LA DISPARITION DE JOSEF MENGELE – LA PÉPINIÈRE THÉÂTRE

♥♥♥♥ 1949 : Josef Mengele débarque à Buenos Aires. Caché sous une fausse identité, l’ancien médecin tortionnaire d’Auschwitz, surnommé « L’ange de la mort », croit pouvoir s’inventer une nouvelle vie après avoir envoyé près de quatre cent mille hommes, femmes et enfants dans les chambres à gaz entre 1943 et 1945. Protégé et soutenu par sa famille pendant près de quarante ans, Josef Mengele s’éteindra en 1979 sur une plage du Brésil, sans jamais avoir affronté la justice des hommes, ni celle de ses victimes.

Mikaël Chirinian a adapté pour la scène, le livre éponyme d’Olivier Guez (Éditions Grasset, Prix Renaudot 2017) qui conte l’errance de Josef Mengele pour tenter d’échapper à sa traque jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage du Brésil.

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LES FEMMES DE BARBE-BLEUE – THÉÂTRE DE BELLEVILLE

♥♥♥♥ « Derrière toute porte qu’on a peur d’ouvrir, toute question qu’on refuse de se poser, toute liberté à laquelle on accepte de renoncer, il y a une femme mise à mort par le prédateur en nous : La Barbe Bleue. » Clarissa Pinkola Estés
Qu’y a-t-il derrière cette porte que la cinquième épouse de Barbe-Bleue tremble d’ouvrir ? N’avons-nous pas toutes rêvé un jour de pousser la porte d’un endroit qui nous était interdit ? D’où vient cette curiosité qualifiée de « féminine » comme si c’était un intolérable défaut ? Et si c’était seulement l’envie d’explorer d’autres parts de nous-même, une pulsion de vie tout à fait légitime, et même nécessaire pour devenir une femme accomplie ?

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LES SUPPLIQUES – THÉÂTRE DE LA TEMPÊTE (vu au THÉÂTRE GÉRARD-PHILIPE. CDN DE SAINT-DENIS)

♥♥♥♥ Les suppliques désignent les centaines de lettres envoyées par des familles juives aux autorités de Vichy, le maréchal Pétain en tête, entre 1941 et 1944, pour échapper aux persécutions ou obtenir des informations sur des proches disparus. Certains prennent la plume pour éviter telle ou telle interdiction. D’autres espèrent que leur proche arrêté ou déporté pourra échapper à un sort qu’ils ne connaissent pas précisément mais qu’ils rattachent à un péril extrêmement angoissant. Ce faisant, beaucoup signent leur arrêt de mort en livrant leur identité et leur adresse.

Le Birgit Ensemble – à partir des lettres de Édith Schleifer, Gaston Lévy, Renée Haguenauer, Alice Grunebaum, Léon Kacenelenbogen et Charlotte Lewin – met en lumière autant l’imaginaire des victimes (le sentiment d’injustice de leurs auteurs qu’ils espèrent voir réparé, eux qui continuent d’avoir foi en l’État français) que la logique, hypocrite et délétère, du gouvernement de Vichy dont les réponses de l’administration sont systématiquement laconiques et sans appel : le Commissariat général aux questions juives dit devoir s’en remettre aux forces occupantes.

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TRANSFORMERS – PLATEAUX SAUVAGES

♥♥ Transformers semblait vouloir nous raconter la rencontre entre un coach de boxe et une jeune novice, le dépassement des corps, les transformations des enveloppes corporelles, la proximité́ des chairs et des sueurs, la violence qui se déploie le temps d’un round et qui se fige dès que la cloche retentit.

Transformers est née d’une commande du Théâtre de la Poudrerie à Sevran : créer un spectacle qui se jouerait aussi bien dans un appartement ou d’autres espaces non équipés. Sa thématique : le corps. Avant l’écriture, Amine Adjina rencontre avec une trentaine d’habitants de Sevran pour se nourrir, principalement des hommes et des femmes pratiquant la boxe anglaise pour mieux approcher ce que la pratique de ce sport avait modifié chez eux qu’ils soient boxeurs ou coachs. Parallèlement, il dirige un groupe d’habitants lors d’un atelier d’écriture autour de la notion du travail et comment les corps pouvaient s’y abîmer. Quel rapport avec les douleurs et les blessures sur un ring ? (Je suis dans l’incapacité de répondre à la question). Puis est venu le temps de l’écriture autour de la boxe anglaise : son imaginaire cinématographique (Rocky, Raging Bull, Champion…), ses monstres sacrés (Mohamed Ali…), les codes du langage du corps sur le ring, le dépassement de soi.

