♥♥♥ Cette version de Hamlet, adaptée par Peter Brook et traduite par Jean-Claude Carrière et Marie-Hélène Estienne, restitue la force universelle du texte de Shakespeare sur les passions humaines. Elle nous donne à voir un prince du Danemark, écartelé comme chacun d’entre nous entre choix et fatalité, raison et folie. La limpidité de la mise en scène de Guy-Pierre Couleau permet de nous faire redécouvrir cette œuvre géniale et protéiforme : tragédie bien sûr, mais aussi satire sociale, politique, philosophique, comédie… tous genres dans lesquels Shakespeare excelle.

Dans un décor réduit à l’essentiel, les scènes s’enchaînent avec fluidité, mettant l’accent sur le jeu des acteurs. Leurs costumes contemporains enlèvent tout côté empesé à la pièce, ajoutant une touche de modernité bienvenue.

Saluons l’interprétation des huit comédiens. Avec son physique juvénile, Benjamin Jungers endosse avec brio le rôle-titre, insufflant à son personnage un subtil mélange de facétie et de mélancolie. De jeunes acteurs (Bruno Boulzaguet, Marco Caraffa…) interprètent ses proches, apportant à la pièce la fraîcheur de leur talent. Mention spéciale à Sandra Sadhardheen, dans le rôle d’Ophélie, qui exprime la folie de son personnage dans une originale séquence de danse contemporaine. Les autres acteurs ne sont pas en reste : Emil Abossolo Mbo est plein de faconde dans le rôle du conseiller Polonius, et Anne Le Guernec campe une mère ambivalente, emportée par sa passion pour le frère de son époux (joué par Nils Ohlund).

Grâce à la justesse de leur interprétation, on se laisse entraîner dans les profondeurs du texte, qui ne cesse de nous questionner sur le sens de notre destin et le jeu des apparences. Après tout, notre vie n’est-elle pas qu’un vaste théâtre où se livre la bataille des passions humaines ?

Le billet de Véronique

LA TRAGÉDIE D’HAMLET
Théâtre 13, 103 A, boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris

Jusqu’au 20 février
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 16 h

Crédit photo : Laurent Schneegans