♥♥♥ Dans le corps de Claire, trois maladies auto-immunes et inflammatoires ont élu domicile autour d’un même organe : le foie. Lorsqu’elle souhaite obtenir un prêt immobilier, elle doit assurer aux assurances qu’elle est en pleine forme, ne tombera pas malade et ne mourra jamais. Claire revisite alors son parcours médical épique, recherche dans sa propre histoire un élément déclencheur et raconte avec humour sa métamorphose en superhéroïne : Hépatik Girl.

Hépatik Girl, c’est l’histoire vraie du foie de Claire qui avait décidé, du jour au lendemain, de s’autodétruire. Elle mène vaillamment l’enquête pour comprendre le pourquoi du comment et trouver la cause de ses maladies auto-immunes. Et s’il n’y n’en avait pas qu’une seule ? Et si le dérèglement de ses organes était finalement l’effet de multiples facteurs, voire d’un dérèglement plus vaste à l’échelle de la planète ?

Rythmé, parlé, slamé, souvent drôle, parfois émouvant, jamais complaisant, le texte donne corps à de nombreux personnages hauts en couleur qui font avancer l’enquête : mère, médecins, grand-père, maîtresse, frère, professeure de théâtre… C’est à travers elles et eux que Claire tisse des liens vers les causes possibles et entremêlées de ses pathologies : génétique, infection, traumatisme, transgénéalogie, fragilité du microbiote intestinal, environnement… D’autres personnages, comme une banquière ou des assureurs, dans des scènes qui témoignent avec ironie de l’absurdité et de l’injustice d’un système déshumanisé, rappellent que la société n’aime pas les gens malades.

Marie-Claire Neveu, elle-même atteinte d’une maladie intestinale chronique de l’intestin, interprète cette pièce totalement décalée et engagée. Elle s’inspire de son vécu pour sensibiliser et alerter sur ces maladies taboues. Elle dénonce le fait qu’« être malade » peut devenir un argument de discrimination dans nos sociétés. Nous la suivons dans sa vie quotidienne : dans les cabinets du médecin traitant et de l’hépato-gastro-entérologue, en famille, au lycée, chez l’esthéticienne, dans des boîtes de nuits assourdissantes et colorées, ou à l’autre bout du monde.

Pour décor, un seul accessoire : un tabouret avec des pieds à roulettes comme on trouve dans les hôpitaux publics. Blanc. Froid. Inconfortable. Il symbolise l’attente, l’anxiété et l’incertitude nées des méandres d’une prise en charge de pathologies rares et fatales.

Le message porté par Hépatik Girl, écrit par Marie-Claire Neveu et Tatiana Gousseff est plus que d’actualité : il souligne l’urgence de préserver notre santé comme notre planète. Aussi, nous parlent-elles d’un corps qui grandit, avec et malgré des maladies silencieuses, détaillent à quoi le corps sensible est confronté socialement et intimement, questionnent les solutions thérapeutiques à une époque où on ne peut plus ignorer que la qualité de l’alimentation et l’environnement ont un réel impact sur notre santé. 

Le regard d’Isabelle

HÉPATIK GIRL

Prix Tournesol Avignon 2024 – Coup de cœur du jury

Théâtre des Béliers Parisiens (75) les Dimanches 2, 9, 16 et 23 Février à 20h 

Cournon d’Auvergne (63) La Baie des Singes 7 Fév 2025 – 20h33 

Caen (14) Théâtre à l’Ouest 26 Fév 2025 – 21h 

Auray (56) Théâtre à l’Ouest 26 Avr 2025 – 19h

Durée 1 h 15