♥♥♥♥ Après la réjouissante farce théâtrale et musicale Ah ! Félix (n’est pas le bon titre), quel plaisir de retrouver l’univers déjanté de Sonia Bester ! Cette fois, le propos est plus sérieux puisqu’elle nous parle de douleur, d’une douleur qu’elle a vécue dans son propre corps. Mais à sa manière si singulière, poétique et décalée.
Cette douleur s’exprime à travers les voix de trois personnages : deux femmes et un homme, qui racontent son long chemin du combattant pour faire entendre sa souffrance (une fesse droite, traumatisée à la suite d’un accouchement difficile). On rit beaucoup (si si !) face aux réactions saugrenues de son entourage et à l’impuissance des médecins, qu’ils soient issus de la médecine traditionnelle ou alternative (M. Ming et M. Mong ne sont pas sans nous rappeler les Dupond et Dupont d’Hergé !).
Mais au-delà de la douleur, l’auteure et metteuse en scène traite de questions essentielles comme la mort et les interrogations qu’elle suscite. Toujours avec cette poésie de l’absurde qui vise à dédramatiser le sujet. Ses trois interprètes (Flore Babled, Ava Hervier et Jean-Luc Vincent) se livrent à une originale polyphonie théâtrale et musicale. Comédie, chant ou mime, ils sont formidables dans tous les registres. Le tout est soutenu par les compositions musicales envoûtantes de Camille et son frère Simon Dalmais.
En première partie, et comme en contrepoint, la lecture Des mots sur les maux offre des témoignages croisés de patients et de soignants, à la fois drôles et sensibles sur la souffrance physique.
Si vous en avez l’occasion, courez voir ce spectacle dont la folie est contagieuse. Il vous fera à la fois rire et réfléchir sur des thèmes graves. Comme dirait Woody : « Je n’ai pas peur de la mort, mais quand elle se présentera, j’aimerais autant être absent. »
Le billet de Véronique
Théâtre du Garde-Chasse, 181bis, rue de Paris, 93260 Les Lilas (une représentation unique) le 19 novembre à l’Espace culturel André-Malraux (le Kremlin-Bicêtre) et le 8 avril 2022 au théâtre de Privas.
Crédits photo @Julie Moulier