtant, il a tout d’une conférence et peu d’un spectacle de théâtre. C’est sur la forme que le bât blesse. En effet, la mise en scène est réduite à sa plus simple expression : le conférencier à son pupitre, puis debout ou assis. Le tout manque de mouvement et plus encore de rupture de rythme dans le jeu, de digressions verbales comme scéniques plus délirantes encore pour bien montrer que nous assistons à une représentation théâtrale et non à une conférence. En conclusion, forme hybride mais propos exposé avec un humour noir et un cynisme sans pareil qui ne peut laisser indifférent.
Le regard d’Isabelle
LA FACTORY – Chapelle des Antonins, 5, rue Figuière, Avignon
Du 7 au 31 juillet à 14h40
Relâches : 12, 19, 26 juillet
Durée : 1h