Le mistral s’est levé sur Avignon et il fait meilleur marcher sur les versants ensoleillés des trottoirs. Les rues sont toujours aussi chatoyantes, le public patient aux files d’attentes, les comédiens dans les rues à la distribution des tracts, les terrasses remplies. On continue de vivre et respirer théâtre. Mais depuis hier soir, nos chroniques nous semblent bien dérisoires en regard des dramatiques évènements survenus à Nice. Nos pensées vont aux victimes de ce drame effroyable, à leurs familles et à leurs proches. La barbarie ne vaincra jamais.
14 juillet, début de soirée, foule immense devant l’un des plus célèbres théâtres avignonnais : le théâtre des Béliers. Je me fraye un passage dans la foule pour récupérer mon invitation. Ma co-festivalière Florence, inscrite sur la liste d’attente, croise les doigts pour qu’une place se libère. Bingo ! Nous pouvons rentrer. La salle est archi-remplie pour « Les Lapins sont Toujours en Retard » qui avait bénéficié d’un joli succès cet hiver à Paris. Cette pièce, c’est l’histoire de jumelles, Alice et Sandra, que tout oppose : la première, romantique et sensible, ne rêve que de douceur et du grand amour. La deuxième, est une policière de choc qui collectionne les amants. Autour de ces deux personnages et d’une galerie de portraits (le collègue policier, le psy, le petit ami transi amoureux, la copine en pleine crise de couple, …), la pièce interroge la quête de sens et du bonheur. Le décor astucieux s’articule autour de deux paravents qui permettent de passer d’un univers à l’autre avec beaucoup de fluidité. Les 5 comédiens font des prouesses et l’ensemble est plaisant et sympathique. Mais je suis sincère, j’ai l’impression d’avoir vu ce genre de pièce des dizaines de fois et il m’a manqué ce petit supplément d’âme pour adhérer.
LES LAPINS SONT TOUJOURS EN RETARD | Tous les jours 19h20 au Théâtre des Béliers 53 rue du Portait Magnanen, Avignon
Mais les jours ne suivent et ne se ressemblent pas à Avignon…Sur les bons conseils de Florence, on a découvert un petit bijou théâtral qui m’a littéralement conquise : « Le bois dont je suis fait » écrit et mis en scène par la compagnie QUI VA PIANO. Que se cache -t-il derrière ce drôle de titre ? Une histoire de famille. Une femme, à la veille de sa mort, décide de réunir son mari et ses deux fils pour tenter de les réconcilier. Mais entre divergences de points de vues, attentes déçues et désir d’émancipation, la réconciliation va tourner court…et laisser exploser les rancœurs enfouies et faire voler en éclat l’idéal familial. Une comédie sociale absolument épatante, formidablement écrite et interprétée par deux comédiens qui réussissent le tour de force de jouer tous les personnages avec une aisance et une fluidité exceptionnelle dans la sobriété la plus totale. Seul décor, un plateau noir, délimité à la craie, deux tabourets rouges et leur talent. Ne manquez pas cette pièce si vous êtes de passage à Avignon. En sortant de la salle, j’échange quelques mots avec une spectatrice qui me conjure (!) d’aller voir « Dans la peau de Cyrano » écrit et mis en scène par la même compagnie. Un pur moment d’émotion et l’une des meilleures pièces du festival…Le rendez-vous est pris à l’occasion d’une prochaine tournée parisienne.
Découvrir la compagnie QUI VA PIANO
LE BOIS DONT JE SUIS FAIT | Tous les jours 15h15 au Collège de la Salle, 3 place Louis Pasteur, Avignon
Signé Elisabeth

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