♥♥ Ca veut dire quoi grandir ? Comment se construit-on ou se déconstruit-on ? Eléments de réponse avec « Les Grands », un spectacle de Fanny de Chaillé qui interroge les différents âges de la vie (enfance, adolescence, adulte) dans un spectacle séduisant mais un brin didactique.
Une petite fille s’avance sur scène. Blouse jaune tendre, jean court, pieds nus. Pas une parole, juste des déplacements primesautiers sur un grand plateau composé de différents escaliers ondulants. Une voix off nous fait découvrir le fil de ses pensées. Elle a 6 ans, se sent déjà grande car elle est en CE1 mais elle aussi la plus petite de sa classe. Elle n’a même pas peur des fantômes, évoque sa maîtresse, son grand-père, sa petite sœur, sa « petite poupée ».
Ce premier tableau (très réussi d’ailleurs parce qu’infiniment charmant) ouvre «Les Grands» un spectacle écrit par Pierre Alferi et mis en scène par Fanny de Chaillé. A travers 3 binômes d’acteurs à travers 3 âges de la vie (enfance, adolescence, adulte), Fanny de Chaillé et l’auteur Pierre Alferi tentent d’illustrer le phénomène de GRANDIR. Mais ici, point de chronologie linéaire qui raconterait l’histoire d’un enfant devenu adolescent puis adulte. Le spectacle, plus ambitieux, propose davantage une réflexion sur les préoccupations de chaque tranche d’âge et les liens qui les unissent ou les désunissent.
Sur le plateau, la mise en scène et en espace, originale même si un peu lassante parce que très répétitive, illustre ces chassés croisés et ces interactions à travers un jeu de mimétismes et de déplacements sur de grands escaliers ondulés, comme un joli écho symbolique aux circonvolutions de l’esprit. Après un démarrage un peu laborieux, la pièce prend son envol et offre quelques très bons moments comme le désopilant slow langoureux ou la leçon de vie offerte « poing levé » aux jeunes générations. Dommage, malgré la très bonne direction d’acteurs, particulièrement intéressante sur le trio d’adolescents qui excellent par leur naturel confondant, que le texte soit très didactique et parfois avouons-le, un peu complexe. On aurait souhaité peut-être davantage de fraîcheur et d’accessibilité pour illustrer cette thématique intéressante. ♦
Signé Elisabeth
Retrouvez ici la programmation du spectacle.
Crédit photos : Christophe Raynaud de Laage