♥♥♥Jan Martens, jeune chorégraphe flamand, repéré l’an dernier avec « Any Attempt Will End in Crushed Bodies and Shattered Bones » reçoit, cette année, les honneurs de la Cour d’honneur avec « Futur proche », un récit chorégraphique d’anticipation. Un spectacle d’une grande maîtrise et d’une beauté à couper le souffle même si le rythme et la densité émotionnelle s’essoufflent un peu en deuxième partie.

Sur l’immense plateau de la Cour, les danseurs viennent un à un ou par petit groupe s’installer sur un banc de bois XXL qui occupe le coeur de la scène. On se croirait un jour de répétition ordinaire devant l’indifférence quasi générale des 2 000 spectateurs, qui comprennent pourtant que le spectacle a commencé. Démarre alors un premier tableau chorégraphique d’une beauté à couper le souffle. Seul, par petit groupe ou dans un vaste mouvement collectif, les quinze interprètes d’âge et de corpulence différents, illutrent ce que pourrait être un futur idéal, à la fois serein, libre, fluide, d’une énergie folle merveilleusement accompagnés par la claveciniste polonaise virtuose Goska Isphording. C’est d’une beauté et d’une précision inouïe qui emporte tout sur son passage.

Pourtant, cette vision idéale n’aura qu’un temps, Jan Martens voulant dépeindre un futur plus noir où tout fout le camp, de la pandémie à l’épuisement des ressources naturelles. La deuxième partie du spectacle bascule alors vers un tableau plus lent, figé, baigné par l’obscurité (dommage!) qui malgré l’étonnante modernité musicale du clavecin et l’esthétisme des postures et de l’occupation générale du plateau, « casse » le rythme et rompt avec la beauté de la première demie-heure, que l’on cherche en vain à retrouver. Du grand art malgré tout et un spectacle qui confirme Jan Mertens comme l’un des chorégraphes les plus talentueux de sa génération.

Signé Elisabeth

Crédit photos : Christophe Raynaud de Lage