♥♥♥♥ La pièce retrace le procès de Bobigny qui relaxa en 1972 la jeune Marie-Claire Carpentier, jugée coupable d’avoir avortée suite à un viol. Une décision judiciaire historique qui devint le symbole du combat pour la légalisation de l’avortement et conduisit à l’adoption de la loi Veil en 1975. Un spectacle magistral et d’une grande intensité.
1971. Marie-Claire Carpentier, 16 ans, vit avec sa mère qui l’élève seule et sa jeune sœur dans un modeste appartement de la banlieue parisienne. C’est l’âge des premiers émois et des virées en voiture avec les copains du lycée. Un après-midi, elle est violée par l’un d’entre eux et tombe enceinte. Déterminée à ne pas garder l’enfant, elle fait appel avec sa mère et une faiseuse d’anges et avorte avec difficultés. Mais dénoncée quelques temps plus tard par son propre violeur, elle est renvoyée en cours d’assises et est jugée en novembre 1972 aux côtés de sa mère, d’une voisine « complice » et de l’avorteuse Micheline Bambuck. C’est alors qu’une avocate militante et déterminée s’empare du dossier et les défendra envers et contre tout : Gisèle Halimi. Le début d’un procès retentissant et passionnant qui contribuera à la dépénalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse en France.
Une pièce superbe qui se regarde d’une traite comme un excellent film dont on connaît déjà la fin mais qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière seconde. Et c’est là toute la force de ce spectacle, écrit et mis en scène par Pauline Bureau (déjà louée pour « Mon Cœur »), qui conjugue l’intime et le sociétal, mêle la petite à la grande Histoire. A travers l’histoire de Marie-Claire, Pauline Bureau rend hommage à l’un des grands combats des femmes des cinquante dernières années, soutenus par les grandes figures intellectuelles de l’époque.
Au-delà de la qualité de la mise en scène, simple, fluide, droite, qui nous fait basculer du petit appartement de Marie Claire, au bureau de Gisèle Halimi ou à la cour d’assises, la pièce est superbement écrite et documentée, interprétée et dirigée avec une précision d’orfèvre par une partie de la troupe du Français qui force l’admiration. Tout est d’une justesse et d’une grande intensité qui va crescendo. Bref, du théâtre avec un grand T. ♦
Signé Élisabeth
Théâtre du Vieux-Colombier, 21 rue du Vieux-Colombier, 75006 Paris (Métro : Saint-Sulpice, Sèvres-Babylone)
Jusqu’au 7 juillet 2019
© Brigitte Enguérand, coll.CF