♥♥♥♥ La pièce se passe un 17 octobre 2018 dans un vieil appartement de Nanterre. Mostefa a 77 ans et vit avec son fils Reda (57 ans) et sa petite fille Marie Myriam (18 ans), étudiante à Sciences-Po, féministe et militante. Depuis le départ de sa mère, il n’est pas rare qu’elle se dispute avec les deux hommes de sa vie : un conflit de générations et d’idées.

Ce soir là, Marie Myriam dont c’est le jour anniversaire, rentre de la manifestation commémorative des événements du 17 octobre 1961, où elle se rend chaque année. Comme à son habitude, son père la questionne sur le déroulé du cortège, et elle raconte. Le grand-père, lui aussi, se souvient, cette fois plus que toutes les autres… Ce soir là, l’histoire d’une famille se réécrit.

Le texte d’une force rare de Rachid Benzine, teinté d’humour et de tendresse, nous tient en haleine d’un bout à l’autre de la représentation. Bien entendu, il nous rappelle les évènements tragiques du 17 octobre 1961 qui ont eu lieu sur le Pont de Neuilly (Paris) mais aussi  les imaginaires et les représentations de chacun sur la France, l’Algérie, l’intégration, l’indépendance, le racisme, le monde capitaliste, les libertés… et les identités. Surtout, il met en lumière la puissance réparatrice et libératrice de la mémoire comme de la parole. La sobre mise en scène de Mounya Boudiaf donne corps et vie à ces évènements passés, les ressentis, les silences, les oublis, les blessures. Le tout est servi par une interprétation époustouflante de vérité et de force : Hammou Graïa, Lisa Hours et Xavier Thiam sont tous trois absolument excellents.

Née un 17 octobre, un spectacle à voir, que l’on s’intéresse ou non à la guerre d’Algérie, pour faire œuvre de mémoire afin de ne pas oublier tous ces morts pour la France et l’Algérie, de part et d’autre de la Méditerranée. ♦

Le regard d’Isabelle

THÉÂTRE LA FACTORY, 4 rue Bertrand – 84000 Avignon 

Durée : 1h10