
♥♥♥ Claude Granier a eu l’idée de transposer la Seconde guerre mondiale (1939-1945) à l’époque de Molière (XVIIe siècle), où la guerre franco-allemande est alors la guerre franco-prussienne, où les dirigeants sont des rois, les aristocrates ont des titres ; les serviteurs Mascarille et Sganarelle sont aussi espiègles que clairvoyants.
Apocalypse mon Amour, sous les abords naïfs de la comédie, aborde des thématiques politiques et philosophiques telles que la déportation, le nazisme, la collaboration comme la Résistance face à l’oppression. Dans un décor et des costumes du XVIIe siècle, cette période tragique est revisitée par Claude Granier dans un langage décalé, intelligent et souvent drôle ; la mise en scène de Bernard Belin est enlevée et originale ; le jeu des comédiens – Bernard Belin, Thibaut Corrion, Nicolas Moreau, Sophie Neveu – est juste et pétillant. Le tout est plein de sagesse avec une pointe de satire.
La transposition des évènements du XXe siècle à une époque antérieure était-elle nécessaire pour nous inviter à la réflexion sur l’éternel recommencement des mêmes évènements meurtriers au cours de l’Histoire d’un pays ? Néanmoins, le tout reste un excellent moment théâtral.
Le regard d’Isabelle
L’Archipel, 17 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris
Jusqu’au 23 octobre 2021 du jeudi au samedi à 19h00.
Crédit photos : Christine Coquilleau