Les excellentes critiques entendues ici et là et le Molière du meilleur comédien dans un spectacle de théâtre privé attribué à Maxime d’Aboville ont aiguisé ma curiosité à découvrir The Servant, la valeur sûre théâtrale de ce printemps ! Direction le théâtre de Poche Montparnasse par un dimanche après-midi de mai : salle pleine à craquer, le bouche à oreille semble fonctionner !
The Servant, roman écrit en 1948 par l’écrivain et scénariste britannique, Robin Maugham – et adapté au cinéma en 1963 – nous plonge dans les quartiers chics du Londres des années 50. Tony, jeune aristocrate un brin désinvolte et paresseux, emménage dans une grande maison vide, au retour d’un séjour en Afrique. À ses côtés, évoluent Richard, son meilleur ami et la jolie Sally avec qui il entretient une relation amour/amitié. Tony embauche un domestique à son service, Barrett, qui se révèle le « butler » parfait dans la plus pure tradition britannique : honnête, compétent, fiable, d’un professionnalisme sans faille. Barrett se montre rapidement indispensable et la confiance s’instaure entre les deux hommes. Mais derrière cette apparence d’ordre et de quiétude, les rôles insidieusement s’inversent. Barrett prend peu à peu le contrôle de la vie du jeune Tony, de la décoration des lieux jusqu’aux détails de sa vie privée. Tony devient l’esclave de ce « butler » énigmatique et vénéneux qui réussira à régenter la vie de son maître jusqu’à l’assujettir et le réduire à l’état de loque humaine.
Formidable pièce ! À la fois thriller, huis clos, et comédie des mœurs à l’humour grinçant, The Servant se suit comme un excellent polar ! Au-delà des nombreux thèmes explorés (lutte des classes, place des femmes dans la société, désir de pouvoir, frustrations sexuelles), The Servant brosse le portrait d’une Angleterre accrochée à ses traditions mais en quête de nouveaux repères. D’un point de vue strictement théâtral, une réussite incontestable : un casting vraiment irréprochable emmené par les deux rôles titres Maxime d’Aboville (Barrett) et Xavier Lafitte (Tony) – ainsi que la sémillante Roxane Bret (qui fait ici ses premiers pas sur les planches) – des dialogues vifs, ciselés, alertes et une mise en scène (signée Thierry Harcourt) sobre, élégante et efficace malgré de modestes moyens. Car c’est mon seul regret : cette belle pièce d’atmosphère aurait mérité un plus grand plateau et des décors plus travaillés afin de plonger davantage le spectateur dans l’esthétique cossue et so british de cette maison londonienne des années 50. Un détail pour cette pièce très réussie, aussi savoureuse qu’un scone clotted cream à l’heure du teatime….
Le point de vue d’Elisabeth
Théâtre de Poche Montparnasse, 75 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris
Du mardi au samedi à 19h
Dimanche à 17h30
Jusqu’au 12 juillet 2015

Crédit : Victor Tonelli @Artcomart

Crédit : Brigitte Enguerand