
♥♥♥♥ ll y a toujours un je ne sais quoi de terriblement attachant dans les spectacles de Pauline Bureau. Après le très beau Hors la Loi porté par la troupe de la Comédie-Française il y a quelques années, voici son nouveau spectacle : « Féminines » qui retrace l’histoire de la première équipe de France de football féminin, née à Reims en 1968. Une aventure collective qui, à travers les parcours individuels des joueuses, questionne l’émancipation féminine des 50 dernières années. Une réussite.
Des filles jouer au foot ? Dans la France des années 60, l’idée faisait pouffer les observateurs et les matchs féminins étaient d’emblée étiquetés exhibition. Comme ce jour de 1968 où un match féminin est organisé à l’occasion de la kermesse du journal L’Union à Reims. Pourtant, un homme croit à la création d’une équipe et sélectionne Rose, Jeanine, Marinette, Marie-Maud et quelques autres pour tenter l’aventure d’un vrai collectif. De cette idée improbable naîtra la première équipe de foot féminine française qui remportera la coupe du monde de football en 1978 à Taipei. Et bousculera les destins individuels de ces héroïnes méconnues du ballon rond. Ainsi, Jeanine mènera une lutte ouvrière pour dénoncer ses conditions de travail à l’usine, Marinette s’affranchira des cours de danse dévolus aux jeunes filles (hilarante scène du solo), Rose rompra ses fiançailles avec un mari violent pour vivre une histoire d’amour avec sa coéquipière Joanna ou Marie-Maud s’échappera de son destin étriqué de femme au foyer.
Le théâtre de Pauline Bureau, c’est de mêler la grande à la petite histoire, passer du récit collectif aux récits intimes. Si l’aventure sportive est réelle, les histoires individuelles sont pure fiction et servent à illustrer la place des femmes dans cette France bourgeoise de la fin des années 1960. Mais surtout leurs combats pour s’émanciper de la tutelle patriarcale et masculine. Pour écrire son spectacle, Pauline Bureau est allée à la rencontre des vrais protagonistes de cette aventure et nous livre un récit sincère, dense, drôle et très touchant. Si les bons sentiments dégoulinent parfois il est vrai un peu trop, on se laisse embarquer dès la première seconde dans cette pièce formidablement mise en scène, bien rythmée, superbement interprétée (mention spéciale au coach Nicolas Chupin), qui transpire l’esprit de troupe (ou d’équipe !), se suit comme un « feelgood movie » et nous transporte grâce à l’ingéniosité des décors des vestiaires du stade de Reims, aux appartements bourgeois de la France des années 1960. « Féminines » touche au but et on redemande !
Signé Elisabeth
Crédit photos : Pierre Grosbois



