♥♥♥♥ Dès le lever de rideau, l’image séduit – 12 hommes immobiles sur une même ligne, baignés par une lumière claire-obscure, le regard droit – et annonce un grand moment de théâtre.
États-Unis, années 50, au cours de la délibération d’un procès, 12 jurés sont chargés de juger « coupable » ou « non coupable » un jeune homme d’origine modeste, accusé d’avoir tué son père d’un coup de couteau. De leur décision unanime basculera le sort du gamin : l’acquittement ou la chaise électrique. Alors que, pour onze d’entre eux, la culpabilité ne fait aucun doute, un juré va émettre des réserves et s’employer, point par point, à démontrer les failles du dossier…
Comment juger la culpabilité ou l’innocence d’un homme ? Comment naît une erreur judiciaire ? A quoi tient une vie lorsqu’elle est confrontée à l’ignorance et l’intolérance de certains hommes ? Autant de thèmes explorés dans « 12 hommes en colère », adaptée (Francis Lombrail) du chef d’œuvre du dramaturge américain Reginald Rose et portée à l’écran par Sidney Lumet en 1957.
Courrez applaudir cette pièce, c’est un sans faute ! La mise en scène extrêmement pure et efficace de Charles Tordjman fait merveille dans un élégant et sobre décor qui permet de faire résonner le texte formidablement. Ici, point de vidéos ou d’artifices scéniques parasites, le texte, rien que le texte, servi par 12 comédiens d’excellent (et homogène) niveau qui font grimper progressivement la tension dramatique de ce huis-clos judiciaire. On applaudit intérieurement les joutes verbales, les démonstrations des failles de l’enquête et même la causticité de certains dialogues. Du grand art et incontestablement l’une des grandes réussites théâtrales de cette rentrée. ♦
Signé Elisabeth
Théâtre Hébertot, 78 bis, boulevard des Batignolles, 75017 Paris (métro : Rome, Villiers)
Du 5 octobre au 31 décembre 2017
Du mardi au dimanche à 19h
Crédit photos : Laurencine LOT