Est-ce parce que je n’ai jamais travaillé en open space que je me suis tant ennuyée au spectacle de Mathilda May jeudi dernier ? La pièce rencontre un très gros succès public et critique depuis un an mais grosse déception me concernant ! Plantons le décor : la pièce raconte la journée de travail de 6 employés de bureau, 3 hommes et 3 femmes, qui évoluent dans un open space. On y retrouve l’employé ambitieux beau gosse qui en fait des tonnes, la secrétaire effacée et complexée qui en pince pour le premier, la workaddict alcoolique, le réservé qui a été mis au placard, le patron dictatorial qui fantasme sur la secrétaire mais se fait tyranniser par sa femme… Pendant 1 heure trente, s’enchaînent les mini évènements qui font le quotidien d’une journée de travail avec les contraintes connues d’un open space : bruit, promiscuité, manque d’intimité, épiement, …Tout cela aurait pu donner un très bon spectacle sauf que le parti-pris artistique réside dans le fait que les comédiens (tous excellents par ailleurs) ne s’expriment que par borborygmes, onomatopées, bruitages. Du coup, là où on aurait pu s’attendre à une lecture fine et assez subtile de la thématique « relations au travail », on assiste, faute de dialogue, à un enchaînement de tableaux – interprétés, chantés ou dansés – tous plus caricaturaux les uns que les autres, à la limite du grotesque : celui qui sautille tel un cabri pour aller la photocopieuse et se trémousse façon gogo-dancer, la machine à café en panne qui fait le bruit d’un moteur à réaction, le réparateur qui répare ladite machine tel un torero plantant ses dernières banderilles, la tentative de suicide d’un des salariés dans l’anonymat général, la workaddict qui sort au vu de tous sa bouteille de whisky, etc., etc… Que c’est lourd ! A se demander si on est dans un bureau ou un music-hall. A moins que ce soit l’objectif de grossir le trait. Peut-être, dans tous les cas, je suis passée à côté, même si le spectacle ne manque pas d’atouts : un très bon casting de comédiens, quelques scènes très bien chorégraphiées, une jolie bande son et un décor ultra soigné. Bref, si vous aimez l’humour burlesque à la Monty Python, allez-y. Sinon….
Le point de vue d’Elisabeth
Théâtre de Paris • 15 rue Blanche, 75009 Paris
Du mardi au samedi à 21h & dimanche à 15h30
Jusqu’au 12 juillet 2015
Crédit photos : Giovanni Cittadini Cesi