HEDDA – THÉÂTRE DE BELLEVILLE

0x1200x24412-or♥♥♥ « On devrait se méfier des débuts ». Le ton est donné pour ce seul en scène sombre, dense et troublant qui parle de violence conjugale. L’histoire d’HEDDA, jeune femme timide, naïve, qui tombe amoureuse d’un homme séduisant. Vie de couple, naissance d’un enfant, le bonheur apparent avant le basculement dans la violence et les coups. Un monologue singulier, porté par une comédienne au charme indéfinissable : Lena Paugam.

Au début, c’est une belle histoire. Elle, Hedda, croise un soir le regard d’un homme charmant, sûr de lui, attirant. Commence une histoire, naît un enfant. Mais le conte de fée s’arrêtera vite, lorsque son succès professionnel à elle le rendra jaloux, quand la violence et l’humiliation s’insinueront dans le couple, quand les premières claques fouetteront ses joues, quand les premiers coups tomberont sur sa tête.  Malgré tout, Hedda reste. 

A mi chemin entre récit et théâtre, dans une mise en scène dépouillée à l’extrême qui fait résonner le texte, rien que le texte, la comédienne Lena Paugam, qui signe également la mise en scène, porte avec force et intensité ce récit troublant de Sigrid Carré-Lecoindre, inspiré de l’histoire vraie de Hedda Nussbaum à la fin des années 80. Au-delà des violences conjugales, HEDDA décrypte aussi les mécanismes de pouvoir et de domination au sein d’un couple, sans jamais prendre position ou donner de jugement mais seulement donner à entendre et inviter à libérer la parole des femmes. 

Interprétant alternativement 4 personnages (une narratrice, Hedda, son mari, l’enfant) qui offrent ainsi multiples points de vue à l’histoire, Lena Paugam navigue brillamment, malgré quelques anicroches, dans ce texte parfois compliqué et très écrit (un peu trop peut-être, seul bémol du spectacle). Ses inflexions sont justes, ses changements de rythme pertinents, ses postures physiques convaincantes. Je salue le talent de cette très bonne comédienne qui parvient à charrier toutes les émotions du récit, du bonheur émerveillé des débuts à la détresse d’une relation qui vacille. Elle est toujours sur le fil et c’est superbe. Ses tenues élégantes (pas si fréquent) confèrent charme et modernité au discours, une très belle bande-son ponctue joliment ce spectacle singulier. ♦  

Signé Elisabeth 

HEDDA

Théâtre de Belleville, 16 passage Pivert, 75011 Paris (metro Belleville)

Du mercredi au samedi à 19H, le dimanche à 15h

Relâches les 6 février, 1er et 5 mars

Jusqu’au 29 mars 2020 

Crédit photos : Pauline Le Goff 

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