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LA TROUÉE – THÉÂTRE 13 GLACIÈRE

♥♥♥♥ La Trouée, c’est une carte postale tantôt tragique, tantôt comique, mais toujours énergique, des corps de ferme tenues par les femmes. C’est aussi l’histoire de Cécile qui recherche où se trouve son « chez-soi ». Revenant au pays, elle tente de répondre à la question : pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ? Tout au long de ce road trip rural, elle creuse des tunnels entre son passé dans le corps de ferme de sa grand-mère et les multiples ailleurs qu’elle découvre au fil de ses rencontres paysannes.

Cécile Morelle, d’origine picarde, en faisant dialoguer les histoires d’autres femmes avec la sienne, nous invite pour un road trip. « Mes origines paysannes, l’histoire familiale, la Picardie, le fait de grandir dans une zone rurale, dans un trou, dans un territoire que l’on nomme “désert culturel”. Ma grand-mère, Madeleine, n’est jamais partie de sa ferme, quand elle ouvre sa fenêtre, elle dit qu’elle voyage. C’est donc la première personne que je suis allée interviewer sur son lien au paysage et à son métier. » Une quarantaine de rencontres avec des agricultrices installées ou en devenir suivra. Au fil de son écriture, entre les paroles des femmes paysannes et sa propre histoire familiale, des récits du quotidien et des souvenirs se déploient. Tous les témoignages des « gens de peu » recueillis par Cécile Morelle « d’une banalité parfois déconcertante » composent une image complexe et sensible du monde rural dans toutes ses réalités : des paroles agricoles, des silences bavards et des paysages boueux.

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FESTIVAL OFF AVIGNON 2024 – L’ABOLITION DES PRIVILÈGES – THÉÂTRE DU TRAIN BLEU (vu THEATRE 13 BIBLIOTHÈQUE)

♥♥ Été 1789. Après la prise de la Bastille en juillet, lÉtat français, où les plus riches échappent à l’impôt, est en déficit chronique . Le régime est à bout de souffle, le peuple réclame justice mais ne voit rien venir. À Versailles, dans la nuit du 4 août, les députés de la jeune Assemblée nationale rédigent et votent un décret abolissant les privilèges accordés à la noblesse et au clergé, sans oublier ceux des provinces… Sera-t-il signé par le roi Louis XVI et mis en application dans l’ensemble du royaume de France ?

Après Je m’en vais mais l’État demeure, Hugues Duchêne, metteur en scène, et la compagnie Le Royal Velours présentent l’adaptation du roman historique de Bertrand Guillot L’Abolition des privilèges. Maxime Pambet incarne tour à tour une dizaine de députés (Duquesnoy, Delaville, Noailles, le Chapelier, de Kerangal et le jeune Talleyrand) dans un espace quadri frontal où siègent la noblesse, le clergé et le tiers état. Ces hommes (aucune femme n’étant alors admise dans le lieu) écriront une belle page d’histoire au cours d’une seule nuit : l’abolition de tous les privilèges (droits seigneuriaux, dîme (payée uniquement par les paysans à l’Église, privilèges des villes et des provinces, renoncement des charges administratives…) et le projet de la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

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FESTIVAL OFF AVIGNON 2024 – VIVE – THÉÂTRE DU TRAIN BLEU (vu à l’Atelier de la Comédie de Reims)

♥♥ Un jour, alors que la petite Anaïs Lacascade récite fièrement des vers de La Fontaine appris par cœur, son père pose pour la première fois la main sur elle. Vingt ans plus tard, devenue elle-même une jeune cheffe prometteuse, elle accuse Louis Lacascade, brillant représentant de la gastronomie étoilée, de l’avoir abusée sexuellement de ses 7 à 14 ans.

Tout au long d’un procès-fleuve, relayé par son avocat au verbe flamboyant et engagé, elle raconte. Au gré des témoignages de son entourage – famille, proviseure, psychiatre… –, on plonge dans l’enfance et l’adolescence d’Anaïs.

Un complexe engrenage se tisse autour de la jeune Anaïs : en grandissant, elle devient l’élue de son père en cuisine, il lui transmet son savoir-faire tout en étendant sur elle son emprise. Alors la passion pour la cuisine et l’amour familial se fondent dans les violences, indissociables. Anaïs se retrouve peu à peu isolée, coupée de ses figures refuges : sa mère, son grand-père pâtissier, la proviseure de son lycée…. Elle, qui aimait tant réciter de la poésie, devient mutique et agressive.

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