Samedi 9 novembre 1918. Deux soldats sont enterrés vivants au fond d’une tranchée. Roger, facteur de son métier, est blessé à la jambe; Théodore, agriculteur illettré, est aveugle depuis qu’il s’est fait gazer. Ensemble, ils vont tenter de survivre. Ils se racontent leur existence simple mais heureuse : l’un avec Célestine et leurs trois enfants, l’autre avec Clothilde sa fiancée et les siens. Surtout, ils se confient leurs souffrances d’être éloignés d’eux depuis tant d’années comme les réalités absurdes et abjectes de la guerre : les idéologies meurtries, l’exécution des déserteurs, la censure du courrier, la mort de leurs compagnons d’armes, la faim et la misère… Quatre ans d’une vie sans humanité, est-ce vraiment vivre ?
Un huis-clos étouffant et cruel né sous la plume sobre, émouvante et d’un rare talent de Gérard Pirodeau. Il parle avec sensibilité aussi bien du cœur et des corps des hommes blessés par les guerres. Qui mieux que lui-même pouvait en faire la mise en scène ? Là encore, il fait preuve d’un savoir-faire certain, quasi parfait. Quant à l’interprétation d’Alexis Smolen et de Kevyn Diana, elle est excellente. Le public est pris aux tripes comme à la gorge pendant toute la représentation, il est avec eux dans la boue et le froid de la tranchée. Un moment de théâtre d’une qualité trop rare pour le manquer. Il ne faut pas aller, IL FAUT COURIR au Théâtre du Gymnase voir 1914-1918 – Les trois derniers jours d’un facteur poilu.
Le regard d’Isabelle
LES TROIS DERNIERS JOURS D’UN FACTEUR POILU
Théâtre du Gymnase – Marie Bell, 38 boulevard Bonne Nouvelle, 75010 Paris
Le dimanche à 18h30 et le lundi à 20h.