♥♥♥♥ Sur une photo, quatre jeunes hommes en uniforme posent devant un paquebot à Alger. Parmi eux, Jacob, natif de Constantine, mort à 19 ans sur le front durant la Seconde Guerre mondiale.

De cette image et des souvenirs de sa grand-mère, l’auteure Valérie Zenatti raconte la vie de ce grand-oncle Jacob qu’elle n’a jamais connu mais dont la courte existence a été racontée aux siens, au fil des générations, et dont le souvenir est rappelé régulièrement dans les prières et les bénédictions.

Le récit de Valérie Zenatti est d’une beauté grave. Il nous transporte des montagnes rocheuses de Constantine écrasées par le soleil jusqu’aux confins des Vosges empreintes de froidure de l’air et de la noirceur de la guerre. Il raconte l’indicible. Il dit l’insupportable. Il met des mots sur l’absence, l’attente, la souffrance, la mort, le deuil. Il révèle l’humanité à l’état brut.

Dyssia Loubatière, en collaboration artistique avec Didier Bezace, a adapté et mis en scène le roman de Valérie Zenatti (Prix du Livre Inter 2015) en s’attachant à nous raconter les parcours de Jacob et de sa mère Rachel. Tous deux vivent une forme d’initiation : Jacob arraché à ses racines part en France vers l’amitié, la guerre, l’amour et la mort ; Rachel brave les interdits familiaux pour partir seule à sa recherche pleine d’espoir et d’assurance.

À la sortie de la représentation, des larmes perlent aux paupières des spectateurs. Des femmes mais aussi des hommes. C’est dire l’émotion qui se dégage du texte mais aussi du jeu des interprètes – Christiane Cohendy, Florian Choquart, Jeanne Disson – absolument excellents. Jacob, Jacob, nous a touché en plein cœur. ♦

Le regard d’Isabelle

THÉÂTRE PETIT LOUVRE (Templiers), 3 rue Félix Gras – 84000 Avignon 

Durée : 1h15

Crédit photos: Nathalie Hervieux