♥♥♥Quelque part en France, une nuit de printemps. Elle, Emmanuelle, s’apprête à en finir avec la vie en sautant d’un pont. Lui, Guillaume, a le même projet au même moment. Leurs destins vont se croiser à cet instant T, leurs histoires se dérouler, leurs vies se confier. Pour mieux se découvrir et finalement écrire un nouveau chapitre de leur histoire ?
Partir d’une situation noire, dramatique, ubuesque. En prendre le contrepied, faire naître l’espoir, illustrer en creux la puissance salvatrice de la parole, la force du dialogue, source de vie et d’envie. Tel était le point de départ de Nicolas Dubois, l’auteur d’ « Un pont trop près » : « J’avais envie d’une histoire fondamentalement positive, envie de faire un doigt d’honneur à l’horreur, au désespoir », explique-t-il. Et le pari est assurément réussi. Cette comédie douce amère, à la fois cocasse et élégante, nous offre une belle palette d’émotions – entre tendresse, empathie, nostalgie – et nous surprend à nous laisser irrésistiblement embarquer dans l’histoire d’Emmanuelle, fragile mais résolue, l’histoire de Guillaume, plus fragile qu’il ne veut le montrer, en spectateur curieux de connaître leur passé, enthousiaste à l’idée que cela se finisse bien. Et la magie opère sans qu’on y prenne garde.
Sur le plateau, dans une mise en scène à l’économie, deux comédiens bien à leur affaire, Christel Wallois et Guillaume Destrem (sans oublier le jeune comédien Eliott Lobrot, très prometteur), généreux et convaincants, s’accordent en tous points. Tour à tour distants, engagés, perdus, enthousiastes, ils nous embarquent dans leur(s) histoire(s), toujours sur le fil, toujours au bord de la rupture. Voix posées, gestes justes servent les dialogues ciselés d’une histoire inclassable. Laissez le charme agir.
Signé Elisabeth
Théâtre Essaïon, 6 rue Pierre-au-Lard, 75004 Paris
Les lundis et mardis à 19 h – jusqu’au 30 mai 2023
Crédits photo : Jean Reynès
COUP DE THÉÂTRE 