Car/men – Théâtre libre

♥♥Revisiter le mythe de l’éternel féminin à travers le célébrissime opéra de Bizet, était un pari risqué que Philippe Lafeuille, talentueux créateur de Tutu et créateur de la compagnie Chicos Mambo, a tenté de relever en offrant, selon ses propres mots, une « fantaisie ibérochorégraphique ». L’excellence dans l’expression physique et dansée est toujours au rendez-vous, mais elle est malheureusement desservie par un manque de fil conducteur, qui donne l’impression de scènes additionnées les unes après les autres.

De l’esprit de Carmen, on ne retrouve que quelques fragments à travers la présence du chanteur, bien sûr, les costumes (de Corinne Petitpierre, magnifiques) et le décor. Le reste n’est qu’une accumulation de clichés : la bohémienne, la femme fatale, etc., personnages tous joués par des hommes comme il se doit.

Ce que j’avais apprécié dans Tutu, le sens du burlesque et de la parodie, vire ici à la lourdeur et à l’outrance, voire au grand-guignol. Les scènes dialoguées, notamment, ne sont pas toujours à la hauteur de la chorégraphie. À force de jouer la provoc’, le propos qui accompagne le spectacle devient clivant et finit par ridiculiser les danseurs dans leur représentation de la féminité comme de la celle de la virilité.

Restent de très beaux moments : la danse d’intro avec les costumes et le décor à gros pois, le solo du danseur qui joue avec le tulle rouge (voir l’affiche), le défilé très graphique sur un fond vidéo abstrait, la superbe danse de l’homme nu, dont le corps est comme sculpté par la lumière… Un grand bravo à la scénographie, toujours inspirée, et aux Chicos Mambo, excellents, que ce soit en groupe ou en solo.

Le billet de Véronique

CAR/MEN
Théâtre libre
4, bd de Strasbourg
75010 Paris

Jusqu’au 4 février 2024
Du mercredi au samedi à 19h, les dimanches à 16 h ou 19 h

Crédits photo : David Bonnet

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