
♥♥♥ Dans le cadre du Centre de recherche et de création théâtrale de Pau, consacré au répertoire du XVIIe au XIXe siècle, le metteur en scène et scénographe Éric Vigner a revisité deux œuvres d’Alfred de Musset qu’il présente actuellement au Théâtre 14, souhaitant apporter au public un éclairage renouvelé sur son répertoire à la fois méconnu et complexe.
Avec Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, il signe une adaptation originale et brillante de cet adage d’Alfred de Musset en un acte, illustrant les atermoiements de l’amour. Cette joute verbale (et gestuelle, ici) entre deux personnages au faîte de leur maturité, une marquise et un comte, retenus ensemble dans le salon de la première entre deux orages, prend des accents contemporains grâce à une scénographie épurée et séduisante. Au fur et à mesure que la pièce avance et que leurs sentiments se dévoilent, les comédiens glissent sur la scène pour ouvrir et fermer en alternance de grands panneaux coulissants. Leurs silhouettes élégantes et stylisées se découpent en ombres chinoises sur un écran lumineux.
Moderne, la mise en scène l’est également par le parti pris d’Éric Vigner de tirer le jeu des acteurs vers la parodie, désamorçant le romantisme un peu daté du texte. Les deux comédiens évoluent comme des poupées articulées, tournoyant sur la scène et faisant des mimiques parfois outrées qui déclenchent le rire. Christèle Tual incarne à merveille les ambivalences de la marquise, forte de son statut social et de son ascendant sur les hommes, ironisant sur la déclaration d’amour du comte tout en le retenant dans un mouvement inverse. Face à elle, Thibault de Montalembert est parfait en amoureux transi, dont la vulnérabilité vacille au gré des caprices de la marquise. Leur échange à fleurets mouchetés ressemble à une chorégraphie qui alterne rapprochement et distanciation, sensualité et retenue.
Magnifié par de superbes éclairages, le spectacle a conquis le public de la première, qui a beaucoup ri. Pour prolonger votre immersion dans l’univers d’Alfred de Musset, ne manquez pas la deuxième pièce montée par Éric Vigner, toujours au Théâtre 14 : Il ne faut jurer de rien, que je chroniquerai prochainement pour Coup de théâtre.
Le billet de Véronique
IL FAUT QU’UNE PORTE SOIT OUVERTE OU FERMÉE
Théâtre 14
20, avenue Marc-Sangnier
74014 Paris
Jusqu’au 20 décembre
Durée : 1 h 05
Crédits photo : JM Ducasse



Merci, Véronique, pour ce commentaire très juste et qui rend bien compte du parti pris assumé de rire de la langue ampoulée du romantisme de l’époque… tout en nous en faisant apprécier la beauté.
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