LE RADEAU DE LA MÉDUSE – THÉÂTRE DE PARIS (spectacle en création)

RADEAU-ThParis-40X60Au centre de la scène, quelques planches assemblées par des cordages nous font penser à un radeau. Devant elles, un immense plastique déferle de toute sa longueur à l’instar des vagues, sous un brouillard confondu dans une fumée blanche qui laisse entrevoir une batterie (Jacques Di Donato), un saxo (Nicolas Nageotte), une guitare (Simon Henocq). Dans une cacophonie à nous étourdir, ils se mettent en branle. Une atmosphère chaotique s’empare de la salle. Puis la voix (Isabelle Duthoit) nous annonce que La Méduse, dirigée par le capitaine Chaumareys, qui naviguait trop près des côtes, vient de s’échouer sur un banc de sable après avoir passé le cap Blanc.

Elle tient son récit d’un certain Savigny, chirurgien du bord, qui avait embarqué, le 17 juin 1816 – nous sommes au début de la Seconde Restauration – , au bord de la frégate qui naviguait vers les comptoirs coloniaux du Sénégal.
La marée ne va pas renflouer la frégate qui s’enfonce progressivement dans les hauts-fonds. Si des chaloupes ont pris à leur bord des passagers « royaux », la voix nous hurle son indignation quand les sans-noblesse, les sans-grade, des soldats, des officiers républicains, victimes d’une liste ségrégationniste, s’entassent sur le Radeau de la Méduse, construit à la hâte. Ils côtoieront la faim, la soif, la terreur, la folie, le cannibalisme… jusqu’à la mort. Une géhenne qui durera treize jours, seule une dizaine de passagers survivra sur 150 embarqués.   

À l’origine de cette tragédie historique, l’incompétence mais aussi l’arrogance d’un officier de marine, enclin à servir avant tout son goût du pouvoir et son rapport à la monarchie. Un naufrage de l’âme humaine sur fond de scandale politique. Une volonté pour Ivan Morane, le metteur en scène, d’y établir clairement un parallèle avec l’actualité tragique de ces milliers de migrants qui perdent leur vie en Méditerranée, aux portes de l’Europe. 

Un spectacle qui s’offre à nous dans une scénographie résolument contemporaine (live painting, live vidéo). Isabelle Duthoit puise avec une énergie incroyable dans ses entrailles pour nous raconter jour après jour ce drame : hurlements, gémissements, lamentations, criailleries, jaillissent de sa bouche. « Médusant », insupportable. Mais qu’importe, l’ambition est de marquer les esprits et de percuter délibérément le spectateur pour qu’il « touche le fond ». De l’audace… Cela passe ou cela casse.

Un spectacle en cours de réalisation. Un temps de préparation qui permettra à Isabelle Duthoit de réajuster certains tons de voix dans la simple narration du récit pour une pièce qu’elle semble porter seule (dommage ?).

Signé Carole !

Lecture-spectacle Le Radeau de la Méduse 

Présenté le 8 juin 2015 au Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, 75009 Paris 

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